Ukraine: l'Est dans le viseur, que ciblent les forces russes et comment ?

Moscou affirme aujourd'hui, deux mois après le début de la guerre en Ukraine, ne viser que le contrôle du sud du pays et la région du Donbass (Photo, AFP).
Moscou affirme aujourd'hui, deux mois après le début de la guerre en Ukraine, ne viser que le contrôle du sud du pays et la région du Donbass (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 24 avril 2022

Ukraine: l'Est dans le viseur, que ciblent les forces russes et comment ?

  • L'armée russe avait indiqué en mars se concentrer sur les deux régions du Donbass (Donetsk et Lougansk), en proie depuis 2014 à une insurrection séparatiste prorusse
  • Les difficultés de l'armée russe en mars l'ont obligée à changer de tactique pour réduire ses pertes en hommes et en matériel

PARIS: Moscou affirme aujourd'hui, deux mois après le début de la guerre en Ukraine, ne viser que le contrôle du sud du pays et la région du Donbass, dans l'est. Reste à savoir par quelles méthodes militaires et avec quels objectifs cachés à moyen et long terme.

Les forces russes ont tiré des conséquences en termes d'objectifs et de tactique militaire de leurs difficultés des premières semaines, face à un ennemi manifestement sous-estimé.

Plusieurs questions restent en suspens sur la suite des opérations. A ce jour, l'armée de Moscou est présente - mais pas souveraine - dans une bande de 200 à 250 kilomètres à l'intérieur de l'Ukraine, depuis la mer d'Azov (sud) jusqu'à l'approche de la grande ville de Kharkiv (nord-est).

Le Donbass... et plus ?

L'armée russe avait indiqué en mars se concentrer sur les deux régions du Donbass (Donetsk et Lougansk), en proie depuis 2014 à une insurrection séparatiste prorusse.

Vendredi, elle a annoncé souhaiter "établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l'Ukraine" pour "assurer un couloir terrestre vers la Crimée", déjà annexée par la Russie.

Jusqu'où peut-elle aller ? "Plus les forces russes pénètrent à l'intérieur du territoire ukrainien et plus elles sont vulnérables", analyse sur Twitter l'ancien colonel français Michel Goya.

Pascal Ausseur, directeur de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques (FMES), suggère une possible volonté des Russes de s'établir à l'est d'un axe Kherson-Dnipro–Izioum. Mais plus personne n'évoque l'option de départ des Russes: prendre Kiev. 

Tapis de bombes

Les difficultés de l'armée russe en mars l'ont obligée à changer de tactique pour réduire ses pertes en hommes et en matériel. 

"Ils ont réalisé que le blitzkrieg ne marchait pas", analyse Pascal Ausseur. "Ils ont repris le schéma traditionnel soviétique du rouleau-compresseur. Si on ne fait pas craquer l'adversaire, on va le broyer. Ils vont +marioupoliser+ l'opération".

Une allusion au tapis de bombes infligé depuis deux mois à Marioupol, cité portuaire stratégique posée sur les bords de la mer d'Azov. Seule une poignée de résistants retarde encore sa chute, jugée inéluctable.

"L'armée russe poursuit son approche de la terre brûlée, essayant de briser la volonté de l'armée ukrainienne à travers l'usage de la force et les bombardements indiscriminés pour forcer les civils à fuir", estime Colin Clarke, directeur de recherche au Soufan Center, un centre de réflexion basé à New York.  

Elle pourrait aussi tenter d'encercler son adversaire dans des points stratégiques du champ de bataille. Michel Goya évoque ainsi trois "pinces" distinctes à l'est du fleuve Dniepr, qui coupe le pays en deux.

Les Ukrainiens devraient de leur côté imposer aux Russes de multiples fronts pour, selon Colin Clarke, "étirer les lignes d'approvisionnement et de communication russes", une "stratégie efficace jusqu'à maintenant".

L'aide militaire à Kiev

L'aide occidentale a connu ces derniers jours une nouvelle impulsion, notamment de la part de Washington. Mais le temps est compté pour l'Ukraine.

Or, les blindés de transport de troupes vont mettre "des semaines voire des mois pour parvenir aux Ukrainiens", relève Mark Cancian, conseiller sécurité au Centre des études stratégiques internationales (CSIS) à Washington.

Les pays de l'OTAN commencent à fournir des lance-missiles S300 à Kiev pour ses défenses aériennes. Mais Kiev aura aussi besoin d'autres armes sophistiquées, notamment des obusiers Howitzer, selon des experts. La France a aussi annoncé livrer des missiles antichars Milan et des canons Caesar. Des militaires ukrainiens seront formés en France à leur maniement à partir de samedi. 

"Ce qu'il leur faut, c'est de la défense anti-aérienne de zone, des S300, des (systèmes de missiles sol-air) Patriot", affirme Pascal Ausseur. Avec, là aussi, des délais à prévoir. "Il faut trouver les S300, les apporter sur place, les déplacer régulièrement" pour éviter que l'ennemi ne les détruise.

A terme, l'Ukraine aura besoin d'un "dôme d'acier" pour maîtriser son ciel. "Il faut un bouclier qui rende l'équation moins favorable aux Russes", ajoute l'ancien amiral de la marine française, qui relève que les frappes russes peuvent, en l'état, se poursuivre des années.

Une guerre longue

De fait, plus personne ne parle d'un conflit court. "Le scénario qui se profile c'est du bombardement à haute dose pendant plusieurs semaines, peut-être plusieurs mois", craint Pascal Ausseur.

"Ca va durer des mois, peut-être même des années. La Russie n'a pour l'instant atteint aucun de ses objectifs. Et on ne comprend pas très bien, comment elle va les atteindre", explique, l'expert militaire russe Alexandre Khramtchikhine à l'AFP à Moscou.

"Même si le Donbass est physiquement +libéré+, il est évident que la guerre ne s'arrêtera pas là", ajoute-t-il. "La Russie n'aura pas de problème pour annexer et contrôler les régions de Donetsk et de Lougansk. Le problème sera de détruire définitivement les forces armées ukrainiennes".


Rubio jeudi à Paris pour des discussions sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine
  • Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien"

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine notamment, a annoncé le département d'Etat, au moment où les relations entre les Etats-Unis et l'Europe sont tendues.

M. Rubio sera accompagné de l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour des "discussions avec leurs homologues européens afin d'avancer l'objectif du président Trump de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie et d'arrêter la tuerie", selon un communiqué.

Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien", selon une source diplomatique.

Traditionnellement, les secrétaires d'Etat américains sont reçus à l'Elysée mais aucune rencontre avec le président Emmanuel Macron n'a été annoncée pour le moment.

Il s'agira du troisième déplacement en Europe de M. Rubio depuis sa prise de fonctions après sa participation à la conférence sur la sécurité à Munich mi-février et une réunion de l'Otan à Bruxelles en mars.

Tandis que M. Rubio sera à Paris, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sera lui à Washington jeudi où il s'entretiendra avec le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth.

Outre l'épineux dossier des droits de douane, qui avive les tensions entre Washington et les capitales européennes, l'administration Trump ne cesse d'augmenter sa pression sur les Européens accusés d'abuser des Etats-Unis notamment dans le cadre de l'Otan.

Les négociations à l'initiative de Donald Trump en vue d'un cessez-le-feu général entre Kiev et Moscou n'ont pour l'instant pas abouti, l'attaque russe dimanche contre Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ayant causé la mort d'au moins 35 civils, venant rappeler selon Washington et Paris l'urgence à trouver une issue au conflit.

L'émissaire du président américain avait affirmé lundi, trois jours après une nouvelle rencontre avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, que les pourparlers étaient "sur le point" de permettre des avancées.

La France et le Royaume-Uni sont tout particulièrement engagés dans les discussions en vue d'apporter des garanties de sécurité pour l'Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Les entretiens à Paris interviennent, par ailleurs, au moment où de rares discussions entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire de l'Iran ont eu lieu samedi dernier dans le sultanat d'Oman, et qu'un nouveau round est prévu le 19 avril à Rome, toujours sous la médiation d'Oman.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.


Alzheimer : la vente d'un traitement pour certains patients est autorisée par Bruxelles

Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
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  • L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA
  • Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis.

BRUXELLES : La Commission européenne a annoncé mercredi qu'elle avait formellement autorisé un traitement destiné à réduire le déclin cognitif chez certaines personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer, après le feu vert de l'Agence européenne des médicaments.

L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA « qui a conclu que les bénéfices de ce médicament étaient supérieurs aux risques », a souligné la Commission dans un communiqué.

Fin 2024, le régulateur européen avait recommandé d'accorder une autorisation de mise sur le marché du Leqembi (lécanemab) pour « le traitement des troubles cognitifs légers (troubles de la mémoire et de la pensée) ou de la démence légère dus à la maladie d'Alzheimer (maladie d'Alzheimer au stade précoce) ».

Elle avait précisé que ce feu vert était valable uniquement pour les patients présentant un risque plus faible d'hémorragie cérébrale potentielle, c'est-à-dire ceux qui n'ont « qu'une ou aucune copie du gène ApoE4 », un type de gène connu pour être un facteur de risque important pour la maladie d'Alzheimer.

Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis pour les patients n'ayant pas atteint un stade avancé de la maladie. Il est également commercialisé au Japon et en Chine.

Malgré des décennies de recherche, les scientifiques n'ont pas encore réussi à faire une véritable percée dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer, qui touche des dizaines de millions de personnes dans le monde. 


Un enfant meurt chaque jour en tentant de franchir la Méditerranée centrale, selon l'Unicef

Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
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  • Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.
  • Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages.

ROME : Selon un rapport publié mardi par l'Unicef, environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.

L'Unicef se fonde sur le fait que parmi les personnes arrivées sur le sol européen par cette voie migratoire, un sur six est un enfant, pour estimer ce chiffre.

Ce chiffre pourrait être sous-estimé, car de nombreux naufrages passent inaperçus, faute de survivants pour témoigner.

Par ailleurs, sept enfants sur dix voyagent seuls, sans leurs parents, selon l'agence onusienne chargée des enfants.

« Beaucoup d’enfants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale fuient la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté », indique le rapport, précisant que « plus de la moitié des enfants et des jeunes interrogés déclarent avoir subi des violences physiques et un tiers affirment avoir été détenus contre leur gré ». 

« Les gouvernements doivent protéger les droits et l'intérêt supérieur des enfants (...). Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages : ils accompagnent les enfants lorsqu’ils les traversent », a déclaré Regina De Dominicis, haut responsable de l'Unicef, citée dans le rapport.

L'agence onusienne rappelle que si l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile devant entrer en vigueur mi-2026 « peut permettre de mieux organiser la gestion des migrations, ce dernier doit être mis en œuvre en parfaite conformité avec les obligations légales de défense de l'intérêt supérieur de l’enfant ».

L'Unicef appelle également à renforcer les opérations de recherche et de sauvetage en mer pour prendre en compte les besoins spécifiques des enfants. 

« À son arrivée, chaque enfant doit immédiatement bénéficier d'une représentation juridique ainsi que de solides mesures de protection. Les mesures de restriction des déplacements ne doivent jamais entraîner la détention d'un enfant dans un centre de rétention, que ce soit lors des procédures de contrôle, de passage des frontières, de demande d’asile ou de renvoi », conclut l'Unicef.