PARIS: Après deux ans de privation pour cause de pandémie de Covid-19, l’animation artistique nocturne fait son retour dans plusieurs villes d’Algérie. Des soirées ramadanesques, qui proposent des concerts, des spectacles, des pièces de théâtre et diverses animations culturelles vont offrir au public algérien l’occasion de se divertir après l’iftar.
«Le mois du ramadan est incontestablement le mois le plus riche de l’année en matière d’animation culturelle. C’est une sorte de rituel, chez nous. À l’issue de la prière du Tarawi, les villes s’animent et se remplissent. Après l’Iftar, les soirées sont animées et festives», nous confie Rachida, une Algéroise férue de théâtre et de chant classique algérien.
Contactée par Arab News en français, Khadidja Dahmani, directrice de communication et de marketing à l’Office national de la culture et de l’information (Onci), nous fait savoir que, à l’instar des autres organismes actifs dans le domaine de la culture, l’Onci a mis en place un programme artistique pour les soirées du ramadan. «Cette programmation est spéciale: c’est l’année de la reprise après deux ans d’arrêt en raison des contraintes sanitaires.»
De nombreux espaces ont été sélectionnés pour accueillir ces événements, comme Le Maghreb à Oran, la grande salle Ahmed-Bey du Zénith de Constantine, la salle Atlas, située au cœur du quartier Bab El Oued d’Alger, ou encore la salle Kherrata, à Béjaïa, ainsi que l’espace culturel de Tipaza», nous révèle-t-elle. «Nous avons programmé des événements variés: des spectacles humoristiques, des pièces de théâtre, des one-man-show, avec des têtes d’affiche comme Rym Takoucht, Moufida, Kamel Bouakaz, Hamid Achouri, Fodil Assoul, et beaucoup d’autres», explique-t-elle.
Khadidja Dahmani précise que programme artistique musical est composé de musique traditionnelle et spirituelle, avec Layali El inchad wa al Madih pour la chanson religieuse. Lila Borsali proposera des spectacles de chants andalous, Abbas Righi du malouf constantinois. Malek Fkirette et Adlene Fergani figurent parmi les invités. Le chaâbi algérois sera également représenté avec Abderrahmane el-Koubi, Kamel Aziz, Moustapha Belahcene et Sid Ali Driss.
«Échange culturel entre wilayas»
«Nous avons souhaité apporter un échange culturel entre wilayas», nous explique la porte-parole de l’Onci. «Des artistes d’Alger qui se produisent à Oran et des chanteurs du Sud, de Ghardaïa ou de Béchar chantent à la salle Atlas à Alger», précise-t-elle en citant les chanteurs El Ferda et Layali Essaada, qui animera la soirée de Laylat al-Qadr («La Nuit du Destin»); cet événement célèbre les vingt-sept jours du ramadan.
Plus de 872 artistes, chanteurs, musiciens et comédiens sont à l’affiche durant le mois sacré. 87 spectacles, avec une moyenne de quatre soirées par semaine, sont prévus, avec notamment des stars de la chanson populaire comme Abdelkader Chaou, Lounis Aït Menguellet, Selma Kouiret, Manal Gherbi, et bien d’autres encore.
«Notre objectif est de relancer l’activité artistique dans notre pays et de faire renaître cette ébullition artistique», affirme Khadidja Dahmani. «Malgré l’alternative du virtuel, qui a pris de l’ampleur durant la crise sanitaire, nous constatons que le spectacle vivant a manqué aux Algériens. Les spectacles de Lila Borsali ou de Lounis Aït Menguellet, par exemple, se produisent à guichets fermés. C’est la même chose pour les événements organisés par nos collègues du secteur de la culture», conclut-elle.
Qâada Djazairia, le spectacle de Manal Gherbi, chanteuse, musicienne et animatrice d’émissions culturelles, organisé le 15 avril à la salle Ibn-Khaldoun, dans le centre d’Alger, a enchanté le public. L’artiste a interprété des chants andalous, houzis, chaâbis, ainsi que quelques chansons du répertoire populaire algérien. «Je remercie la Maison des arts et de la culture d’avoir organisé ce récital ainsi que les musiciens qui m’ont accompagnée avec leur talent, leur énergie et un engagement sans faille», confie l’artiste. Elle se produira le 18 avril à la salle Ibn-Zeydoun, située dans le Centre Ryad el-Feth, sur les hauteurs d’Alger.
Le spectacle Rawdet el-Ochaq («Le Jardin des amoureux»), interprété par Lila Borsali, cette artiste adulée par le public, associe les plus belles mélodies andalouses à de merveilleux contes soufis. Il a conquis un nombreux public. Les amateurs de musique andalouse ont pu retrouver leur idole le 16 avril au Théâtre national algérien Mahiedine-Bachtarzi avec son spectacle Si la Casbah m’était contée, en compagnie de Bensaid Aouaouèche, qui interprète le rôle de la conteuse. La pièce compte quatre actes, qui ont pour titres «Khedaoudj el-Amia», «Les Vieux prénoms», «Les Mariages d’antan» et «Les Valeurs». Elle raconte les histoires de la Casbah d’Alger, un patrimoine classé au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco en 1992.
Quant aux concerts de Lounis Aït Menguellet, l’icône de la chanson kabyle, organisés les 14 et 15 avril dans la wilaya de Béjaïa, ils se sont déroulés à guichets fermés. Pour satisfaire son large public, Ait Menguellet effectuera une tournée à travers plusieurs villes. Il se produira notamment à l’opéra d’Alger Boualem-Bessaïh le 18 avril, dans la salle Le Maghreb d’Oran le 21 avril ainsi que dans le complexe Marina Soccer de Tizi Ouzou les 25 et 25 avril 2022.
Icône de la chanson saharienne
À Béchar, wilaya du Sud algérien, la 5e édition de Natfakrou Lahbab («Se souvenir des amis»), programmée du 7 au 25 avril, enregistre, elle aussi, un franc succès. Elle a rendu hommage, lors du sixième jour du ramadan, à une icône de la chanson saharienne, la talentueuse Hasna el-Bacharia, en présence des représentants des autorités locales de la wilaya. Pour Noureddine Rahou, président de l’association culturelle saharienne, Hasna el-Bacharia est considérée comme un phénomène unique de la musique diwane. «C’est la seule femme à jouer du guembri, cet instrument à cordes», précise-t-il. «C’est une artiste qui mérite tous les égards, car elle s’est attachée à promouvoir la culture nationale à travers le pays et à l’étranger.»