Deuxième anniversaire de la disparition d’Idir, monument de la musique kabyle

En 1976, sa chanson "Vava Inova", est diffusée dans 77 pays et traduit en 20 langues (Photo, Facebook Idir).
En 1976, sa chanson "Vava Inova", est diffusée dans 77 pays et traduit en 20 langues (Photo, Facebook Idir).
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Deuxième anniversaire de la disparition d’Idir, monument de la musique kabyle

  • Il atteint la renommée mondiale en 1976 avec sa chanson «Vava Inova»
  • Installé en France, il devient un ardent défenseur de sa Kabylie natale

ALGER: Deux années se sont écoulées depuis le décès de l'icône de la chanson kabyle en Algérie, Hamid Cheriet, dit "Idir", après un demi-siècle de carrière.

L'artiste a oeuvré, à travers ses productions artistiques, à la préservation de l’héritage  culturel algérien par le biais d'une série de chansons qui puisent leur âme dans la profondeur du patrimoine et des légendes amazighes, notamment les célèbres berceuses “Ssendu” et  "Vava Inova", qui ont contribué à forger la réputation artistique qui lui a permis d’accéder à la scène internationale.

En 1976, sa chanson "Vava Inova", diffusée dans 77 pays et traduit en 20 langues, lui permet d'obtenir une renommée mondiale.

La discographie d'Idir comprend une dizaine d'albums, à travers lesquels il a contribué à porter le patrimoine oral amazigh, traditionnellement transmis par les femmes berbères, qui ont inspiré une grande partie de son oeuvre. Sa mère fut une influence notable sur son répertoire musical.

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Les chansons d’Idir sont principalement inspirées des femmes kabyles comme sa mère (Photo, Facebook Idir). 

L'histoire commence un printemps de l’année 1973. Une station radio algérienne se prépare à démarrer son émission hebdomadaire le plus normalement du monde. Tous les samedis, elle a pour habitude de mettre en avant deux chanteurs amazighs. Invitée du jour, la chanteuse Nouara est venue accompagnée de son guitariste, une jeune homme réservé aux cheveux longs.

Au dernier moment, Nouara se désiste pour des raisons de santé.

Compte tenu de l’imminence du direct, les animateurs ne trouvent pas d'autre solution que de proposer au jeune musicien d'interpréter le morceau que la jeune femme était censée chanter.

Hésitant, comme il est issu d'une famille conservatrice, son premier réflexe est de refuser. Devant l'insistance de ses hôtes, Il finit par accepter à contrecœur, à la condition que sa véritable identité ne soit pas dévoilée pour éviter que ses proches l’apprennent.

Il interprète une berceuse souvent fredonnée par les mamans kabyles à leurs petits «Ers-ed ay ives» et charme illico les auditeurs.

La chanson est devenue un énorme succès en Algérie et au-delà, sans qu'Idir ne le sache. Peu de temps après l'enregistrement, le musicien dû en effet effectuer son service militaire, obligatoire en Algérie.

"J’étais au bon endroit, au bon moment, avec la bonne chanson" expliquait-il dans une interview à l’AFP en évoquant les refrains de son enfance.

Et c’est ainsi qu'El Hamid Cheriet devint l’icône de la musique Amazigh que nous connaissant tous. A partir de ce jour, le fils de berger, diplômé en géologie, passera le reste de son existence à offrir de la visibilité à la musique.

En 1975, il se rend à Paris pour enregistrer son premier album, également intitulé "A Vava Inouva". Mais après une série de tournées et un autre album, il décide d'abandonner l'industrie de la musique, qu’il juge carnassière, jusqu'en 1991, lorsque la sortie d'un album de compilation relance sa carrière.

Artiste engagé

Installé en France, il devient un ardent défenseur de sa Kabylie natale. Il se produit lors d’un concert en hommage à son ami,  Matoub Lounès assassiné en 1998 en Kabylie.

 

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Lounès Matoub avec le boxeur international Hamani Loucif et le chanteur kabyle Idir (Photo, Facebook Idir). 

Il défend par ailleurs le multiculturalisme et l'immigration, devenus des enjeux majeurs de la présidentielle de 2007 dans son pays d'adoption. Idir rend public un album intitulé« La France des couleurs » dans lequel il aborde le thème de l'immigration, de l’identité.

"Lorsque vous appartenez à une minorité, vous commencez à croire que vous êtes vulnérable, que les puissants peuvent vous dévorer, car même si votre culture existe, elle n'a pas les moyens de se développer et de survivre", a-t-il déclaré lors d’une entrevue en 2017.

Après quarante années d’absence, il retourne en Algérie en janvier 2018 pour un concert à l’occasion du nouvel an berbère à Alger.  L’année suivante, il soutient les soulèvements populaires contre le président Abdelaziz Bouteflika, qui démissionne en avril 2019.

«J'ai tout aimé dans ces manifestations : l'intelligence de ces jeunes, leur humour, leur détermination à rester pacifiques », ajoutant que  « ces moments ont été comme une bouffée d'air frais. Et comme j'ai une fibrose pulmonaire, je sais de quoi je parle. »

Le 02 mai 2020, «Idir l’éternel», force tranquille qui a marqué le monde par sa douceur, son humilité et son attachement à ses racines, s’éteint à l’âge de 70 ans des suites de cette même maladie.

Il laisse, derrière lui, une œuvre qui continuera de raisonner longtemps au sein de la communauté maghrébine et internationale.


Hoor al-Qasimi nommée directrice artistique de la Biennale de Sydney

Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
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  • Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre
  • Depuis 2017, Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique

DUBAÏ : La Biennale de Sydney a annoncé cette semaine la nomination de la commissaire d’expositions émiratie Hoor al-Qasimi au poste de directrice artistique de sa 25e édition, qui se tiendra du 7 mars au 8 juin 2026.

Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre et s’affirme en tant que première biennale établie dans la région Asie-Pacifique.

En 2009, Al-Qasimi a créé la Fondation d'art de Sharjah, dont elle est actuellement la présidente et la directrice. Tout au long de sa carrière, elle a acquis une vaste expérience dans la conception de biennales internationales, notamment en tant que commissaire de la deuxième Biennale de Lahore en 2020 et du Pavillon des Émirats arabes unis à la 56e Biennale de Venise en 2015.

Elle a également cocuraté la sixième édition de la Biennale de Sharjah en 2003 et en assure la direction depuis.

Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique depuis 2017.  Elle a précédemment siégé au conseil d'administration du MoMA PS1 à New York et à celui du Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Beijing, entre autres fonctions.

Elle est également directrice artistique de la sixième Triennale d'Aichi, qui se tiendra au Japon en 2025.

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).