RAMALLAH: Le ministre palestinien de la Justice, Mohammed al-Shalaldeh, fait porter à Israël l’entière responsabilité de l’assassinat de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh. Il affirme que ce meurtre prémédité constitue un crime de guerre.
La journaliste a été abattue d’une balle dans la tête mercredi matin lors d’un raid militaire israélien dans la ville cisjordanienne de Jénine.
Six jours après qu’Israël a nié toute responsabilité de ses soldats, un officier des forces de défense israéliennes déclare à Haaretz qu’un soldat israélien aurait tiré sur la journaliste, ce qui aurait conduit à sa mort.
Cet officier ajoute que le soldat israélien était assis dans un véhicule de l’armée et qu’il était armé d’un fusil doté d’un objectif télescopique. Il aurait tué la journaliste à 190 mètres de distance.
CONTEXTE
Le procureur général palestinien a demandé une autopsie du corps de la journaliste Shireen Abu Akleh afin de déterminer la cause de son décès et de recueillir tout élément de preuve permettant d’identifier le coupable de ce crime.
Le soldat a prétendu lors de son interrogatoire qu’il ne savait pas qu’il avait tiré sur Abu Akleh dans la mesure où il ne l’avait pas vue et qu’il ne connaissait pas, d’ailleurs, son identité.
Le ministre déclare: «Que celui qui a tiré sache que ce projectile est désormais en notre possession. Nous ne participerons pas à cette enquête aux côtés des Israéliens, parce que nous disposons également de la souveraineté sous l’occupation israélienne. Nous ne permettrons pas la mise en place d’une enquête conjointe compte tenu des nombreuses mauvaises expériences similaires avec la puissance occupante.»
Il indique en outre que l’examen de la balle nécessiterait du temps en raison de la nature des enquêtes médico-légales.
«Les experts en la matière prennent toutes les mesures légales, mais, en principe, les preuves judiciaires montrent que le projectile provient des soldats de l’occupation israélienne», précise le ministre.
La chaîne de télévision israélienne Canal 12 rapporte que les États-Unis avaient demandé à Israël des précisions au sujet de l’enquête sur la mort de la journaliste, une citoyenne américano-palestinienne.
Le procureur général palestinien a demandé une autopsie du corps de la journaliste Shireen Abu Akleh afin de déterminer la cause du décès et de recueillir tout élément de preuve permettant d’identifier le coupable de ce crime.
Le 12 mai, l’institut de médecine légale de l’université nationale An-Najah de Naplouse a révélé que la journaliste n’avait aucune chance de survivre après le coup de feu, même avec une intervention médicale.
Le Dr Rayan al-Ali, directeur de l’institut, affirme que la balle a entraîné une lacération complète du cerveau et du crâne.
Il indique que la distance du tir n’a toujours pas été déterminée avec précision. «Tout ce que nous pouvons dire aujourd’hui, c’est que la distance est supérieure à un mètre, ce qui signifie que le tir provenait d’une source éloignée», explique-t-il.
Il ajoute que les médecins ont trouvé un projectile mutilé: «La taille de la plaie nous donne des informations sur la nature de l’arme utilisée. Nous pouvons déduire qu’il s’agit d’une arme longue à grande vitesse.»
Le Dr Al-Ali souligne qu’il est impossible de divulguer d’autres informations pour le moment.
Le directeur du bureau d’Al Jazeera à Ramallah, Walid al-Omari, confirme le rôle des forces d’occupation dans la mort de la journaliste, lors d’un discours prononcé devant l’hôpital universitaire An-Najah à Naplouse.
Des témoins directs, des collègues journalistes et des civils présents au moment des faits affirment également que les coups de feu provenaient des forces de défense israéliennes.
M. Al-Omari affirme: «Il s’agit d’un crime prémédité et d’un assassinat sur le terrain. Les journalistes, y compris Shireen, portent une veste qui les protège et permet de les repérer facilement. Les tirs étaient délibérés.»
Une enquête interne menée par les forces de défense israéliennes révèle qu’un tireur d'élite israélien de l’unité spéciale de Dovdovan avait tiré à travers un trou dans son véhicule militaire blindé, prenant accidentellement la journaliste pour cible.
«L’enquête de l’armée est partielle. Les autorités ont donc demandé à récupérer la balle en raison de sa grande importance scientifique. L’examen de la balle leur permettra de confirmer si elle a été tirée par un fusil israélien ou non israélien», déclare un expert israélien de la défense, dans un entretien accordé à Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com