La pandémie a encore frappé en Europe et particulièrement en France.
La deuxième vague tant redoutée a bel et bien commencé à déferler sur plusieurs départements de l’hexagone, dont Paris et sa petite couronne.
Un nombre croissant de contaminations est enregistré au quotidien et le taux de remplissage des lits de réanimation dans les régions concernées a atteint le taux effrayant de 46%.
Les responsables sanitaires et experts scientifiques s’accordent à dire que cette deuxième vague atteindra son pic vers le milieu du mois de Novembre prochain.
Ces données ont mis les autorités publiques devant la nécessité d’agir pour contenir du mieux possible la propagation du virus.
Une première mesure prise le 5 octobre dernier consistait à fermer les bars parisiens considérés comme étant des lieux de propagation surtout parmi les jeunes, s’est avérée insuffisante.
Il fallait donc faire plus.
Après une semaine de réflexion et de consultations le président français Emmanuel Macron a tranché.
Le centre de cette réflexion consistait à éviter un nouveau confinement, comme au printemps dernier, et empêcher le pays de replonger dans la paralysie économique.
Le choix présidentiel s’est arrêté à l’instauration d’un couvre-feu dès 21 heures jusqu’à 6 heures du matin pendant quatre semaines reconductibles.
Il s’agit donc de privilégier l’activité économique au détriment de la vie sociale ce qui rendra le fameux slogan « métro, boulot, dodo » plus que jamais d’actualités.
Cette décision plébiscitée par environ 62 pour cent des français selon un sondage « BFMTV » signifie la mise à l’arrêt de toutes sortes d’activités nocturnes.
Cette mise à mort nocturne de la capitale française devra servir à sauver des vies et éviter une saturation des services hospitaliers comme pendant la première vague.
Cependant il est évident qu’elle aura un impact financier et social que Macron essaye d’anticiper par une série d’annonces sur le maintien du chômage partiel et la revalorisation provisoire de certaines prestations sociales destinées aux personnes les plus défavorisées.
Il s’agit de privilégier l’activité économique au détriment de la vie sociale ce qui rendra le fameux slogan « métro, boulot, dodo » plus que jamais d’actualités.
Cela suffira-t-il à endiguer l’explosion de pauvreté enclenchée par la première vague ?
Les associations intervenant sur le plan social sont unanimes : tous les clignotants sont au rouge disent-elles, mettant en garde contre une flambée sans précédent de la pauvreté en France depuis la seconde guerre mondiale.
Le secours populaire, grande association caritative souligne dans un rapport publié récemment que « personne
n’est à l’abri de la précarité ».
Le rapport souligne que pendant le confinement (du 17 Mars au 11 Mai) 1 million 270 mille personnes ont sollicité l’aide du secours populaire contre 3,3 millions de personnes tout au long de l’année 2019.
Toujours selon l’association, les files d’attente devant les centres alimentaires enregistrent un afflux inédit et, aux précaires déjà identifiés, s’ajoutent d’innombrables personnes qui n’avaient jamais sollicité d’aide auparavant.
Les associations craignent que les péripéties successives de la pandémie ne propulsent 1 million de français dans la précarité sachant qu’ils étaient 9,3 millions à vivre sous le seuil de la pauvreté en 2019.
Sur le marché du travail l’image n’est pas plus radieuse, malgré les incitations à l’embauche, notamment des jeunes, les suppressions d’emplois ont engendré 630 milles chômeurs supplémentaires.
La Banque de France prévoit un pic de chômage pouvant atteindre 11,5 % de la population active au courant de l’année 2021.
Les mesures prises pour atténuer l’impact social du confinement ont coûté à l’État une somme exorbitante qui a dépassé les 135 milliards d’Euros.
Il est certain que le couvre-feu va lui aussi engloutir des sommes considérables et creuser encore plus le déficit et l’endettement, sans vraiment empêcher de nouvelles tranches sociales de sombrer dans la pauvreté.
Désormais l’exécutif est à la peine.
Il ne peut que chercher à limiter la casse car, derrière chaque entreprise qui baisse le rideau, chaque restaurant qui ferme, et chaque lieu de culture ou de loisir dont l’activité est à l’arrêt, il y a des travailleurs qui pâtissent.
Pour enfoncer encore plus le clou nombreux observateurs affirment que nous n’en sommes qu’au début, et que la détérioration de la qualité de vie sera plus importante dans les mois à venir.
Le monde avait porté les stigmates du krach boursier de 1929 pendant presque dix ans.
La crise des « subprimes » aux Etats Unis en 2008 avait fait basculer environ un million de personnes dans la pauvreté.
Il est certain que le couvre-feu va lui aussi engloutir des sommes considérables et creuser encore plus le déficit et l’endettement, sans vraiment empêcher de nouvelles tranches sociales de sombrer dans la pauvreté.
Personne n’est en mesure de prévoir l’ampleur des dégâts qui découleront de la pandémie que nous subissons.
Nous sommes face à un ennemi qui n’a pas encore dit son dernier mot, ni dévoilé aux scientifiques sa vraie nature.
Le virus du Covid-19 reste pour l’instant un mystère qui s’infiltre dans toutes les sphères de nos vies et bride notre activité et celle de nos dirigeants qui doivent laisser de côté leurs projets de développement pour combattre cet ennemi.
Tout ce que nous savons de lui est dérisoire et s’arrête au fait que s’il ne nous tue, pas il pourra toujours nous appauvrir.
Arlette Khoury vit et travaille à Paris depuis 1989.
Pendant 27 ans, elle a été journaliste au bureau parisien d’Al-Hayat.
TWITTER : @khouriarlette
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.