LVIV: A Lviv, plus grand ville de l'ouest ukrainien, Tetiana Kasian s'arrête un instant dans la rue. Face à elle, un mur de fleurs artificielles et des photos de visages souriants, ceux de victimes tuées depuis le début de l'invasion russe, il y a deux mois.
"C'est épouvantable. Je n'aurais jamais pu penser que cela arriverait en Ukraine au XXIe siècle", dit cette femme de 32 ans qui aide les déplacés.
Originaire de Marioupol, elle ne sait pas "si elle pourra revoir ses parents", cette ville portuaire martyre étant presque entièrement sous contrôle russe après avoir été pillonée sans relâche depuis début mars.
Plusieurs milliers de personnes sont mortes en Ukraine depuis le 24 février, dont au moins 2.224 civils, selon les Nations unies.
Parmi les dizaines de photos montrant une fraction infime des victimes, celle d'une gymnaste de 11 ans, Kateryna Diachenko. Elle a été tuée chez elle à Marioupol par un missile russe.
A côté, celle de l'ambulancière militaire Valentina Pouchich, morte en essayant d'évacuer des civils près de Kiev, la capitale ukrainienne. Plus loin, Naveen Gyanagoudar, étudiant indien tué à Kharkiv, dans le nord-est, alors qu'il allait chercher à manger.
«Mur de l'espoir»
Après la prière pour la Pâque orthodoxe dimanche, des dizaines de passants se sont arrêtés devant ce mémorial.
Echarpe rose nouée autour de ses cheveux, une vieille dame regarde les photos attentivement et lit l'identité des victimes.
Leo Soto, Américain de Floride né au Venezuela, a traversé l'Atlantique pour mettre en place ce mémorial.
"C'est un mur de l'espoir", explique cet étudiant en hôtellerie de 27 ans, qui a déjà aidé à créer un mémorial similaire à Miami l'été dernier, après l'effondrement d'un bâtiment ayant tué 98 personnes, dont une camarade de classe.
Après cette première expérience bien accueillie, il a souhaité faire de son mieux pour apporter son soutien aux Ukrainiens.
Le jeune homme a choisi des fleurs artificielles, provenant de Pologne, pour qu'elles n'aient pas à être remplacées.
Alors qu'il attachait leurs tiges sur le grillage samedi, un soldat en uniforme lui a demandé s'il pouvait placer une photo de son frère, tué lui aussi.
Il raconte avoir vu passer une procession funéraire avec une mère en pleurs marchant derrière le cercueil recouvert du drapeau ukrainien. "C'est notre quotidien, c'est notre réalité".