Mélenchon veut être élu «Premier ministre» aux législatives, «3e tour» de la présidentielle

Photo du chef du parti de gauche La France Insoumise (LFI), le député Jean-Luc Mélenchon souriant alors qu'il participe à l'émission politique "Elysée 2022" sur France 2, à Saint-Denis, près de Paris (Photo, AFP ).
Photo du chef du parti de gauche La France Insoumise (LFI), le député Jean-Luc Mélenchon souriant alors qu'il participe à l'émission politique "Elysée 2022" sur France 2, à Saint-Denis, près de Paris (Photo, AFP ).
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Publié le Mercredi 20 avril 2022

Mélenchon veut être élu «Premier ministre» aux législatives, «3e tour» de la présidentielle

  • Le chef de file des Insoumis s'était montré combatif le soir du premier tour
  • «Je demande aux Français de m'élire Premier ministre»

PARIS: Défait de peu au premier, il veut un "troisième tour": le troisième homme de la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a demandé mardi aux Français de l'élire "Premier ministre" aux législatives de juin, qu'ils choisissent Emmanuel Macron ou Marine Le Pen dimanche.

Le chef de file des Insoumis s'était montré combatif le soir du premier tour, quand il avait rassemblé 21,95% des voix, se plaçant largement en tête à gauche mais échouant à quelque 400.000 voix du second tour, derrière la candidate du Rassemblement national.

Mais il avait semblé passer la main à ses troupes, lâchant en fin de discours: "Faites mieux" à la présidentielle de 2027, pour laquelle il a promis de ne pas être candidat.

Mardi soir, après avoir passé une partie de la journée à discuter avec ses lieutenants en réunion d'inter-groupe parlementaire, il s'est plutôt projeté vers un combat très immédiat, les législatives des 12 et 19 juin.

"Je demande aux Français de m'élire Premier ministre" en votant pour une "majorité d'Insoumis" et de "membres de l'Union populaire" à ces élections, a-t-il déclaré sur BFMTV, dans sa première déclaration publique depuis le 10 avril.

Jean-Luc Mélenchon vise donc à imposer une cohabitation au futur vainqueur de la présidentielle, avec lequel il exclut toute "négociation". Et ce, que ce soit Emmanuel Macron ou Marine Le Pen.

Il a d'ailleurs redit qu'il ne donnerait pas d'autre consigne au second tour que "pas une voix à Mme Le Pen", qui incarne "la contradiction totale" avec son programme "d'harmonie". Mais "la question de savoir qui est président à ce moment-là" de cohabitation ne compte pas à ses yeux, car "c'est le Premier ministre qui signe les décrets", a-t-il affirmé, ajoutant vouloir appliquer son programme.

Les cadres de La France insoumise ont exhulté sur les réseaux sociaux. "Mélenchon à Matignon", s'est exclamé son ami député Alexis Corbière. "Un autre monde est toujours possible", a espéré la députée Caroline Fiat.

«Ne pas réfléchir à l'ancienne»

L'opération s'annonce difficile, mais les stratèges insoumis estimaient ces derniers jours, à l'image du directeur de campagne Manuel Bompard, que les "législatives seraient plus importantes que d'habitude parce que le président sera le plus mal élu de la Ve République". La faute à une abstention potentielle élevée.

Alexis Corbière analyse auprès de l'AFP: "Il ne faut pas juste donner la perspective d'une opposition forte, mais dire que l'on peut gagner", que "l'affaire n'est pas perdue pour Mélenchon et son programme". Selon lui, "rien ne sera réglé à la présidentielle et il ne faut pas réfléchir à l'ancienne".

Pour réussir à mobiliser à des élections législatives traditionnellement moins courues par les électeurs, les Insoumis espèrent donner l'image d'une "Union populaire" élargie.

Dans ce but, ils ont appelé EELV, le PCF et le NPA à se rassembler derrière eux et leur programme, en proposant que l'attribution des circonscriptions soient appliqués à la proportionnelle des résultats du premier tour. Julien Bayou, le chef des Verts, a répondu qu'il espérait davantage.

Mais il a aussi dit, mardi, prévoir un aboutissement des négociations d'ici la fin de semaine prochaine. Un autre cadre d'EELV a même jugé "atteignable", devant des journalistes, qu'il y ait un accord "d'ici la fin de semaine pour donner un espoir" aux électeurs de gauche, qui vont voter à contre-coeur dimanche au second tour.

LFI va mener des rencontres bilatérales dans les prochains jours.

Mardi soir, le conseil national du Parti socialiste, sorte de parlement du parti, a adopté une résolution proposant de discuter avec l'ensemble des forces de gauche, dont LFI. Pour l'instant, le leader insoumis a indiqué ne pas vouloir discuter avec le PS.  

Soucieux de ne pas donner l'impression d'une "tambouille", Jean-Luc Mélenchon s'est défendu de préparer un simple "accord électoral", mais un "accord stratégique qui devient électoral". "C'est pas la lutte des places mais la lutte des classes", a-t-il scandé.

Et il a posé ses conditions: "le logo (de l'Union populaire); on ne va pas le changer alors qu'il reste quelques semaines, et le programme porté en tête (de la gauche) est la base sur laquelle nous discutons". Même si, a concédé le tribun, il est possible, sur certains points de désaccords, de "déconstruire".


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».