On revient sur le 3 Mai, c’est notre manière de célébrer cette journée dédiée mondialement à la presse, mais non fêtée comme elle se doit dans le pays par les professionnels et la société politique et civile. Même durant la décennie 1990 et les années Bouteflika, cette date a été malgré tout l’occasion de faire le bilan des avancées et reculs en matière de liberté d’expression, de situer les responsabilités des uns et des autres et surtout tracer des perspectives d’avenir.
Cette année donc c’est le silence, le désarroi et l’inquiétude de tous les côtés. Cette non-célébration inédite du 3 Mai est en elle-même un signe de crise, de grave crise, et pourtant il y a à peine deux ou trois ans, toute la société a crié haut et fort, à travers le hirak, sa soif des libertés, parmi elles une des plus fortes, la liberté d’expression.
C’est donc en un laps de temps assez court que s’est opéré un terrible recul de l’écrit et de la parole dans leurs métiers classiques que sont les médias, l’édition et autres et dans les classiques expressions publiques des partis, des associations et cela dans le sillage des reflux des manifestations de rue. Si les médias sont en crise, c’est parce que toute la société l’est, n’étant plus en mesure de les irriguer et de leur offrir sa protection. Et si la société se portait mal, c’est en raison de ses difficultés à s’émanciper du fait de la mainmise sur elle d’un système politique obsolète et autoritaire.
Ce sont pratiquement les mêmes mœurs politiques et les mêmes mentalités des gouvernants, civils ou militaires, qui conduisent le pays depuis son indépendance, avec des adaptations au gré des conjonctures. La plus importante eut lieu fin des années 1980 - début 1990, avec l’émergence du multipartisme. Des libertés ont été concédées, réellement ou formellement, notamment dans le monde des médias. La sanglante parenthèse du terrorisme fermée, ces derniers furent confrontés une vingtaine d’années durant à une politique dont l’apparence fut la liberté d’expression, mais la réalité son dévoiement au service du régime Bouteflika en place.
NDLR: Mosaïque est une revue de presse qui offre au lecteur un aperçu sélectif et rapide des sujets phares abordés par des quotidiens et médias de renommée dans le monde arabe. Arab news en français se contente d’une publication très sommaire, renvoyant le lecteur directement vers le lien de l’article original. L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.