FRANCFORT : Le géant automobile allemand Volkswagen veut davantage développer son activité aux Etats-Unis et pourrait ouvrir une nouvelle usine dans cette région délaissée ses dernières années mais qui gagne en importance dans un "monde de plus en plus polarisé".
Le deuxième constructeur mondial veut plus que doubler sa part de marché de 4,2% en 2021 à 10% d'ici 2030 surtout grâce à son offre électrique qui représente "une opportunité historique", a expliqué le patron Herbert Diess.
Pour l'heure il doit se débattre, surtout sur le vieux continent, avec des contraintes de production et des temps de livraison longs, alors que les goulots d'étranglement persistants freinent la chaîne d'approvisionnement.
Les clients devront donc s'armer de patience: toutes les voitures électriques qui peuvent être fabriquées et vendues cette année en Europe et aux Etats-Unis sont déjà réservées.
A l'issue d'un premier trimestre marqué par un bond de 100% du bénéfice net à 6,7 milliards d'euros malgré une baisse du nombre de voitures vendues, Volkswagen voit l'Amérique du nord et "notamment les Etats-Unis" comme "priorité" dans sa quête de croissance mondiale, selon un communiqué mercredi.
Fin mars, le groupe aux douze marques a annoncé un investissement de 7,1 milliards de dollars pour doper sa production américaine, en y ajoutant une usine de cellules de batteries.
La marque phare VW doit notamment doubler sa part de marché, à 5%, en poussant encore davantage les SUV, choyées par les clients, et grâce à l'ID.Buzz, version électrique du mythique combi VW particulièrement populaire outre-Atlantique.
Mais augmenter les capacités à l'usine américaine de Chattanooga "ne sera pas suffisant" pour atteindre les objectifs de ventes et "nous considérons d'installer des capacités supplémentaires".
Cela sera "probablement aux Etats-Unis", a détaillé M. Diess, alors que la presse évoquait récemment le projet d'une nouvelle usine.
Le groupe y a été bénéficiaire en 2021 pour la première fois depuis 10 ans sur ce marché où a éclaté en 2015 le scandale des moteurs diesel truqués "dieselgate".
Potentiel stratégique
La dépendance du marché chinois, le plus important de Volkswagen, est arrivée au coeur des débats tandis que la guerre en Ukraine a mis en lumière celle de l'Allemagne vis-à-vis du gaz russe.
"Les évolutions géopolitiques" ont "exposé nos vulnérabilités", avait reconnu le patron mi-avril.
Diversifier les sources de revenus gagne en importance et "même dans un monde de plus en plus polarisé, Volkswagen est déterminé à étendre sa présence mondiale", a-t-il ajoute.
"Isolée de ce qui se passe en Europe", l'Amérique est donc "une région où, d'un point de vue géostratégique, nous devons plus investir", a argumenté M. Diess.
Les Etats-Unis sont aussi "une région de croissance pour la mobilité individuelle", qui perd en attractivité en Europe, notamment dans les plus grandes villes.
D'ores et déjà, "la présence mondiale de Volkswagen nous a aidés à amortir une majeure partie des effets négatifs auxquels nous sommes confrontés actuellement", qu'ils soient liées à la guerre en Ukraine ou à la pandémie de Covid-19, relève le directeur.
Le constructeur a par exemple pu envoyer aux Etats-Unis ou en Chine des semi-conducteurs qu'il ne pouvait utiliser en Europe, où la production souffrait de l'impact de la guerre en Ukraine.
L'offensive déclenchée par la Russie limite en effet l'approvisionnement en Europe de câbles produits en Ukraine, entrainant des arrêts de la production automobile, et de fortes hausses des prix des matières premières.
Dans ce contexte plein d'incertitudes, Volkswagen a néanmoins confirmé mercredi son objectif annuel, misant notamment sur une amélioration de l'approvisionnement en puces au deuxième semestre.