GAZA: Un dirigeant syndical a exhorté les enseignants de Cisjordanie en grève à «faire preuve de patience avec le gouvernement». Il a assuré que la crise financière actuelle de l’Autorité palestinienne (AP) pourrait être bientôt résolue.
Saed Erzikat, secrétaire général du syndicat des enseignants, a averti que les représentants des travailleurs «ne seraient en mesure de protéger aucun enseignant» qui participerait à une action revendicative non autorisée et qui ferait l’objet d’une arrestation.
Des enseignants d'un certain nombre d'écoles à Hébron et en Cisjordanie ont en effet organisé des manifestations après n'avoir reçu qu'une partie de leur salaire mensuel depuis le mois de mai.
Les finances de l'AP ont été durement touchées en raison de ses relations difficiles avec Israël et les États-Unis sur ce qu'elle décrit comme «des plans pour saper la cause palestinienne».
Il y a cinq mois, l’AP s'est retrouvée incapable de répondre aux obligations financières mensuelles, notamment le paiement des salaires, après avoir cessé de percevoir des recettes fiscales sur les marchandises entrant dans les territoires palestiniens, collectées par Israël en son nom. Les impôts représenteraient plus de 60 % des revenus de l’AP.
Un certain nombre d'enseignants ont été arrêtés après avoir participé à des grèves, et les responsables syndicaux ont pris leur distance vis-à-vis de ces manifestations.
M. Erzikat explique que le syndicat est en contact permanent avec l'AP pour discuter de la question du paiement des salaires. Il ajoute que la crise financière prendra fin le mois prochain. Mais le responsable a averti que le syndicat «ne serait pas en mesure de protéger les enseignants, et que tous devaient respecter la fréquentation de leurs écoles».
Cependant, les manifestants qui se réclament du Mouvement des enseignants unis ont décrit le syndicat comme «un front gouvernemental qui ne se soucie pas des enseignants».
Pour l'enseignant et militant Khaled Shabita, qui faisait partie des personnes arrêtées, les enseignants ont le droit de faire grève pacifiquement, et l'AP a tort de remettre en question leur «patriotisme» pour avoir participé à une action revendicative.
«Nous voulons un pays libre et une vie décente. Les employés font face à un choix difficile. N'ont-ils pas le droit de vivre dans la dignité, tout autant que le droit de lutter pour libérer leur pays de l’occupation?», ajoute-t-il pour Arab News.
Le Premier ministre palestinien, Mohammed Ishtayeh, avait précédemment demandé aux fonctionnaires: «Voulez-vous une patrie ou de l’argent?»
Pour le spécialiste des affaires éducatives, Ismail Muslimani, les travailleurs, y compris les enseignants, ont le droit à la grève. «La scène est devenue compliquée, l'ampleur de la tragédie est grande, et l'employé n'est pas obligé de payer le prix des politiques ratées».
Des efforts de médiation internationale seraient en cours pour obtenir une reprise des recettes fiscales pour l'AP. La masse salariale mensuelle de l’autorité est d’environ 550 millions de shekels israéliens (138 millions d’euros) pour environ 136 000 employés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Les dépenses publiques mensuelles moyennes devraient normalement dépasser 1,1 milliard de shekels.
L'économiste Ayman Abu Aisha explique que «si l'Autorité palestinienne réussit à obtenir un prêt arabe, elle n'aura alors pas besoin des recettes fiscales collectées par Israël, mais si elle ne réussit pas à le faire, l'option de recevoir les recettes sera alors son dernier recours pour régler sa crise financière.»
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com