Attentats de novembre 2015: début du procès belge des «petites mains» des commandos

L'avocat belge de Smail Farisi, Sébastien Courtoy, répond aux questions des journalistes en amont d'une audience du tribunal correctionnel dans l'affaire "Paris bis", le volet belge de l'enquête sur les attentats terroristes de novembre 2015 à Paris le 19 avril 2022, au palais de justice de Bruxelles (Photo, AFP).
L'avocat belge de Smail Farisi, Sébastien Courtoy, répond aux questions des journalistes en amont d'une audience du tribunal correctionnel dans l'affaire "Paris bis", le volet belge de l'enquête sur les attentats terroristes de novembre 2015 à Paris le 19 avril 2022, au palais de justice de Bruxelles (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 avril 2022

Attentats de novembre 2015: début du procès belge des «petites mains» des commandos

  • Parmi les 14 prévenus jugés devant le tribunal de Bruxelles, neuf étaient présents mardi
  • Pour la plupart ils doivent répondre de «participation aux activités d'un groupe terroriste»

BRUXELLES: "On a raclé les fonds de tiroirs. Ce sont les résidus du dossier". Un tribunal belge a entamé mardi sous les critiques de la défense le procès de 14 personnes soupçonnées d'avoir apporté une aide, même minime, aux auteurs des attentats jihadistes du 13 novembre 2015 à Paris.

Parmi les 14 prévenus jugés devant le tribunal de Bruxelles, neuf étaient présents mardi après-midi pour la première demi-journée d'audience. Deux sont présumés morts en Syrie et jugés par défaut. Trois étaient absents.

Ce volet de l'enquête sur les attaques de Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts concerne des suspects écartés de la procédure française, mais soupçonnés par la Belgique d'avoir hébergé, fourni de l'argent ou transporté à l'aéroport certains jihadistes des commandos.

Pour la plupart ils doivent répondre de "participation aux activités d'un groupe terroriste", ce qui peut valoir jusqu'à cinq ans d'emprisonnement.

L'accusation estime qu'ils connaissaient forcément les intentions "terroristes" de ceux qu'ils ont aidés, ce que leurs avocats vont contester dans ce procès prévu jusqu'au 20 mai.

"Ici on a la cinquième roue du carrosse de l'Etat islamique, les résidus du dossier" du 13-novembre, a critiqué devant les médias Me Yannick De Vlaemynck, assurant que les deux prévenus qu'il défend n'ont "pas le profil terroriste".

L'un deux est Ibrahim Abrini, frère de Mohamed Abrini, actuellement jugé à Paris au côté de Salah Abdeslam, qui est le seul membre encore en vie des commandos des attaques revendiquées par le groupe Etat islamique.

Interrogé par le tribunal, Ibrahim Abrini, né en 1995, cadet de sa fratrie, a nié mardi avoir été l'interlocuteur privilégié de Mohamed et avoir connu précisément ses projets, lorsque ce dernier s'est rendu en Syrie fin juin 2015 sur les traces de Souleymane, leur frère tué en zone de combat l'année précédente.

«En contact permanent»

D'après l'accusation, Ibrahim et Mohamed sont pourtant restés "en contact permanent" à l'époque, grâce un téléphone que le petit frère avait spécialement dédié aux échanges avec son aîné, "facilitant" ainsi son déplacement sur les terres de l'Etat islamique.

Assis les bras croisés face aux juges, en sweat-shirt vert à capuche, Ibrahim Abrini est aussi resté évasif sur les motifs de l'abandon d'un sac contenant l'ordinateur portable familial, le 13 ou le 14 novembre 2015, quand la capitale française venait d'être attaquée. Son frère avait conduit Salah Abdeslam en région parisienne l'avant-veille des attentats.

Les fichiers effacés de l'ordinateur "c'est un peu comme pour les conversations avec M. (Ahmed) Dahmani (autre accusé du procès du 13-novembre, détenu en Turquie, ndlr), il valait mieux à l'époque ne garder aucune documentation en rapport avec la Syrie et le jihad", a assuré celui qui refuse de se considérer "radicalisé".

Dans ce procès, l'aide matérielle ciblée par l'accusation a pu intervenir pendant la phase préparatoire des attentats ou se matérialiser après le 13 novembre.

Un autre prévenu, Abid Aberkane, est jugé pour avoir caché Salah Abdeslam au domicile de sa mère, à Molenbeek, les derniers jours précédant l'arrestation du jihadiste français, le 18 mars 2016.

Incident de procédure 

Autre exemple: Smaïl Farisi se voit reprocher, lui, d'avoir prêté son appartement bruxellois à partir d'octobre 2015 à Ibrahim El Bakraoui, un des trois jihadistes qui se sont fait exploser lors des attentats de Bruxelles (32 morts le 22 mars 2016).

Il s'agit du seul prévenu qui doit aussi être jugé - aux assises de Bruxelles à partir de l'automne 2022 - pour ces attentats commis par la même cellule et également revendiqués par l'EI. Smaïl Farisi compte parmi les dix accusés dans le dossier du 22 mars.

Dès l'ouverture du procès, son avocat Sébastien Courtoy a provoqué un incident de procédure en contestant la compétence du tribunal correctionnel pour le juger, au motif que deux procédures l'accusent "pour une seule et même infraction". "On est en train d'essayer de faire le procès des attentats de Bruxelles en violation de la saisine de la cour d'assises", a-t-il protesté.

Me Courtoy a aussi souligné que la défense de Smaïl Farisi justifierait d'entendre certains accusés du procès parisien du 13-novembre. Son rôle est "anecdotique", a soutenu l'avocat, accusant la justice belge d'avoir "raclé les fonds de tiroirs" dans cette enquête. 

Après une interruption d'audience, le tribunal a décidé qu'il trancherait cette question au moment de prononcer son jugement, attendu au plus tard le 30 juin.

Le procès continue vendredi toute la journée, avec la suite des interrogatoires des prévenus.


Au procès de son braquage, Kim Kardashian «pardonne» malgré «le traumatisme»

C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir. (AFP)
C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir. (AFP)
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  • Cela fait deux heures qu'elle est à la barre de la cour d'assises de Paris, restée droite comme un i, mains croisées sur le pupitre dans sa longue robe fourreau noire à épaulettes et volants, chignon serré avec deux mèches encadrant son visage...
  • Le président David De Pas veut lui parler des 10 accusés qui l'entourent. Le principal d'entre eux, Aomar Aït Khedache, 69 ans, lui avait écrit une lettre quelques mois après le braquage parisien d'octobre 2016. L'avait-elle reçue ? "Non"

PARIS: C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir.

Cela fait deux heures qu'elle est à la barre de la cour d'assises de Paris, restée droite comme un i, mains croisées sur le pupitre dans sa longue robe fourreau noire à épaulettes et volants, chignon serré avec deux mèches encadrant son visage... et nombreux diamants brillant autour de son cou.

Le président David De Pas veut lui parler des 10 accusés qui l'entourent.

Le principal d'entre eux, Aomar Aït Khedache, 69 ans, lui avait écrit une lettre quelques mois après le braquage parisien d'octobre 2016. L'avait-elle reçue ? "Non". Le président la lit.

"Madame, c'est après vous avoir vue dans une émission", après "avoir constaté votre émotion et réalisé les dégâts psychologiques que je vous ai infligé que j'ai décidé de vous écrire", avait rédigé l'accusé, aujourd'hui sourd et muet et qui suit les débats sur un écran d'ordinateur.

"Pas dans le but d'obtenir de vous quelconque indulgence, j'assume ce que j'ai fait", mais pour "venir vers vous en tant qu'être humain pour vous dire combien je regrette mon geste", lit encore le président.

"Ca a tout changé" 

Kim Kardashian se met à pleurer à la barre, essuie ses larmes. "Naturellement c'est très émouvant", surtout que la reine des influenceuses veut "devenir avocate" et se bat aux Etats-Unis pour les droits des prisonniers, précise-t-elle. "Je crois à la deuxième chance", affirme la star via une interprète.

Puis elle se tourne, presque solennelle dans sa robe haute-couture, vers le vieux malfrat récidiviste au k-way sur le dos et crâne dégarni, qu'elle avait suivi du regard quand il était entré dans la salle d'audience précédé du cliquetis de sa canne.

"Je vous pardonne", lui dit-elle, avant de préciser qu'elle se "bat aussi pour les victimes", qu'elle veut "être entendue et comprise", et que "ça ne change rien au traumatisme".

Aomar Aït Khedache écrit sa réponse sur un bout de papier, que le président lit: "Ce pardon est un soleil. Je vous remercie. Voilà 10 ans que le remords et le regret m'usent au sens propre du mot".

L'accusé a reconnu avoir été l'un des hommes montés cagoulés dans la chambre d'hôtel cette nuit du 2 au 3 octobre 2016. Au début de son audition, la cour a demandé à Kim Kardashian d'en faire son récit.

"J'avais l'habitude de marcher dans les rues de Paris, même vers 3H00 du matin. Je me sentais toujours en sécurité dans cette ville, c'était un endroit magique", commence la star. Mais après cette Fashion week 2016, "ça a tout changé".

Elle laisse couler quelques larmes qu'elle essuie au mouchoir puis se reprend. Raconte comment ce soir-là, elle avait décidé de ne pas ressortir de son hôtel après minuit, et faisait ses bagages pour son vol de retour le lendemain.

"Certaine de mourir" 

"J'ai entendu des bruits de pas dans les escaliers, j'ai appelé ma mère, ma soeur, mais personne ne répondait". La porte de sa chambre s'ouvre, entrent deux hommes pistolet au poing qu'elle prend pour des policiers: ils en ont la tenue. Avec eux, le réceptionniste de l'hôtel, menotté.

"Un des hommes m'a dit avec un accent français +ring ring+, en me montrant son annulaire".

Elle comprend qu'il veut sa bague de fiançailles, un gros diamant évalué à 3,5 millions d'euros posé sur sa table de nuit. Ils le prennent, puis découvrent sa boîte à bijoux. "Le grand a dit 'ah, ah!' comme s'il était content". Montant total du butin - jamais retrouvé - emporté par les malfaiteurs: 9 millions d'euros.

"Ils m'ont jetée sur le lit, et le plus petit a commencé à attacher mes mains avec un Serflex (collier de serrage, NDLR) j'étais complètement hystérique, je répétais au réceptionniste +qu'est-ce qu'il va nous arriver ? Ils peuvent tout prendre mais faut que je puisse rentrer chez moi, j'ai des bébés SVP+", se souvient-elle, sa voix se cassant à nouveau.

"Vous avez pensé mourir, Madame ?", demande le président de la cour d'assises.

"Absolument, j'étais certaine que j'allais mourir".

Les malfrats avaient pris la fuite en voyant que le garde du corps, prévenu par la styliste cachée dans sa chambre, avait essayé de joindre Kim Kardashian.

Depuis, admet Kim Kardashian, sa vie n'est plus la même. Fini les partages en direct de ses moindres mouvements sur les réseaux sociaux, les gardes du corps sont plusieurs et présents tout le temps. "Je ne peux pas dormir la nuit si je ne suis pas certaine que mon personnel de sécurité n'est pas présent à la maison".

Sa déposition se poursuit.


Etat palestinien: «personne ne dictera sa position à la France» affirme Barrot

Etat palestinien: «personne ne dictera sa position à la France» affirme Barrot
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  • "Personne ne dictera sa position à la France" sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, a lancé mardi le chef de la diplomatie française, son homologue israélien ayant menacé les pays qui feraient ce choix
  • "La France le fera parce que la France croit à une solution politique durable pour la région, dans l'intérêt de la sécurité d'Israël comme dans l'intérêt de la sécurité des Palestiniens"

PARIS: "Personne ne dictera sa position à la France" sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, a lancé mardi le chef de la diplomatie française, son homologue israélien ayant menacé les pays qui feraient ce choix.

"La France le fera parce que la France croit à une solution politique durable pour la région, dans l'intérêt de la sécurité d'Israël comme dans l'intérêt de la sécurité des Palestiniens", a justifié le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à l'Assemblée nationale.

"Toute tentative (de reconnaissance) unilatérale (...) ne fera que nuire aux perspectives futures d'un processus bilatéral et nous poussera à prendre des mesures unilatérales en réponse", avait averti dimanche le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, à l'issue d'une rencontre avec son homologue allemand, Johann Wadephul, à Jérusalem.

Près de 150 pays reconnaissent l'Etat palestinien. En mai 2024, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne ont franchi le pas, suivis par la Slovénie en juin.

Le président français Emmanuel Macron doit coprésider en juin avec l'Arabie saoudite une conférence internationale aux Nations unies pour relancer la solution à deux Etats, palestinien et israélien.

Il espère à cette occasion "déclencher une série de reconnaissances" d'un Etat palestinien, notamment par la France, mais aussi d'Israël par plusieurs pays du monde arabo-musulman.

"Notre objectif est de réunir le plus grand nombre possible de pays qui pourraient reconnaître l'Etat de Palestine et d'autres qui pourraient normaliser leurs relations avec Israël pour que cette décision qui appartient à la France rendent possible l'existence même d'un État de Palestine", a souligné Jean-Noël Barrot mardi.


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
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  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, Guillaume Ancel répond à Arab News en français. Il confie avoir espéré « ne plus jamais voir, ou avoir à témoigner » sur pareilles horreurs.

Mais le voilà de nouveau face à la guerre de Gaza, qu’il décrit dans un article publié sur son blog comme étant « le champ de la mort », depuis l’attaque du 7 octobre.