Les chrétiens arabes sont confrontés à des défis croissants en Occident

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Publié le Samedi 08 avril 2023

Les chrétiens arabes sont confrontés à des défis croissants en Occident

  • Les chrétiens arabes en Occident continuent à être confrontés à des défis croissants de discrimination et de marginalisation liés à leur identité religieuse
  • «Ce pays ne reconnaît toujours pas notre présence. Il ne reconnaît pas qui nous sommes. C'est une action que nous devons poursuivre», indique M. El-Yateem

CHICAGO: Les chrétiens arabes en Occident continuent à être confrontés à des défis croissants de discrimination et de marginalisation liés à leur identité religieuse. Il leur arrive même de ne pas être compris par d'autres chrétiens. C’est ce qu’ont reconnu des experts qui évoquaient Pâques lors d'une interview sur l'émission de radio Ray Hanania mercredi dernier.
Katherine Kelaidis, chercheuse résidente au National Hellenic Museum Chicago et spécialiste de l'identité chrétienne orthodoxe, souligne qu'une grande partie de la confusion émane de la diversité complexe des chrétiens de la Méditerranée et du Moyen-Orient.
Le révérend Khader el-Yateem, directeur de la Mission évangélique et de l'Église évangélique luthérienne d'Amérique (Elca), située en Floride, affirme qu’il existe de nombreux autres défis qui résultent d'un manque de compréhension et de reconnaissance des chrétiens arabes de la part les autres grands courants chrétiens, et de leur exclusion des grands principes américains, tels que le recensement.
«Ce pays ne reconnaît toujours pas notre présence. Il ne reconnaît pas qui nous sommes. C'est une action que nous devons poursuivre», indique M. El-Yateem, qui fait savoir que sa fille s’est vu contrainte de s'identifier comme «blanche» plutôt que comme «arabe» lorsqu'elle a postulé à l'université; elle y a été acceptée l'année dernière.
«Lorsque le recensement de 2030 sera publié, nous devrons y figurer. Nous devons changer cette demande d'admission à l'université qui stipule qu'il ne faut pas être arabe ou moyen-oriental. Nous ne voulons pas être mis dans le même sac que cette communauté blanche qui disparaît lentement aux États-Unis.»
M. El-Yateem explique à Arab News au cours de l'interview radiophonique qu’il faut faire «de la communauté arabe une entité» en rassemblant les chrétiens et les musulmans et être intelligent en s'engageant dans le dialogue et le débat politique américain.
«J'aime la communauté juive. Je déteste la politique du gouvernement israélien. Nous devons veiller à faire la distinction entre la communauté juive et le gouvernement israélien, avec ses politiques qui portent atteinte aux libertés du peuple palestinien», souligne M. El-Yateem.
Il ajoute que des efforts sont déployés pour renforcer le lien avec les musulmans, notant que, au mois de mars dernier, l'Elca a publié une déclaration par laquelle elle présentait ses excuses à la communauté musulmane pour les persécutions auxquelles s’est livrée «l'Église chrétienne».
Il précise que les chrétiens arabes doivent mieux faire pour apprendre aux Américains qui ils sont, ajoutant que de nombreux chrétiens croient que les chrétiens arabes se sont convertis au christianisme à partir de l'islam et qu’ils supposent que tous les Arabes sont musulmans.
«Les Américains doivent comprendre que tous les Arabes ne sont pas musulmans et que tous les musulmans ne sont pas arabes», estime M. El-Yateem, qui s'identifie comme chrétien par sa religion et musulman par sa culture.
L'un des facteurs qui contribuent aux malentendus que de nombreux chrétiens occidentaux entretiennent avec les chrétiens arabes et méditerranéens vient des divisions qui séparent les communautés religieuses chrétiennes, notamment entre l'Occident chrétien et l'Orient chrétien orthodoxe.
«Il y a un manque général de compréhension en Amérique. Le christianisme américain est une forme ethnique de christianisme. Mais on ne l'appelle pas ainsi. Si vous allez dans une immense église, vous pratiquez une forme de christianisme», déclare Mme Kelaidis.
«Je pense qu'il y a en Amérique un manque de compréhension des complexités, au-delà du protestantisme et du catholicisme. J'entends même des gens dire: “Êtes-vous catholique ou chrétien?” Les catholiques sont des chrétiens. Je pense qu'il y a une réelle ignorance du christianisme oriental [orthodoxe].»
Mme Kelaidis indique que, de manière ironique, le conflit en Ukraine oblige les Américains à s'intéresser de plus près aux chrétiens orthodoxes orientaux et à essayer de comprendre en quoi l'Église orthodoxe ukrainienne et l'Église orthodoxe russe diffèrent.
Par exemple, alors que la plupart des chrétiens occidentaux célèbrent Pâques le dimanche 17 avril, de nombreux chrétiens orthodoxes le fêtent une semaine plus tard, le 24 avril.
Selon Mme Kelaidis, les défis sont «compliqués» par l'extrême diversité des chrétiens arabes et méditerranéens. Ces différences sont dues aux différences entre l'ancien calendrier julien, qui remonte à l'Empire romain, et le nouveau calendrier grégorien, qui a été modifié au XIXe siècle, explique-t-elle.
«Le calendrier est devenu un point de discorde», souligne-t-elle.
«Ainsi, il y a des groupes qui ne reconnaissent pas le calendrier, et d’autres qui se réclament de l’ancien. Leur point de discorde initial est le changement de calendrier.»
M. El-Yateem soutient que les chrétiens arabes doivent œuvrer pour relever les défis et devenir plus actifs dans les sociétés occidentales comme l'Amérique.
«La communauté arabe chrétienne aux États-Unis a dû lutter. Beaucoup d'entre eux venaient d'un milieu où ils pensaient qu'ils viendraient en Amérique et qu’ils seraient accueillis à bras ouverts. Or, ils sont confrontés à la dure réalité suivante: issus de ce milieu arabe, ils ne seront pas intégrés», déplore M. El-Yateem.
«Vous [...] êtes étiquetés. Nous essayons donc de travailler très dur avec notre communauté sur l'éducation et l'autonomisation, et surtout sur l'engagement: faire partie de l'école de votre enfant, du processus démocratique local; s'impliquer dans sa communauté. C'est ainsi que nous serons entendus, que nous pouvons obtenir du pouvoir et être représentés.»
Cependant, tous deux s'accordent à dire que Pâques est un moment où les chrétiens arabes et méditerranéens vont renforcer leur foi, se rassembler dans leur croyance, sinon s’entendre sur leur calendrier, et affronter ensemble les défis de la société occidentale.
Le chef palestino-américain Tariq Nasir, dont le père était palestinien et originaire des environs de Jérusalem et la mère une Américaine du Michigan, a exposé l’une des façons de faire. Il rappelle que la cuisine du Moyen-Orient est une assise de la communauté arabe et, pour les chrétiens, une célébration de Pâques.
Le plat le plus populaire à Pâques, selon M. Nasir, est la préparation du maamoul, un dessert arabe sucré rempli de noix ou de dattes sucrées. Les enfants arabes chrétiens les appelaient les «slammer cookies» («biscuits de prison»), parce que leurs mères mettaient le mélange dans un moule en bois sculpté et le frappaient ensuite sur la table pour le faire cuire.
La cuisine est au cœur de l'identité culturelle arabe, souligne-t-il: «Je pense que c'est parce qu'elle rassemble tout le monde. Quand j'étais enfant, toute la famille allait chez ma grand-mère et tout le monde était là, tous ses enfants, puis les enfants de ses enfants, et nous nous asseyions tous autour de la table. Et chacun se passait les plats. C’est le moment où tout le monde peut se retrouver. Et les Arabes, comme vous le savez, sont très sociaux et aiment les autres.»
M. El-Yateem, Mme Kelaidis et M. Nasir étaient les invités du Ray Hanania Radio Show, diffusé sur quatre stations de radio américaines à Détroit, Washington, D.C., Ontario et Chicago. Il est proposé par l’Arab American Radio Network et sponsorisé par Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.