PARIS: Romantique et engagé, souvent les deux en même temps: le chanteur franco-congolais Dadju a connu une ascension fulgurante ces cinq dernières années, en prêchant l'amour vrai et l'émancipation de la femme en musique ou à l'écran.
Dadju vient d'avoir 31 ans et « essaie de dormir quand il peut ». Son petit dernier né en février ne le ménage pas, son agenda surchargé d'artiste non plus.
Un premier film d'abord, « Ima », sort mercredi dans les salles de cinéma françaises. Puis un troisième album, « Cullinan », est attendu deux jours plus tard par des millions de fans.
« C'est pas tout le temps évident! Mais je fais ce que j'aime », s'amuse Dadju, voix posée et rire facile, lors d'une rencontre avec l'AFP début mai.
Comme son grand frère Gims, d'abord star du groupe Sexion d'Assaut puis star tout court, Dadju Djuna Nsungula de son nom complet, débute sous le label Wati-B. Son titre « Rêver », en duo avec le rappeur Abou Tall, le révèle au grand public dès 2013.
« Prince Dadj » se lance en solo en 2017, et passe d'un rap positif à un style plus R'n'B. « De miel » mais pas mielleuse, sa musique fait résonner aussi bien des textes romantiques que des appels à l'émancipation de la femme, parfois les deux en même temps.
Des mots qu'il traduit en actes: son association « Give back Charity » vient en aide aux victimes de violences conjugales au Congo depuis 2019.
« C'est toujours un peu délicat de parler de ces tragédies, j'essaie la plupart du temps d'en parler avec mes armes à moi, mes réseaux sociaux, car j'ai énormément de gens qui me suivent, j'essaie de mettre ça dans ma musique (...), je préfère t'expliquer les choses en passant par ce que tu aimes », développe l'artiste.
« Gentleman »
Dans son premier album sorti en 2017 et certifié disque de diamant un an après (500 000 ventes, physiques, streaming et téléchargement), Dadju est le « Gentleman 2.0 ». « Reine » est une ballade célébrant une femme forte et libre, « Bob Marley » étrille celles qui font la courses aux « likes » sur les réseaux sociaux. Les deux titres, parmi ses plus gros hits, ont été joués plusieurs centaines de millions de fois sur YouTube.
« J'aime beaucoup mettre un univers dans chaque album, avoir un monde propre à ce projet », expose le chanteur. Deux ans plus tard, « Poison ou Antidote », également certifié diamant, voit le jour: un double disque empreint de dualité, entre amour perdu et désir de retrouvailles.
Toujours en quête de défis, ce bourreau de travail a vu les choses en grand pour son retour en 2022. Alors qu'il planche sur son prochain album, pensé comme une succession d'histoires courtes, « une idée, plus une idée, plus une idée, qui devenaient un scénario... je me suis dit: ‘pourquoi pas faire une folie et tenter le long-métrage?’ », se remémore Dadju.
« Ima », autant romance que tribune en faveur des droits de la femme en Afrique, naît d'une collaboration avec le réalisateur Nils Tavernier. L'histoire se déroule à Kinshasa en RDCongo, autre pays de cœur de Dadju, et suit Ima, une jeune femme harcelée (Karidja Touré, révélée dans « Bande de filles ») par un entrepreneur véreux.
« Même si je fais passer ça pour du divertissement, c'est vraiment pour que les gens prennent l'habitude d'être sensibilisés » à ces questions.
Son nouvel album, « Cullinan », s'inscrit dans la continuité de ces combats. Sans oublier les rythmes endiablés aux sonorités africaines qu'il apprécie tant, à l'image du titre « Toko toko ».
Le chanteur, parmi les artistes français les plus écoutés sur Spotify (4 millions d'auditeurs par mois) et YouTube (2,6 milliards de vues), enchaînera avec une tournée américaine, et un grand concert au Parc des Princes à Paris le 18 juin.
Comment fait-il pour tenir la distance ? « Je reste concentré », sourit-il. « Il faut faire ce qu'on a à faire tant qu'on peut (...) et moi, je n'aime pas regretter. »