Turquie: après le procès Kavala, la société civile condamnée au silence

Des manifestants brandissent des pancartes à Istanbul le 26 avril 2022 lors d'un rassemblement de soutien au leader de la société civile Osman Kavala (Photo, AFP).
Des manifestants brandissent des pancartes à Istanbul le 26 avril 2022 lors d'un rassemblement de soutien au leader de la société civile Osman Kavala (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 30 avril 2022

Turquie: après le procès Kavala, la société civile condamnée au silence

  • Kavala, homme d'affaires et philanthrope de 64 ans, a été condamné pour avoir «tenté de renverser le gouvernement» de Recep Tayyip Erdogan
  • Arrêté fin 2017 et détenu depuis, Osman Kavala a dénoncé un «assassinat judiciaire»

ISTANBUL: Dimanche encore, le 1er-Mai sera célébré loin de l'emblématique place Taksim à Istanbul, épicentre de la contestation en 2013 en Turquie, qui a valu lundi au mécène Osman Kavala la prison à vie et 18 ans de détention à ses sept co-accusés.

Avec ce verdict brutal, qui laisse la société civile turque abasourdie, une nouvelle chape de plomb s'est abattue sur le pays sans espoir d'ouverture d'ici à l'élection présidentielle prévue en juin 2023.

"Le message c'est: ne bougez pas!", décrypte Bayram Balci, directeur de l'Institut français d'études anatoliennes (Ifea) à Istanbul.

Dans son bureau non loin de Taksim, Akif Burak Atlar, porte-parole du collectif Taksim Solidarité, avoue - les traits tirés - être "sous le choc" et dénonce les artifices judiciaires qui ont amené les juges à prononcer ces peines.

Trois des sept accusés envoyés en prison - architectes, avocat, documentariste, universitaires - sont de proches amis de cet urbaniste.

"Il n'y a ni crime ni preuve, ils avaient été libérés sans charge lors de deux précédents procès. Quant à Osman Kavala, je l'ai vu pour la première fois en 2018 au tribunal."

Kavala, homme d'affaires et philanthrope de 64 ans, a été condamné pour avoir "tenté de renverser le gouvernement" de Recep Tayyip Erdogan, et les sept autres de l'avoir soutenu.

Arrêté fin 2017 et détenu depuis, Osman Kavala a dénoncé un "assassinat judiciaire".

Sa détention à perpétuité est assortie d'une peine de sûreté qui exclut toute remise de peine: "S'ils avaient eu une corde ils m'auraient pendu", a-t-il lâché à un député de l'opposition qui lui rendait visite mercredi.

Quant aux autres accusés qui comparaissaient libres, "des gens soucieux de préserver la ville et la nature", certains étaient rentrés de l'étranger pour assister à leur procès - d'où ils ont été directement conduits en cellule.

«Les gens ont peur!»

"Ils s'étaient mobilisés pour défendre le parc de Gezi contre un projet immobilier", puis la contestation s'est fondue en "un grand carnaval qui a réuni toutes les frustrations du pays", rappelle Akif Atlar.

"Personne ne s'attendait à un tel verdict", confirme Ahmet Insel, politologue proche d'Osman Kavala, qui garde un contact régulier avec ce dernier via ses avocats. 

Dans la semaine, le chef de l'État a par deux fois exprimé sa rancœur contre ce mécène éditeur devenu son ennemi personnel et bouc-émissaire, évoquant "le Soros local (qui) a coordonné les événements de Gezi et en paiera le prix" - référence au milliardaire philanthrope américain, juif d'origine hongroise.

Fait rare, dans un pays où les mouvements de protestation sont réprimés, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mardi soir en signe de protestation à Istanbul, Ankara et Izmir. 

Une brève éruption qui restera sans lendemain.

"Les gens ont peur. Personne ne prendra le risque de convoquer des manifestations au risque de donner un prétexte à décréter l'état d'urgence. Erdogan n'en serait que trop heureux", avance Ahmet Insel.

"Ce verdict, c'est une menace adressée à tous les journalistes, avocats, défenseurs des droits, ONG, aux professionnels comme nous", confirme encore Akif Burak Atlar.

Le rôle de médiateur qu'entend promouvoir Ankara entre la Russie et l'Ukraine, et qui a offert un retour en grâce au président Erdogan sur la scène internationale, aurait pu l'inciter à la clémence, espéraient les avocats et amis des condamnés. 

Mais il joue plutôt contre eux.

Vendredi, l'ambassadeur turc à Berlin a été convoqué au ministère allemand des Affaires étrangères, l'un des premiers à réagir.

L'affaire Kavala avait déjà suscité à l'automne dernier une crise diplomatique: dix ambassadeurs occidentaux avaient été menacés d'expulsion pour avoir réclamé "un procès juste et équitable".

Mais, parie Bayram Balci, la crise ukrainienne qui affecte l'économie turque, déjà mal en point, rend Ankara incontournable. Résultat: "Le contexte international l'encourage et les Européens vont faire avec", prédit-il.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.