BEYROUTH: Pour commémorer le «Souvenir XXXVII» de ses quinze martyrs, la Croix-Rouge libanaise (CRL) Kornet Chehwan organise une exposition qui a pour titre Matrah Ma al-Alb Bikoun («Là où est le cœur») depuis le 27 avril à Beit Beyrouth [ou Maison jaune, musée et centre culturel urbain qui célèbre l’histoire de Beyrouth, NDLR].
Il s’agit de la 37e rencontre organisée pour la circonstance, mais cette année est différente: une exposition virtuelle a été conçue. Elle nous invite à un voyage intemporel à travers les grandes étapes de la Croix-Rouge libanaise, présentant ses défis actuels et à venir.
Le 27 avril 1985, Michel Moukarzel et Joseph Khoury (Hardy et Captain*), deux jeunes secouristes de la CRL Kornet Chehwan, se préparaient à partir pour un mariage. Ils ignoraient que le sort en avait décidé autrement et qu’ils allaient devoir se sacrifier pour sauver une personne tombée dans un puits. Ils deviendront secouristes pour l’éternité.
EN BREF
La CRL a choisi le 27 avril pour honorer les secouristes tombés dans l’exercice de leur fonction: Tony Asmar, Sélim Abdo, Sélim Khairallah, Michel Moukarzel, Joseph Khoury, sœur Marie-Sophie Zoghbi, Khalil Saydah, Sélim Hammoud, Bassel el-Bizri, Taha Lachine, Hussein Hamdar, Farès Debs, Mikhaïl Jbeily, Haytham Sleiman et Boulos Maamari.
Musée vivant
Dans ce musée vivant, témoin de la guerre civile libanaise, les objets et les souvenirs recueillis auprès des familles et des amis de ces quinze martyrs sont disposés pour reconstituer une maison qui évoque le passé et tous ceux qui l'ont façonné. Un lieu pour visiter, se souvenir, se recueillir, apprendre, partager et chérir la vie de ces humanitaires.
«Le 27 avril est une date qui compte énormément pour nous», déclare Riwa Kharrat (Curly 208*) secouriste au centre de Bois-de-Boulogne à Arab News en français, «c'est aussi une plus grande prise de conscience sur le secourisme, ce métier de passion»
Également témoin de la guerre civile libanaise, Beit Beyrouth constitue un héritage que les Libanais peuvent partager pour tirer les leçons d’un passé douloureux et sanglant.
Réseau solide de bénévoles
Dans cette mosaïque confessionnelle qu’est le Liban, les secouristes de la CRL déploient des efforts constants, quelles que soient la région d’où ils viennent ou leur religion, pour venir en aide à tous leurs concitoyens. Ils forment un réseau solide de bénévoles présents sur le terrain partout au Liban.
Rachel el-Hayek (Wazze*), secouriste au centre de Kornet Chehwan depuis 2010, confie à Arab News en français: «Malgré toutes nos préoccupations, nous nous retrouvons toujours au centre de secours de la Croix-Rouge, notre deuxième maison.»
Toujours debout, dévouée aux citoyens et à la mémoire, porteuse des valeurs du vivre-ensemble, la CRL a choisi Beit Beyrouth. Plus qu’un simple musée, ce lieu représente une véritable icône de la résistance artistique, une maison qui est parvenue à survivre, car «le cœur y est», comme le souligne Rachel.
Un voyage d’humanité
Depuis sa création, le but de la CRL est de répandre un esprit de paix, de compréhension et de respect entre des secouristes prêts à intervenir à tout moment auprès du public avec neutralité, sans discrimination raciale, sociale, religieuse ni distinction politique.
C’est comme une famille au service de l’humanité.
*Hardy, Captain, Wazze et Curly 208 sont les pseudonymes des secouristes.