ANKARA: Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré mercredi soir ses accusations contre le mécène turc Osman Kavala, condamné lundi à la perpétuité, malgré les appels pour sa libération immédiate par de nombreux pays occidentaux.
"Un verdict prononcé à propos d'un individu a beaucoup dérangé certains milieux. Cet homme était le Soros de Turquie", a martelé le chef de l'Etat turc, en référence au milliardaire américain d'origine hongroise George Soros, bête noire de plusieurs dirigeants de régimes autoritaires dans le monde.
Figure de la société civile turque, Osman Kavala, 64 ans, a été condamné lundi à la perpétuité pour "tentative de renversement du gouvernement" via le financement des manifestations anti-gouvernementales dites "mouvement de Gezi" en 2013.
Devenu l'adversaire du régime, il a dénoncé devant les juges un "assassinat judiciaire" contre sa personne et l'influence du président turc sur son procès.
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), avait condamné Ankara en 2019 pour l'emprisonnement injustifié de l'opposant, qui vise "à réduire M. Kavala au silence et avec lui tous les défenseurs des droits de l'Homme" et demandé sa libération immédiate.
Face au refus des autorités turques de le libérer, le Conseil de l'Europe, dont dépend la CEDH, a engagé en février une procédure de sanctions à l'égard d'Ankara.
Mais M. Erdogan a assuré mercredi soir que la CEDH ne pourrait "faire une démarche sans qu'un verdict ne soit prononcé".
"Voilà, le verdict est donné. Vous devez vous y conformer. Que vous le fassiez ou non, ce verdict sera exécuté", a-t-il lancé.
Son interprétation ne correspond cependant pas à l'arrêt de la CEDH sur le mécène turc qui a appelé à plusieurs reprises à sa libération immédiate, une demande répétée lundi par le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), Tiny Kox, dans un communiqué.
Les Etats-Unis, l'Allemagne, plusieurs responsables européens et la France ont aussi dénoncé la condamnation de M. Kavala et réclamé sa libération.