Au Kosovo, des Ukrainiennes apprennent à désamorcer les «tueurs aveugles»

Au Kosovo, loin de leur pays envahi par les soldats du Kremlin, des Ukrainiennes prennent des cours intensifs de déminage afin de rentrer chez elles armées (Photo, AFP).
Au Kosovo, loin de leur pays envahi par les soldats du Kremlin, des Ukrainiennes prennent des cours intensifs de déminage afin de rentrer chez elles armées (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 28 avril 2022

Au Kosovo, des Ukrainiennes apprennent à désamorcer les «tueurs aveugles»

  • La plupart des engins étaient situés près de la frontière avec l'Albanie, dans les montagnes de la région de Peja, appelé Pec par les Serbes
  • C'est à Peja que six Ukrainiennes, qui seront bientôt au nombre de huit, s'exercent à la détection et à la neutralisation d'explosifs sous l'égide du Mines awareness trust (MAT) pour le Kosovo

PEJA: Au Kosovo, loin de leur pays envahi par les soldats du Kremlin, des Ukrainiennes prennent des cours intensifs de déminage afin de rentrer chez elles armées pour neutraliser les vastes quantités d'explosifs qui piègeront leur patrie pour les décennies à venir.

"La seule raison de ma présence ici c'est pour aider mon pays", dit à l'AFP Anastasia Mintchoukova, 20 ans, volontaire pour ce cursus de trois semaines avec d'autres Ukrainiennes arrivées ces derniers jours dans l'ancienne province serbe.

Le Kosovo a de l'expérience et de l'expertise en la matière. 

Après la guerre entre forces serbes et rebelles albanais indépendantistes qui fit 13 000 morts à la fin des années 1990, le territoire s'est retrouvé avec 4 500 champs de mines à désamorcer, selon les estimations américaines de l'époque. 

La plupart des engins étaient situés près de la frontière avec l'Albanie, dans les montagnes de la région de Peja, appelé Pec par les Serbes, où les rebelles de l'UCK recevaient armements, munitions et aide humanitaire dépêchées par Tirana.

C'est à Peja que six Ukrainiennes, qui seront bientôt au nombre de huit, s'exercent à la détection et à la neutralisation d'explosifs sous l'égide du Mines awareness trust (MAT) pour le Kosovo, organisation caritative spécialisée dans l'aide au déminage dans le monde. 

Le centre d'entraînement est jonché d'explosifs désamorcés divers. Sous un radieux soleil de printemps, les stagiaires vêtues de tenues de protection bleues apprennent à manipuler les détecteurs, à identifier les mines et les techniques de désamorçage.

«Enorme demande»

"Le but est de les former aux normes internationales (...) mais en ajoutant des éléments particuliers au théâtre ukrainien", explique à l'AFP Artur Tigani, l'instructeur en chef de MAT Kosovo. 

Les participantes doivent ainsi se familiariser avec les explosifs hérités de l'ex-URSS, dont des bombes aériennes, des armes téléguidées, des mines et des roquettes.

Après leur retour au pays à la mi-mai, elles comptent bien mettre leurs connaissances en pratiques dans les zones d'où les forces russes se sont retirées.

"Il y a une énorme demande pour les gens qui savent déminer", déclare Anastasia Mintchoukova, professeure d'anglais.

La formation mise en place en réaction à l'invasion de l'Ukraine est ouverte à tous mais Kiev interdit aux hommes de 18 à 60 ans de quitter leur pays.

"Il y a plusieurs façons de se battre. Je le ferai en nettoyant des zones, en éduquant les gens aux risques des mines", poursuit la jeune enseignante. "Je sais qu'on aura l'occasion de prouver qu'on est capable de faire la même chose que les hommes".

Selon les spécialistes, des décennies seront sans doute nécessaires pour neutraliser les milliers d'engins explosifs encore actifs déversés sur près de la moitié du territoire de l'Ukraine. 

«Peur de rien»

"Il faudra 50 ans pour tout déminer", estimait récemment Perrine Benoist, directrice de la réduction de la violence armée pour l'ONG Handicap International, rappelant qu'"on démine toujours au Laos, au Cambodge et au Vietnam, 50 à 60 ans après".

Kateryna Grybinitchenko, 36 ans, spécialiste de l'étude de terrains contaminés, est venue de la région de Donetsk pour approfondir ses connaissances. Elle dit n'avoir pu "rester indifférente" aux roquettes qui volaient au dessus de sa tête. "C'est pour ça que j'ai décidé aussi de contribuer" au combat, souligne-t-elle.

Dès le début de l'invasion, le Kosovo a apporté son soutien sans faille à l'Ukraine bien que celle-ci ne reconnaisse pas Pristina, pas plus d'ailleurs que la Russie ou la Serbie. Le Kosovo s'est aligné sur les sanctions occidentales contre Moscou et a exempté les Ukrainiens de l'obligation d'obtenir des visas.

Le MAT veut accueillir très bientôt de nouveaux groupes d'Ukrainiens. "Nous prévoyons aussi d'aller en Ukraine pour y dispenser des formations", explique Artur Tigani.

"En 1999, le Kosovo comptait sur des tiers pour venir entraîner les Kosovars à se débarrasser des engins qui tuent les gens sans discernement", déclare Ben Remfrey, directeur de MAT Kosovo. Aujourd'hui, d'autres viennent au Kosovo pour obtenir les enseignements "dont leur pays a absolument besoin pour se débarrasser de ces tueurs aveugles".

"J'ai vu, en parcourant le pays, l'immense quantité de munitions abandonnées et d'explosifs encore actifs gisant à terre", souligne Kateryna Grybinitchenko.

Anastasia Mintchoukova est consciente d'avoir choisi un travail périlleux car "toute l'Ukraine est dangereuse". 

"Mais je suis prête. Je suis Ukrainienne. Je n'ai peur de rien."


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Short Url
  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.