BEYROUTH : Illustrer une réalité ironique, à travers le sarcasme et l'art. C’est ainsi que Jessica Schoucair entend dépeindre la réalité de son pays avec sa propre touche d'artiste spécialisée dans les techniques mixtes. Son exposition intitulée « Sweet & Sour » est présentée à Beyrouth à The Sage Parlor à Namat Beirut, dans le secteur d’Achrafieh.
« Le titre ‘Sweet & Sour’ rappelle que l'on reste ensemble pendant les moments aigres et doux, à travers bonheur ou difficultés. Et moi, c’est ainsi que j’apprécie le Liban », affirme-t-elle à Arab News en français.
Jessica Schoucair emmène ainsi son public dans un voyage nostalgique à travers plusieurs aspects traditionnels de la culture libanaise. À travers ses œuvres, elle dévoile des éléments ironiques de la réalité de chaque Libanais, comme les coupures d'électricité et la dévaluation de la monnaie.
De l'icône Fairouz au bâtiment « Shams » de l'architecte Joseph Phillipe Karam, ces visionnaires, repères de toute une époque, sont pour elle une inépuisable source d’inspiration. Elle explique la source de sa passion :
« Étant elle-même une artiste du patchwork, ma mère a suscité mon intérêt pour le monde du tissu, des motifs et de la broderie », confie-t-elle.
Après une longue période consacrée à expérimenter le tissu, la peinture, la broderie et le collage sur différents supports, la jeune artiste a eu la chance de présenter son travail dans de nombreux magazines, expositions, journaux et concours depuis lors.
« Un ami m'a demandé : Est-ce que tu passes des nuits blanches pour finir ton travail avant l'exposition ? ». J'ai ri et j'ai répondu : Tu veux dire jusqu'à 1 heure du matin. Comment puis-je travailler sans électricité ? », raconte l’artiste à Arab News en français.
Étant donné le mauvais état de l’électricité dans le pays, l'artiste a choisi d'être plus efficace pendant la journée et a essayé de créer ses pièces à Dachaq, son atelier doublé d’une galerie d'art qu'elle a cofondée en 2019, dans le secteur de Badaro.
Elle poursuit : « Je ne compte pas quitter le Liban de sitôt. J’aime énormément mon pays malgré tout. Je persévère plus que jamais et je suis très reconnaissante des progrès que je réussis à accomplir. Les élections sont un moment clé que j'attends. Nous espérons un changement. »
Compte tenu de la situation actuelle au Liban, les artistes libanais sont encore plus appréciés. « Bien sûr, aujourd'hui plus que jamais, les gens misent sur l'art au Liban. Non seulement ils soutiennent notre travail, mais ils apprécient également le fait qu’en tant qu'artistes vivant au Liban, nous soyons toujours capables de trouver l’inspiration et de produire de l'art, tenant bon malgré les circonstances », explique Jessica Schoucair.
À travers sa propre exposition, la jeune artiste a également choisi de soutenir un autre artiste local, l’accordéoniste Victor Bassila, qui a rempli la salle des airs nostalgiques qu'il interprète sur son instrument.
Jessica Schoucair, à travers son humour décalé qui en appelle autant à la nostalgie qu’à l’espoir réussit à faire rire de la réalité libanaise et un pays que ses habitants aiment autant qu’ils le détestent.