Vague de condamnations après la fusillade de deux journalistes palestiniens par les forces israéliennes

Une palestinienne tient une photo de Shireen Abu Akleh, le 11 mai 2022 à Ramallah (Photo, AFP).
Une palestinienne tient une photo de Shireen Abu Akleh, le 11 mai 2022 à Ramallah (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 13 mai 2022

Vague de condamnations après la fusillade de deux journalistes palestiniens par les forces israéliennes

  • Les États-Unis qualifient ce meurtre d’«affront à la liberté des médias»
  • L’armée israélienne a d’abord tenté de semer le doute sur les auteurs du meurtre de la journaliste

RAMALLAH: Mercredi, après le meurtre d’une journaliste américano-palestinienne chevronnée en Cisjordanie occupée, Israël a fait face à une vague d’indignation internationale et à des demandes d’enquête indépendante.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit «consterné» par le meurtre, mercredi, de Shireen Abu Akleh, journaliste d’Al-Jazeera, et a appelé «les autorités compétentes à mener une enquête indépendante et transparente sur cet incident et à veiller à ce que les auteurs soient tenus pour responsables».
Shireen Abu Akleh, 51 ans, est morte après avoir reçu une balle dans la tête alors qu'elle couvrait une opération de l’armée israélienne dans les environs du camp de réfugiés de Jénine.

Des enfants palestiniens portent des bougies et des photos de Shireen Abu Akleh, journaliste d’Al-Jazeera tuée dans la ville de Gaza, le 11 mai 2022 (Photo AP).


Son producteur, le journaliste palestinien Ali Samoudi, a été hospitalisé après avoir reçu une balle dans le dos. Son état était stable.
Dans un premier temps, Israël a imputé la responsabilité de la fusillade à des tireurs palestiniens. «Il semble probable que des Palestiniens armés, qui ont ouvert le feu sans discernement à ce moment, sont responsables de la mort malheureuse de la journaliste», a déclaré Bennett dans un communiqué.
Cependant, lorsque des témoins se sont manifestés et que des vidéos de l’incident ont été diffusées, Israël s’est ravisé. «À ce stade, nous ne pouvons pas déterminer qui a tiré sur elle et nous regrettons sa mort», a indiqué le chef de l’armée, le lieutenant-général Aviv Kochavi.
Abu Akleh, qui est née à Jérusalem mais qui détenait également la citoyenneté américaine, travaillait pour la chaîne Al-Jazeera au Qatar. Elle était un visage respecté et familier au Moyen-Orient, connue pour sa couverture des dures réalités de l’occupation militaire israélienne depuis qu’elle a rejoint la chaîne en 1997.
Samoudi, qui a survécu à ses blessures, raconte à Arab News qu’au moment de la fusillade, aucun tireur palestinien n’était présent dans la zone. Les journalistes étaient munis de leurs appareils photo et vêtis de gilets pare-balles sur lesquels le mot «presse» était apparent. Samoudi a précisé qu’il n’y avait aucun piéton dans la rue, ajoutant qu’il n’y a pas eu d’échange de tirs et qu’aucune pierre n’a même été lancée en direction des troupes.
Les soldats israéliens ont «soudainement ouvert le feu sur eux», ajoute-t-il. «Ils ne nous ont pas demandé de partir et ils ne nous ont pas demandé de nous arrêter. Ils ont tiré sur nous. Une balle m’a touché et une autre a touché Shireen. Ils l’ont tuée de sang-froid.»
De nombreuses vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux montrent également l’absence de toute forme de violence précédant les tirs ayant visé les journalistes.

Des Palestiniens se heurtent aux forces de sécurité israéliennes lors d’une manifestation condamnant la mort de Shireen Abu Akleh à Jérusalem-Est (Photo, AFP)


D’après l’Institut palestinien de médecine légale à l’université nationale An-Najah à Naplouse, le résultat de l’examen post-mortem prouve qu’elle a été touchée par une balle explosive qui a pénétré dans sa tête et l’a tuée sur le coup.
L’Institut a confirmé que la balle avait causé des lacérations importantes au cerveau et au crâne, et que l’arme utilisée était de gros calibre. La balle déformée est actuellement analysée en laboratoire afin de déterminer l’arme qui l'a tirée.
Les forces militaires israéliennes prennent largement pour cible les journalistes palestiniens, en leur tirant dessus, en les tuant, en les blessant, en les arrêtant ou en les battant, et en détruisant souvent leur matériel.
La police israélienne a pris d'assaut une foule en deuil qui s'était rassemblée à la maison d'Abu Akleh à Beit Hanina, au nord de Jérusalem. Les forces de l’ordre ont ordonné aux manifestants de cesser d’entonner des chants partisans et de brandir des drapeaux palestiniens.
À New York, l’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a qualifié la mort d’Abu Akleh de «vraiment horrible» et a réclamé une enquête transparente. Elle a assuré que la protection des citoyens et des journalistes américains était leur «priorité absolue».
L’ambassadrice a mentionné qu’Abu Akleh avait réalisé «une interview extraordinaire» avec elle en Cisjordanie en novembre dernier. «J’en suis ressortie avec un sentiment de respect extraordinaire pour elle», se souvient-elle.
Le haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme exige une enquête «indépendante et transparente sur son décès». «L’impunité doit cesser», déclare-t-il.
La Maison Blanche a également appelé à une enquête approfondie. «Il est primordial d’enquêter sur les attaques contre les médias indépendants et de poursuivre les responsables», a déclaré la secrétaire de presse adjointe, Karine Jean-Pierre.
L’ambassadeur de Palestine auprès des Nations unies, Riyad Mansour, accompagné des représentants de la Ligue arabe et du groupe arabe à l’ONU, a lui aussi demandé une enquête internationale indépendante.

Les forces de sécurité israéliennes arrêtent un Palestinien à Jérusalem-Est, le 11 mai (Photo, AFP).


L’UE exige une enquête «indépendante» sur les circonstances de son décès, tandis que Thomas Nides, l’ambassadeur américain en Israël, a réclamé une «enquête approfondie» sur le meurtre de la journaliste.
Le département d’État américain a qualifié sa mort d’«affront à la liberté des médias».
L’Autorité palestinienne a indiqué quant à elle tenir Israël pour «responsable» du décès d’Abu Akleh.
Le gouvernement qatari, qui finance Al-Jazeera, a condamné le meurtre «avec la plus grande fermeté».
La Ligue arabe a également condamné la fusillade, imputant à son tour la responsabilité à Israël. Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a qualifié ce meurtre de «crime odieux».
«C’est avec le cœur lourd que nous pleurons la mort d'une héroïne des médias et d'une icône de la presse nationale. La martyre Shireen Abu Akleh a été tuée par les balles des soldats de l’occupation alors qu'elle accomplissait son devoir de journaliste pour documenter les crimes odieux commis par les soldats de l’occupation contre notre peuple», a déclaré le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh.
«Celle qui rapportait les informations est à son tour devenue un feuilleton», était le hashtag le plus répandu sur les réseaux sociaux après le meurtre de la journaliste.
Par ailleurs, l’armée israélienne a abattu mercredi un jeune Palestinien de 16 ans dans la ville d’Al-Bireh, en Cisjordanie. Selon le ministère palestinien de la Santé, le garçon est décédé après avoir reçu une balle directement dans le cœur alors qu’il se trouvait près de son école.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël accuse la Finul d'avoir abattu un de ses drones au Liban

Ci-dessus, un véhicule blindé de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passe devant des bâtiments détruits le long d'une route dans le village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, le 27 août 2025. (AFP)
Ci-dessus, un véhicule blindé de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passe devant des bâtiments détruits le long d'une route dans le village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, le 27 août 2025. (AFP)
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  • L’armée israélienne accuse la Finul d’avoir abattu un de ses drones de renseignement dans le sud du Liban, alors que l’accord de cessez-le-feu limite les forces dans la zone aux Casques bleus et à l’armée libanaise
  • La Finul affirme que le drone israélien a survolé ses patrouilles de manière agressive et que ses contre-mesures défensives étaient nécessaires ; aucune victime n’a été signalée

Jérusalem: L'armée israélienne a accusé lundi la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) d'avoir abattu l'un de ses drones de renseignement dans le sud du Liban.

La Finul oeuvre avec l'armée libanaise à l'application de l'accord de cessez-le-feu ayant mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, dont deux mois de guerre ouverte.

L'armée israélienne occupe toujours cinq positions dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël, et mène régulièrement des frappes sur le territoire libanais en affirmant viser le Hezbollah, malgré l'accord.

"Une première enquête suggère que les forces de la Finul ont délibérément tiré sur le drone et l'ont abattu", a écrit sur X le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l'armée, en annonçant l'ouverture d'une enquête.

Selon lui, "l'activité du drone ne représentait aucune menace pour la Finul. Après la destruction du drone, les troupes israéliennes ont largué une grenade vers la zone où le drone est tombé".

Dimanche, la Finul a affirmé dans un communiqué qu'"un drone israélien a survolé l'une de (ses) patrouilles de manière agressive. Les Casques bleus ont appliqué les contre-mesures défensives nécessaires pour neutraliser le drone".

Elle a plus tard indiqué qu'"un drone israélien s'est approché d'une patrouille de la Finul opérant près de Kfar Kila et a largué une grenade". "Quelques instants plus tard, un char israélien a tiré en direction des Casques bleus", a-t-elle ajouté sans faire état de victime.

"Il convient de souligner qu'aucun tir n'a été dirigé contre les forces de la Finul", a dit Nadav Shoshani.

En septembre, la Finul avait affirmé que des drones israéliens avaient largué quatre grenades près de ses positions dan le sud du Liban, Israël affirmant alors qu'il n'y avait eu "aucun tir intentionnel" contre la mission de l'ONU.

Aux termes de l'accord de cessez-le-feu, seules l'armée libanaise et la Finul doivent être déployées dans le sud du Liban.


Trois morts dans des frappes israéliennes au Liban

Des personnes inspectent l'épave d'un véhicule visé par une frappe israélienne dans le village de Haruf, dans le sud du Liban, le 25 octobre 2025. (AFP)
Des personnes inspectent l'épave d'un véhicule visé par une frappe israélienne dans le village de Haruf, dans le sud du Liban, le 25 octobre 2025. (AFP)
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  • Trois personnes, dont deux membres présumés du Hezbollah, ont été tuées dimanche dans des frappes israéliennes au Liban, notamment à Naqoura et dans la région de Baalbek, malgré un cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre 2024
  • La FINUL a dénoncé des violations israéliennes après qu’un drone et un char ont visé une de ses patrouilles, tandis qu’Israël affirme frapper pour empêcher le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaires

BEYROUTH: Trois personnes ont péri dimanche dans des frappes israéliennes au Liban, ont indiqué les autorités libanaises, l'armée israélienne affirmant avoir tué deux membres du Hezbollah dans l'est et le sud du pays.

Depuis jeudi, 11 personnes ont péri dans les raids aériens israéliens au Liban, malgré un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais entré en vigueur fin novembre 2024 après une guerre ouverte. Le Hezbollah est sorti très affaibli de ce conflit.

"Une frappe israélienne sur un véhicule a fait un mort à Naqoura (sud)", a indiqué le ministère libanais dans un communiqué avant de faire état d'un autre mort dans une frappe dans la région de Baalbek (nord-est).

Plus tard dans la journée, le ministère a annoncé une nouvelle frappe israélienne dans la région de Baalbek, qui a "coûté la vie à un Syrien".

Il n'a pas fourni d'autres précisions sur ces trois morts.

En Israël, l'armée a affirmé avoir ciblé et "éliminé le terroriste Ali Hussein Al-Moussawi, un trafiquant d'armes pour l'organisation terroriste du Hezbollah, dans la région de la Békaa", dans l'est du Liban.

Elle a aussi indiqué avoir "visé dans une frappe le terroriste Abed Mahmoud Al-Sayyed à Naqoura", qu'elle a accusé d'avoir "participé aux tentatives du Hezbollah de reconstituer ses capacités militaires dans la région".

De son côté, la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), déployée dans le sud du pays, a affirmé qu'"un drone israélien s'est approché d'une de (ses) patrouilles près de Kfar Kila et a largué une grenade".

"Quelques instants plus tard, un char israélien a tiré en direction des Casques Bleus", a-t-elle ajouté dans un communiqué sans faire état de victime. "Ces actions des forces israéliennes (...) constituent une violation de la souveraineté du Liban."

Malgré le cessez-le-feu, l'armée israélienne mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser le mouvement pro-iranien pour l'empêcher, selon elle, de reconstruire ses infrastructures détruites durant la guerre.

Israël continue en outre d'occuper cinq positions dans le sud du territoire libanais, alors que l'accord de cessez-le-feu prévoit son retrait du Liban ainsi que celui du Hezbollah.

Selon l'accord, seules l'armée libanaise et la Finul doivent être déployées dans le sud du pays.

Sous la forte pression des Etats-Unis, l'armée libanaise a élaboré un plan visant à désarmer le Hezbollah, en commençant par le sud du pays, frontalier du nord d'Israël.

Le mouvement libanais refuse de désarmer.


Des mouvements palestiniens d'accord pour la gestion de Gaza par un comité indépendant de technocrates

Des Palestiniens marchent à travers les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, vendredi. (AP)
Des Palestiniens marchent à travers les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, vendredi. (AP)
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  • Réunis au Caire sous médiation égyptienne, le Hamas, le Fatah et d'autres factions palestiniennes ont convenu de confier provisoirement la gestion de Gaza à un comité indépendant de technocrates, à la suite du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre
  • Les groupes ont également annoncé leur volonté de relancer l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme représentant légitime du peuple palestinien, marquant une étape vers une possible réconciliation politique entre le Hamas et le Fatah

LE CAIRE: Des mouvements palestiniens réunis au Caire, dont le Hamas, se sont mis d'accord vendredi, dans un communiqué commun, pour remettre provisoirement la bande de Gaza à un comité indépendant de technocrates à la suite de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre et parrainé par Donald Trump.

Selon le document publié sur le site du Hamas, les différents groupes palestiniens ayant participé aux discussions ont convenu de la mise en place d'un "comité palestinien temporaire composé de résidents indépendants +technocrates+ (...) chargé de gérer les affaires de la vie et les services essentiels".

Les groupes palestiniens se sont aussi mis d'accord sur une stratégie nationale visant à "revitaliser l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en tant que seul représentant légitime du peuple palestinien". Le Hamas ne fait pas partie de l'OLP.

Des délégations du Hamas et de son rival, le Fatah, s'étaient réunies jeudi en Egypte pour évoquer les dispositions à prendre après la guerre à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des pourparlers.

Les deux mouvements entretiennent une rivalité politique ancienne, qui a souvent freiné les efforts de réconciliation nationale palestinienne.

Médiatrice de longue date dans le conflit israélo-palestinien, l'Egypte a accueilli ces réunions dans le cadre d'une initiative plus large visant à favoriser un consensus autour du plan de cessez-le-feu.

En parallèle des discussions entre le Hamas et le Fatah, le chef du renseignement égyptien, Hassan Rashad, a rencontré de hauts responsables d'autres factions palestiniennes, dont le Jihad islamique, allié du Hamas, ainsi que le Front démocratique (FDLP) et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Ces deux dernières formations marxistes sont membres de l'OLP.

En décembre 2024, le Hamas et le Fatah avaient annoncé un accord pour créer un comité visant à gérer la bande de Gaza après la guerre contre Israël. L'accord avait été critiqué notamment par des membres du Fatah.

Par la suite, plusieurs responsables politiques palestiniens ont évoqué la création du comité de gestionnaires non affiliés en charge d'administrer le territoire où le Hamas avait pris le pouvoir par la force en 2007.

Le Hamas a déjà fait savoir qu'il ne tenait pas à gouverner Gaza, ravagée par deux ans de guerre.

Le président américain Donald Trump a de son côté évoqué un "conseil de la paix" qu'il pourrait présider pour piloter l'après-guerre à Gaza.