Fin de semaine décisive pour la Finlande et la Suède sur l'Otan

Une photo prise le 28 avril 2022 au Parlement européen à Bruxelles montre un drapeau de l'OTAN et les étoiles de l'Union européenne. (AFP)
Une photo prise le 28 avril 2022 au Parlement européen à Bruxelles montre un drapeau de l'OTAN et les étoiles de l'Union européenne. (AFP)
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Publié le Mardi 10 mai 2022

Fin de semaine décisive pour la Finlande et la Suède sur l'Otan

  • En Finlande comme en Suède, la guerre initiée par Moscou en Ukraine a fait complètement basculer l'opinion publique, jusque-là très partagée
  • L'adhésion de la Finlande doublerait aussi la frontière terrestre de l'Otan avec la Russie, la portant à environ 2 600 kilomètres

 

STOCKHOLM: La Finlande et la Suède arrivent à l'heure des choix pour leurs probables candidatures à l'Otan, avec une officialisation attendue dans les prochains jours, a minima côté finlandais.


Moins de trois mois après l'invasion de l'Ukraine, les deux pays nordiques se retrouvent aux portes de l'alliance militaire occidentale, en quête de son parapluie de sécurité - notamment des Etats-Unis - face à la menace russe.


"Il est sûr à 100% que la Finlande va être candidate, et assez probable qu'elle soit membre d'ici la fin de l'année", affirme à l'AFP Charly Salonius-Pasternak, chercheur à l'Institut finlandais des affaires internationales.


En Finlande comme en Suède, la guerre initiée par Moscou en Ukraine a fait complètement basculer l'opinion publique, jusque-là très partagée.
 

Ce qu'il faut savoir sur la possible adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Otan

Après des années à l'écart des alliances militaires, la Suède et la Finlande se préparent à une possible candidature à l'Otan pour tenter de dissuader leur voisin russe de les agresser, après l'invasion de l'Ukraine.

Un tournant historique  

Pendant des décennies, la plupart des Suédois et des Finlandais ont été attachés à leur longue politique de non-alignement militaire. 


Mais l'invasion de l'Ukraine le 24 février a marqué un tournant drastique, notamment pour la Finlande qui partage une frontière de près de 1 300 kilomètres avec la Russie. 


Alors que le soutien à une intégration tournait autour de 20 à 30% depuis 20 ans, les derniers sondages suggèrent aujourd'hui que plus de 70% des Finlandais et 50% des Suédois soutiennent une adhésion.


Dans les deux pays, de nombreux partis ont ou sont en train de changer de position sur la question. Au Parlement finlandais, une très nette majorité en faveur de l'adhésion se dessine. En Suède, le parti social-démocrate, historiquement opposé à l'Otan, doit se prononcer entre le 15 et le 24 mai, tandis que l'opposition de droite pousse pour l'adhésion.

Neutralité et non-alignement

Cédée par la Suède à la Russie en 1809, la Finlande proclame son indépendance de la Russie à l'occasion de la révolution bolchévique de 1917.


Envahie par l'Union soviétique en 1939, le pays résiste vaillamment lors des trois mois de la Guerre d'Hiver. Après la reprise du conflit en 1941, la Finlande est contrainte à un armistice après trois ans de combats.


Au terme d'un traité "d'amitié" signé en 1948 sous la pression de Moscou, les dirigeants finlandais acceptent de rester en dehors de la coopération militaire occidentale dans une forme de neutralité forcée restée dans l'histoire sous le nom de "finlandisation".


Le pays échappe au rang d'Etat satellite de l'URSS, mais reste sous l'oeil de Moscou sur sa politique étrangère et militaire.


Après la chute de l'Union soviétique, la Finlande adhère à l'Union européenne (1995) et au Partenariat pour la paix de l'Otan, mais reste officiellement militairement non-alignée. 


La Suède, elle, a maintenu pendant près de deux siècles une politique officielle de neutralité héritée de la fin des guerres napoléoniennes, notamment durant les deux guerres mondiales.


Si elle a participé à des missions militaires en Afghanistan ou plus récemment au Mali, le pays n'a pas été en guerre depuis un conflit en 1814 avec la Norvège.


Dans les années 1990, sa politique de neutralité est amendée en un non-alignement militaire "visant à permettre" la neutralité en cas de guerre.


Tout en restant en dehors de l'Otan, les deux pays ont tissé des liens toujours plus étroits avec l'alliance, qui les considère désormais comme les deux Etats non-membres les plus proches.


Les deux pays ont ainsi participé à des missions menées par l'Otan dans les Balkans, en Afghanistan et en Irak, ainsi qu'à de nombreux exercices conjoints.

Armée: réserves massives en Finlande, réinvestissement en Suède

Durant la Guerre froide, Suède et Finlande consacrent d'importants moyens (4 à 5% de leur PIB) à leurs armées, conséquence de leur absence d'alliés militaires.


Avec la disparition de la menace soviétique, toutes deux réduisent leurs crédits, mais la Finlande maintient un recours massif au service militaire et aux réservistes.


Avec ses 5,5 millions d'habitants, la Finlande peut ainsi compter sur une armée en temps de guerre de 280.000 soldats aptes au combat, plus 600.000 autres réservistes, une force exceptionnelle pour une nation européenne. 


L'armée professionnelle ne compte toutefois que 12.000 soldats, même si elle forme 21.000 conscrits chaque année.


La Suède a elle davantage désinvesti, passant de 2,6% du PIB en 1990 à 1,2% en 2020. Mais le pays a commencé à inverser la tendance après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014.


Le service militaire obligatoire, supprimé en 2010 a été réintroduit en partie en 2017. Actuellement, l'armée suédoise compte quelque 50 000 soldats. 


Les deux pays ont annoncé d'importants investissements militaires depuis le début de la guerre en Ukraine. 

Selon un sondage lundi de la télévision publique Yle, 76% des Finlandais sont désormais favorables à rejoindre l'Otan - un record - contre à peine 20-30% ces dernières années.


Après des semaines d'intenses consultations intérieures et internationales, les signes d'une annonce imminente se sont multipliés ces derniers jours dans les deux pays.


En Suède, le parti social-démocrate au pouvoir, dont un feu vert assurerait une nette majorité au Parlement pour l'adhésion, a fait savoir qu'il ferait connaître sa décision dès ce dimanche. Soit une dizaine de jours plus tôt que prévu initialement.


Même si Stockholm se montre plus hésitant qu'Helsinki, pour Elisabeth Braw, experte de la défense des pays nordiques à l'American Enterprise Institute, la Suède va bien candidater et le fera "très probablement" conjointement avec son voisin.


Prise de court par la vitesse finlandaise, la Suède - habituée à longuement peser le pour le contre - a aussi intérêt à suivre le rythme, aussi parce que l'armée russe est à la peine sur le front ukrainien.

«Timing parfait»
"Avant, les sociaux-démocrates suédois disaient toujours: +on y pensera quand la Finlande adhèrera+. Mais parce qu'ils pensaient que la Finlande n'adhèrerait jamais", relève Mme Braw.


"Du point de vue des risques, le timing est parfait. La Russie est tellement occupée ailleurs (en Ukraine) qu'il sera très dur pour elle de répliquer ou de répondre militairement", souligne l'experte.


En Finlande, le président finlandais Sauli Niinistö doit rendre publique jeudi sa position "personnelle" sur la question. Et celle du parti social-démocrate de la Première ministre Sanna Marin est attendue d'ici samedi au plus tard.


Selon le quotidien Iltalehti, un comité clé réunissant les deux têtes de l'exécutif finlandais et des ministres doit se réunir dimanche pour prendre la décision.


Sollicité, le gouvernement finlandais n'a pas fait de commentaire, soulignant que les dates de réunion du comité étaient confidentielles.


Une guerre affichée par Vladimir Poutine comme une réponse à des velléités d'élargissement de l'Otan vers l'est aurait donc comme conséquence directe de pousser deux pays européens supplémentaires à se placer dans le giron de l'Otan.


L'adhésion de la Finlande doublerait aussi la frontière terrestre de l'Otan avec la Russie, la portant à environ 2 600 kilomètres.


Ces dernières semaines, les multiples avertissements de Moscou sur les conséquences "politiques et militaires" d'une adhésion, avec l'envoi possible de renforts y compris nucléaires aux abords de la mer Baltique ont plutôt eu pour effet de renforcer la détermination suédo-finlandaise.

Adhésion à l'Otan: un examen de passage codifié pour les pays candidats

L'adhésion à l'Otan impose au pays candidat un véritable examen d'entrée au cours duquel il doit convaincre chacun des trente membres de l'Alliance de son apport pour la sécurité collective et de sa capacité à répondre aux obligations imposées par le club.


Le processus est codifié: une fois la décision prise par un pays tiers d'adhérer, les membres de l'Otan doivent accepter à l'unanimité de l'inviter à les rejoindre.


Cette invitation lance les pourparlers d'adhésion: deux réunions ont lieu au siège de l'organisation à Bruxelles, où le postulant doit convaincre les représentants des pays membres et les experts de l'Alliance de sa capacité à accepter "les obligations et engagements politiques, juridiques et militaires découlant du Traité de Washington et de l'Etude (de 1995) sur l'élargissement de l'Otan".


Les entretiens au siège de l'Otan permettent de débattre des questions juridiques, des ressources, de la sécurité, de la protection des informations classifiées et de la contribution au budget commun, basée sur la taille de l'économie du pays par rapport à celle des autres membres de l'Alliance.

Le pays candidat doit s'engager à accomplir les réformes nécessaires et doit ensuite adresser "une lettre d'intention" au secrétaire général de l'Otan avec "un calendrier d'exécution des réformes".

L'étape finale est la ratification du protocole d'adhésion par chacun des États membres de l'Otan: ils transmettent leur acceptation du nouveau membre au gouvernement des Etats-Unis, dépositaire du Traité de l'Atlantique Nord.

Le "un pour tous, tous pour un" de l'article 5 (solidarité en cas d'agression) ne s'applique qu'une fois terminée la ratification par l'ensemble des Etats membres. Le processus à pris une année pour le 30e membre, la Macédoine du Nord.

Membres de l'Union européenne, la Suède et la Finlande bénéficient de la clause d'assistance mutuelle prévue par l'article 42-7 pour la période du processus de ratification de leur adhésion à l'Otan.

Le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, a assuré aux deux candidats qu'ils seront accueillis "les bras ouverts" s'ils décident de rejoindre l'Alliance dont ils sont déjà des "partenaires".

Il leur a promis un processus d'adhésion "rapide" et "des solutions" pour répondre à leurs préoccupations de sécurité entre l'acte de candidature et l'adhésion finalisée.

Si aucun pays tiers n'a un droit de veto sur les adhésions à l'Otan, lors de l'examen des candidatures de la Suède et de la Finlande "se posera la question de la réaction de la Russie", a souligné un diplomate de l'Alliance.

Moscou est opposé à l'adhésion de la Finlande, refusant l'installation de bases de l'Alliance sur le territoire d'un pays avec lequel la Russie partage une longue frontière commune.

Exercices 
Sur l'île suédoise du Gotland, au positionnement stratégique au milieu de la Baltique, des forces de réserve de la Garde nationale ont été activées pour un mois et la semaine prochaine coïncide avec d'importants exercices militaires annuels en Finlande et en Suède.


Avec 12 000 soldats professionnels mais 21 000 conscrits par an et une armée de temps de guerre de 280 000 soldats, ainsi qu'une très puissante artillerie et soixante avions de combat, la Finlande est une force massive pour un pays de seulement 5,5 millions d'habitants.


Même si l'après-guerre froide a été marquée par d'importants désinvestissements et coupe d'effectifs, la Suède dispose elle aussi d'une armée moderne répondant déjà aux standards exigés par l'Otan, et d'une industrie d'armement de pointe.


Sans être membres jusqu'ici, les deux pays ont déjà fait beaucoup de chemin pour quitter leur neutralité historique et se rapprocher de l'alliance, du moins militairement.


"On assiste à une bascule majeure dans l'opinion et d'un point de vue politique, mais militairement ce n'est pas le cas, tout simplement car ils sont déjà très proches de l'Otan", souligne Mme Shaw.


"Ils vont épouser l'Otan après avoir vécu en concubinage", note-t-elle.


Lai Ching-te, fils d'un mineur de charbon élu président de Taïwan

D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020 (Photo, X).
D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020 (Photo, X).
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  • Lorsqu'il était Premier ministre, M. Lai s'est exprimé plus ouvertement que Mme Tsai sur la question de l'indépendance
  • Bien qu'il ait indiqué à la Chine être ouvert au dialogue, Lai Ching-te risque d'être rabroué

TAIPEI: Fils d'un mineur de charbon, Lai Ching-te prêtera serment en tant que président de Taïwan lundi et il lui reviendra alors de prendre en charge les relations avec la Chine, en proie à une rupture de plus en plus profonde à mesure que Pékin accroît sa pression militaire et diplomatique sur l'île autonome.

A l'inverse de la majorité de la classe politique taïwanaise, M. Lai, né en 1959, est issu d'un milieu modeste. Sa mère l'a élevé seule, avec ses cinq frères et sœurs, dans un hameau rural de Nouveau Taipei (nord), en raison du décès de son père lorsqu'il était très jeune.

Après avoir obtenu un diplôme de santé publique à l'université de Harvard aux Etats-Unis, il a d'abord travaillé comme médecin dans un hôpital de Tainan (sud-ouest).

Décrit comme pugnace et combatif, Lai Ching-te - qui se fait aussi appeler William Lai - se décide à entrer en politique en 1996, quand Pékin effectue des tirs d'essai de missiles autour de Taïwan au moment de la première élection présidentielle démocratique de l'île.

"J'ai décidé qu'il était de mon devoir de participer à la démocratie taïwanaise et d'aider à protéger cette expérience naissante de ceux qui lui voulaient du mal", avait-il témoigné l'an passé dans le Wall Street Journal.

Le futur président taïwanais figure sur la liste des 100 personnes les plus influentes de 2024 établie par le magazine Time en avril, un choix qui reflète, selon lui, "la résilience et l'unité du peuple taïwanais".

«Dangereux séparatiste» pour Pékin

D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020.

Agé de 64 ans, marié et père de deux enfants, le président du Parti démocrate progressiste (PDP) s'est engagé à poursuivre la politique de Mme Tsai visant à renforcer les capacités militaires de Taïwan afin de dissuader la Chine, qui multiplie ces dernières semaines les survols d'avions aux environs de son territoire.

Son franc-parler, qu'il a modéré ces dernières années, lui attire pourtant l'ire de Pékin, qui le qualifie de "dangereux séparatiste" conduisant Taïwan sur le chemin "de la guerre et du déclin".

Lors de la campagne, M. Lai avait affirmé que l'élection était un choix entre "démocratie et autocratie", et avait promis un soutien "inébranlable" au maintien du statu quo dans le détroit de Taïwan.

Il avait aussi dénoncé "le principe chinois d'une seule Chine", car "la paix sans la souveraineté, c'est juste comme Hong Kong", ancienne colonie britannique où Pékin a imposé cette année une nouvelle loi de sécurité nationale pour réprimer toute dissidence.


Attentat contre le Premier ministre slovaque: médecins optimistes, le suspect au tribunal

Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
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  • Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient
  • Le suspect de la tentative de meurtre, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises

BRATISLAVA, Slovaquie : Le pronostic concernant l'état de santé du chef du gouvernement slovaque Robert Fico après la tentative d'assassinat est «positif», a annoncé samedi la ministre slovaque de la Santé, alors que le suspect comparaissait devant un tribunal.

M. Fico est hospitalisé depuis mercredi, date à laquelle un tireur isolé lui a tiré dessus à quatre reprises, notamment dans l'abdomen.

Il a subi une opération de cinq heures mercredi et une autre de deux heures vendredi, toutes deux dans un hôpital de la ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie.

«L'intervention chirurgicale d'hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l'état de santé du Premier ministre», a déclaré la ministre Zuzana Dolinkova à la presse.

«L'état de santé du premier ministre est stable, mais il reste grave», a-t-elle ajouté.

«Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du Premier ministre», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok à la chaîne d'information TA3.

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient.

«Je ne pense pas qu'il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave», a-t-il déclaré aux journalistes.

Dans la matinée également, le suspect de la tentative de meurtre est arrivé au tribunal pénal de Pezinok au nord-est de Bratislava, qui devrait ordonner son maintien en détention provisoire.

L'homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises.

Un procureur a requis vendredi que le suspect soit placé en détention provisoire après avoir été inculpé de tentative de meurtre avec préméditation.

La fusillade s'est produite alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée dans la ville de Handlova, dans le centre de la Slovaquie.

M. Fico est en poste depuis que son parti populiste centriste, le Smer-SD, a remporté les élections législatives à l'automne dernier.

- Tous ces mensonges -

M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que Premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l'Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l'arrêt de l'aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.

La tentative d'assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis des années.

La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s'abstenir de toute «confrontation» après la fusillade.

Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d'unité à la suite de l'attentat.

M. Kalinak a toutefois laissé entendre samedi que le Smer-SD ne participerait pas à la réunion.

«Ils ont invité les chefs des partis politiques et notre président (du parti) est entre les mains des médecins», a-t-il déclaré.

M. Kalinak a ajouté qu'il appellerait Mme Caputova à ce sujet, soulignant que la Slovaquie avait besoin de «réconciliation et de paix».

Certains hommes politiques slovaques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d'être à l'origine de l'attentat.

M. Kalinak a critiqué vendredi les hommes politiques de l'opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l'attentat.

«Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd'hui pour sa vie», a-t-il déclaré dans un message publié sur le site internet du Smer-SD.


Zelensky se prépare à une offensive plus large, les troupes russes continuent d'avancer

Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
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  • « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022
  • L'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région de Kharkiv et affirmé que ses forces continuaient à progresser

KIEV, Ukraine : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit s'attendre, dans un entretien exclusif à l'AFP, à une offensive russe plus large dans le Nord et dans l'Est qui viserait à prendre Kharkiv, régions où Moscou poursuit son assaut d'ampleur lancé le 10 mai.

«Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes des derniers jours dans la région de Kharkiv, la situation était meilleure pour ses forces qu'il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin ont franchi par surprise la frontière.

Pour lui, la Russie veut attaquer  Kharkiv (Nord-Est), deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l'intention de l'attaquer «pour l'instant».

L'offensive russe vise officiellement, selon M. Poutine, à répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe et créer une zone tampon censée empêcher ces frappes.

Les forces de Moscou essayent de profiter du manque d'hommes et d'armes auquel est confronté l'Ukraine après deux ans de guerre.

- Près de 10.000 évacuations  -

M. Zelensky a reconnu auprès de l'AFP un manque d'effectifs. «Il y a un nombre important de brigades qui sont vides», a-t-il dit.

Face à ses carences, Kiev a voté une législation controversée, entrée en vigueur samedi, pour accélérer la mobilisation militaire avec l'abaissement de l'âge de 27 à 25 ans.

Vendredi, M. Zelensky a également signé une loi permettant de recruter des détenus en échange d'une libération conditionnelle.

Tourné vers les Occidentaux, il a déploré n'avoir qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont Kiev a besoin, ajoutant avoir également besoin de 120 à 130 avions de combat F-16.

Dans la région de Kharkiv, la Russie a affirmé samedi avoir saisi le village de Staritsa près de Vovtchansk, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Kharkiv, assurant que ses forces «poursuivent leur avancée en profondeur dans les positions défensives de l'ennemi».

Près de dix mille personnes ont été contraintes de quitter leur habitation dans la région de Kharkiv, avaient auparavant annoncé les autorités ukrainiennes.

«Au total, 9.907 personnes ont été évacuées», a déclaré samedi le gouverneur Oleg Synegoubov, précisant que les forces armées ukrainiennes avaient repoussé deux tentatives de percer les défenses au cours de la nuit.

La situation est selon lui «sous contrôle», les «défenseurs menant des assauts et des opérations de ratissage dans certaines zones».

Selon M. Synegoubov, les Russes ont «commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie». La ville, comptait quelque 18.000 habitants avant-guerre. Une centaine de personnes y sont toujours et «de violents combats» ont lieu, selon le gouverneur.

L'armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, comme Bakhmout l'an passé ou Avdiïvka en février.

Kiev accuse Moscou d'utiliser des civils comme «boucliers humains» à Vovtchansk et d'avoir commis au moins une exécution sommaire.

- Avancée de l'ennemi -

Un peu plus à l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d'assaut dans la région.

Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, une autre localité sur la route de Kharkiv.

«Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent encore de la tenir», avait affirmé le gouverneur de la région de Kharkiv.

De son côté, l'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région et affirmé que ses forces continuaient à progresser.

- «Zone sanitaire» -

Moscou a engrangé en une semaine ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l'AFP à partir de données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Vendredi après-midi, Kharkiv, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un dernier bilan fourni par le maire Igor Terekhov dans la soirée.

A Vovtchansk, des frappes russes ont tué un homme de 35 ans et blessé un autre de 60 ans, tous deux civils, selon le Parquet régional.

A Odessa, ville portuaire du sud du pays régulièrement frappée elle aussi, un bombardement russe a fait un mort et cinq blessés hospitalisés, selon le gouverneur local Oleg Kiper.

Pour sa part, l'armée russe a dit avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l'Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a fait état de la mort d'une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d'Oktiabrski.

Dans la soirée, il a en outre annoncé la mort d'un homme dans le village de Novaïa Naoumovka attaqué par des drones, et d'un blessé hospitalisé.

Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des «infrastructures civiles» ont été touchées et ont pris feu à Novorossiïsk, port de la mer Noire.

En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une installation électrique a été endommagée, selon les autorités locales.

Enfin, dans la journée de vendredi une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.