HAMBOURG: Symbole de liberté et de virées sans limite, le Combi Volkswagen est de retour : la marque allemande dévoile une version électrique de son légendaire van en espérant séduire la génération écolo, et pourquoi pas les amateurs des modèles historiques.
Le constructeur a présenté mercredi soir dans une vidéo diffusée en ligne ce nouveau véhicule baptisé "ID.Buzz", membre de la famille "ID", gamme phare de l'électrification, dans laquelle Volkswagen investit des dizaines de milliards d'euros.
"C'est une des icones de l'histoire automobile", a remarqué le patron Herbert Diess. "Volkswagen a longtemps essayé de faire renaitre le bus, mais seulement l'électrification l'a rendu possible."
"C'est une grande joie pour moi", a-t-il ajouté.
Empruntant les formes rondes des premiers modèles qui ont fait la gloire du minibus dans les années 1960 et 1970, cette version électrique "incarne le tournant de Volkswagen", juge Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur automobile allemand.
En plus du modèle tourisme qui "sert à l'image" de la marque, VW présentera une version utilitaire : un modèle "particulièrement important" pour "un plus grand marché", ajoute-t-il.
«Hippies de la crise climatique»
La camionnette à moteur arrière est née de l'inspiration d'un importateur néerlandais, Ben Pon. Lors d'une visite au siège de Volkswagen, à Wolfsburg (nord), en 1947, il remarque un véhicule bricolé par des ouvriers de l'usine pour charger du matériel.
Séduit, il en tire une esquisse et finit par convaincre VW, qui démarre la production en série en mars 1950, créant le deuxième modèle de la jeune histoire du groupe après la Coccinelle.
Le van rondouillard, symbole de la liberté de penser et de voyager, a eu un succès particulier aux États-Unis, où il s'est imposée notamment grâce aux surfeurs californiens.
"Machine mystérieuse" dans laquelle se déplace l'équipe du dessin animé Scoubidou, omniprésent dans le film américain à succès "Little Miss Sunshine", le Combi a même eu les honneurs du dessin animé "Cars" de Pixar, où il est représenté sous les traits d'une voiture... hippie.
Volkswagen veut faire fructifier le mythe : le Combi qui a "contribué à écrire l'histoire du mouvement Flower Power" devient "une voiture pour la génération Fridays for future", "les hippies de la crise climatique", juge M. Dudenhöffer.
L'ID. Buzz "s'empare du style de vie" que le combi représentait et "le transpose dans l'ère actuelle", a lancé le patron de la marque VW, Ralf Brandstätter.
Il fera sa première apparition publique dès vendredi au Texas lors du festival South by Southwest, M. Diess qualifiant de "grande opportunité pour la marque Volkswagen" le retour aux États-Unis de ce modèle culte.
D'autres aventures
Reste à convaincre les amateurs de vieux "Bulli" – le petit nom du Combi en allemand – parmi lesquels la version électrique du van fait parler.
L'ID.Buzz "a repris un peu la forme en V du T1", premier modèle du célèbre bus, relève Mélanie Wolf, 33 ans, membre d'un club de passionnés en Bavière.
Avec son compagnon Tobias Toplak, 43 ans, elle voyage régulièrement en Combi version camping car de 1973 – comme pour un tour de Norvège en 2019.
"Je suis curieux de voir comment Volkswagen réduira le grand écart entre l'esprit du Bulli et le monde hipster", ironise Tobias.
Cet esprit, c'est surtout "le sentiment de liberté, l'indépendance", autant de valeurs à ses yeux mises à mal par l'autonomie limitée de la technologie électrique et la dépendance à un réseau de recharge.
En l'absence de chiffres officiels de la part du constructeur, l'autonomie de l'ID.Buzz a été estimée à près de 400 km lors d'un test du club auto allemand ADAC.
"Aux plus beaux endroits, au milieu de nulle part, où on passe une nuit, il n'y aura même pas de borne de recharge dans 20 ans", s'exclame Roland Gräbner, 52 ans, fier propriétaire de quatre bus dont un T3 de 1986 avec lequel "on a déjà traversé l'Europe".
Le vieux Combi "est juste si flexible", ajoute sa compagne Britta Kellermann, même si elle trouve "passionnant" l'idée d'un minibus électrique.
Avec l'ID.Buzz, conclut Hans Toma, 62 ans et propriétaire d'un "T2" de 1978, "les aventures seront certainement différentes".