TUNIS: Un meneur du mouvement de contestation à Tataouine, dans le sud de la Tunisie, a été libéré mercredi, après une arrestation qui avait exacerbé les tensions entre policiers et manifestants.
Le tribunal de Tataouine a accepté la demande de libération du militant Tarek Haddad, arrêté samedi et poursuivi notamment pour "participation à un attroupement de nature à troubler la paix publique", a indiqué l'un de ses avocats, Sofiène Chariout.
"Du jour au lendemain je me retrouve avec des mandats de dépôt et des affaires de justice!", a déclaré à l'AFP M. Haddad à sa sortie de prison. Selon lui, ces accusations "sont montées de toutes pièces" pour entraver la mobilisation.
M. Haddad est le porte-parole du mouvement de protestation dans le gouvernorat de Tataouine, pour réclamer les embauches et les investissements promis par le gouvernement en 2017. Des sit-in y ont été lancés depuis plusieurs semaines avec des tentes érigées dans plusieurs secteurs du gouvernorat.
Après l'arrestation de Haddad, des heurts ont eu lieu dimanche et lundi, les forces de l'ordre procédant à d'intenses tirs de gaz lacrymogène pour disperser les centaines de manifestants qui leur lançaient des pierres et incendiaient des pneus.
Dans la nuit de mardi à mercredi, une autre ville du Sud, Douz, a connu des heurts similaires. "Quelques centaines de personnes" ont protesté contre des problèmes d'approvisionnement en eau dans cette ville aux portes du Sahara, située à 200 km à l'ouest de Tataouine, a précisé Khaled Hayouni, porte-parole du ministère de l'Intérieur. « Elles ont également exprimé leur soutien au mouvement de Tataouine », a-t-il ajouté.
Le sud de la Tunisie fait partie des régions marginalisées où le chômage est nettement plus élevé que la moyenne nationale et les infrastructures publiques défaillantes. Un conseil ministériel spécial est prévu vendredi sur la situation à Tataouine, alors que le gouvernement est fragilisé par des tiraillements politiques.