MONTRÉAL Depuis lundi, le passage d’un nuage de sable au-dessus de la France est signalé par les météorologues, mais mercredi, son importance est moindre qu’en mars dernier.
Visibles en très faibles quantités au sol ou dans le ciel, ces poussières de sable du Sahara ont été observées depuis mardi soir dans l’Indre ou dans plusieurs communes des Pyrénées. C’est déjà la troisième fois qu’un tel nuage touche la France, depuis environ un mois. Certains experts affirment qu’il faudrait s’attendre à la multiplication de ce phénomène météorologique.
? L'image satellite de ce matin du 13 avril 2022 trahit la présence de #sable du #Sahara en France. Les nuages élevés denses et prenant un aspect "granuleux" sont un marqueur de la présence de ces poussières désertiques. (via Sat24) pic.twitter.com/3pNXL9sv7J
— Guillaume Séchet (@Meteovilles) April 13, 2022
«C’est un phénomène naturel qui se produit de plus en plus fréquemment au fil des années. Aux périodes froides liées à la plongée d’air polaire succèdent des épisodes de douceur provoqués par la remontée d’air saharien», a déclaré le météorologue Gilles Matricon sur la chaîne CNews.
Le sable du Sahara traverse la Méditerranée
Des tempêtes dans le désert du Sahara créent des rafales de vent à la surface du sol, qui emportent des particules de sable et de poussière. Les petites particules restent dans l'air grâce à la différence de température entre l'air chaud en hauteur et le sol qui se refroidit, tandis que les plus lourdes retombent. Le vent emporte ensuite ces particules vers la péninsule Ibérique et le bassin méditerranéen.
Selon Météo France, ces poussières présentes dans l’air s’ajoutent aux autres particules polluantes et contribuent à la dégradation de la qualité de l'air. Elles sont récurrentes, surtout à la fin de l'hiver et au début du printemps.
Les tempêtes de sable, conséquence du réchauffement climatique
Ces tempêtes de sable pourraient s’intensifier avec le changement climatique. Cela peut avoir de graves conséquences sur la qualité de l’air et les écosystèmes. Selon une étude publiée en 2019, les glaciers exposés à ces poussières risquent de devenir plus foncés, ce qui réduirait leur capacité de réflexion des rayonnements du soleil vers l’espace (l’albédo) et pourrait donc accélérer le réchauffement climatique.
Ces nuages de sable sont également synonymes de mauvaise qualité de l’air, ce qui joue un rôle dans certains écosystèmes comme les plantes ou les océans en raison des minéraux qu’ils transportent.
Du césium 137 avec des résidus radioactifs
On entend souvent dire que ce nuage de sable venu du Sahara est «radioactif». En effet, les poussières transportées par ce type de tempête contiennent bien du césium 137, un élément radioactif. Cependant, sa concentration dans l’air est si faible qu’il ne représente aucun danger pour la santé.
Le niveau de particules radioactives est en effet considéré comme «négligeable» par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). «La radioactivité dans l’air en France va être un million de fois plus faible que ce qui avait été observé lors de l’accident de Tchernobyl», explique Jean-Christophe Gariel, le directeur du département «Environnement» à l’IRSN au HuffPost.
Impact sur la santé
Naturellement, la présence de poussières de sable dans l'air altère la qualité de ce que l'on respire.
Ces tempêtes de sables peuvent être associées à une augmentation des cas d'asthme, voire des problèmes oculaires de type conjonctivites. Elles peuvent s’infiltrer dans les poumons et représenter un vrai risque pour les personnes fragiles (personnes âgées, asthmatiques, jeunes enfants...). «Les particules de sable inhalées peuvent servir de véhicules aux bactéries, virus pathogènes (...) Elles favorisent aussi l’inflammation des voies respiratoires inférieures, ce qui peut compliquer des infections respiratoires ou pneumopathies chronique», a alerté le biologiste Claude Gustave le 15 mars sur Twitter.
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— Claude-Alexandre GUSTAVE (@C_A_Gustave) March 15, 2022
En ces temps de Sirocco (plusieurs millimètres de sable à Lyon aujourd'hui), petit rappel de l'intérêt du masque !
Le Sirocco facilite la transmission des pathogènes par voie respiratoire.
En Afrique il est associé à la "saison des méningites"...
Ces pics de pollution causés par des phénomènes naturels, comme les vents de sable du Sahara, restent rares. La grande majorité sont dus à la pollution des activités humaines, précise le ministère de la Santé. L'Agence française de santé publique estime qu'au moins 8 000 personnes meurent chaque année à cause de particules fines de l’air, soit 9% des décès à l'échelle nationale.