TEHERAN : Le président iranien Ebrahim Raïssi a mis en garde Israël lundi contre toute action visant l'Iran, lors d'un discours devant des militaires à l'occasion de la Journée de l'armée à Téhéran.
"Sachez que si vous menez la moindre action contre la nation iranienne, l'objectif de nos forces armées sera le coeur du régime sioniste [Israël, NDLR]. (...) Elles ne vous laisseront pas tranquille", a déclaré M. Raïssi.
Le président iranien avait averti jeudi que l'Iran ne permettrait pas à son ennemi juré Israël de mettre en danger la sécurité de la région par le biais de n'importe quel pays, y compris l'Irak.
L'Iran juge éloigné un accord sur le dossier nucléaire, accuse Washington
La République islamique d'Iran a affirmé lundi qu'une entente avec les grandes puissances sur le dossier nucléaire était éloignée, en accusant les Etats-Unis d'être responsables du retard.
Des négociations pour sauver l'accord de 2015 encadrant le programme nucléaire civil iranien n'ont toujours pas abouti un an après leur démarrage à Vienne. Après plusieurs déclarations optimistes sur une entente imminente à Vienne, des désaccords ont réapparu ces dernières semaines principalement entre Téhéran et Washington, des ennemis jurés.
A Vienne, les négociations ont lieu entre l'Iran d'une part, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine de l'autre. Les Etats-Unis y participent indirectement par le biais de l'Union européenne.
En 2018, Washington s'est retiré unilatéralement de l'accord de 2015 en rétablissant des sanctions économiques à l'Iran. En riposte, l'Iran s'est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire dans le cadre de l'accord de 2015.
"Il y a plus d'un sujet en suspens entre l'Iran et les Etats-Unis. Les messages transmis par l'intermédiaire de M. Mora ces dernières semaines, avant et après sa visite à Téhéran, sont loin de représenter les solutions permettant de parler d'un accord", a déclaré à Téhéran le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh.
Enrique Mora, le coordinateur de l'UE chargé de superviser les pourparlers à Vienne, tente de régler les derniers points de désaccord en vue d'un règlement.
"Les Etats-Unis sont responsables de ces retards car ils tardent à donner une réponse" qui conviendrait à l'Iran, a ajouté le porte-parole iranien.
Pour parvenir à une entente à Vienne, les Iraniens réclament notamment que les Américains retirent les Gardiens de la révolution, armée d'élite de l'Iran, de leur liste des "organisations terroristes". Jusque-là Washington a refusé.
L'objectif à Vienne est de faire revenir les Etats-Unis dans l'accord de 2015 avec une levée des sanctions et de faire revenir l'Iran à ses engagements.
L'Iran a toujours nié chercher à se doter de la bombe atomique.
En mars, l'Iran a tiré une douzaine de missiles balistiques sur Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, blessant légèrement deux civils.
Les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de l'Iran, ont confirmé avoir tiré les projectiles, affirmant que l'attaque visait un "centre stratégique" utilisé par Israël.
Le gouverneur d'Erbil, Oumid Khouchnaw, a qualifié de "sans fondement" l'existence de sites israéliens à Erbil et autour, affirmant qu'"il n'y avait pas de sites israéliens dans la région".
"Sachez que la grande puissance de nos forces armées ne vous laissera pas tranquille", a lancé lundi M. Raïssi à l'encontre de l'Etat hébreu.
Téhéran avait annoncé fin janvier son intention de cesser d'utiliser le complexe dit Tesa à Karaj, à l'ouest de la capitale, visé à l'été 2021 par une attaque attribuée à Israël par la République islamique.
Jeudi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a déclaré avoir été informée par l'Iran de la mise en service d'un nouvel atelier de fabrication de composants de centrifugeuses à Natanz (centre), principal site d'enrichissement d'uranium du pays.
Ce développement survient alors que les négociations pour sauver l'accord international de 2015 sur le programme nucléaire iranien n'ont toujours pas abouti à une entente, un an après leur démarrage à Vienne.
Pour parvenir à un accord à Vienne, les Iraniens réclament notamment que les Américains retirent les Gardiens de la révolution de leur liste noire des "organisations terroristes étrangères".
Mais la droite américaine et Israël ont mis en garde Washington contre une telle décision.
Israël s'oppose a un possible retour à l'accord international de 2015 encadrant le programme nucléaire de l'Iran.