Tant que la direction théocratique du pays sera au pouvoir, il est très peu probable que le régime iranien renonce à poursuivre ses ambitions nucléaires ou qu’un quelconque accord mette fin à la menace nucléaire de Téhéran.
En examinant le dossier nucléaire du régime iranien, il devient évident que la réalisation de ses ambitions nucléaires représente une priorité absolue pour Téhéran.
En 1984, cinq ans après son arrivée au pouvoir, le régime semblait faire de l'avancement de son programme nucléaire une priorité de son ordre du jour. Au cours de la décennie suivante, il a commencé à travailler sur son programme nucléaire avec l'aide d'intermédiaires tels que la Russie, la Chine et le Pakistan. En 2005, le chef de l'Organisation de l'énergie atomique iranienne, Gholamreza Aghazadeh, a reconnu le fait que le Pakistan avait aidé Téhéran. Il avait déclaré: «J'ai des informations selon lesquelles, il y a quelques années, par le biais d'intermédiaires, nous avons reçu des pièces pour les centrifugeuses.» Selon les renseignements américains, A.Q. Khan, qui était connu comme le père du programme nucléaire pakistanais, a vendu sa connaissance du sujet et son équipement à la Corée du Nord, à la Libye et à l'Iran, pour plus de 50 millions de dollars (1 dollar = 0,92 euro).
Depuis lors, le régime iranien progresse régulièrement et investit dans son programme nucléaire depuis plus de trois décennies. Il est désormais proche du seuil nucléaire. On estime que le régime n’est qu’à quelques semaines d’obtenir les matériaux de qualité militaire nécessaires à une arme nucléaire.
Le New York Times a rapporté ce qui suit: «L’Iran est à un mois de disposer de suffisamment de matériel pour alimenter une arme nucléaire, franchissant un seuil qui pourrait faire pression sur les États-Unis et leurs alliés pour qu’ils améliorent les conditions d'un accord potentiel visant à rétablir l’accord nucléaire de 2015.» Par ailleurs, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a déclaré l'année dernière aux ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, lors d'un exposé de la situation, au ministère israélien des Affaires étrangères à Jérusalem, que le régime iranien «n'était qu'à dix semaines environ de l'acquisition de matériaux de qualité militaire nécessaires pour une arme nucléaire».
Le régime iranien a prétendument réduit son programme nucléaire pendant certaines périodes, mais il est essentiel d’en comprendre les raisons. De telles interruptions du programme nucléaire iranien ne se sont produites que pendant une courte période et pour deux raisons importantes.
La première est liée aux sanctions économiques drastiques qui menaçaient l'emprise des religieux au pouvoir, forçant la direction du pays à évaluer à nouveau ses priorités. Les sanctions antérieures à l'accord sur le nucléaire de 2015 étaient importantes, car elles mettaient en danger l'emprise du clergé au pouvoir, et ont finalement amené les dirigeants iraniens à la table des négociations entre 2013 et 2015.
Il y a eu quatre séries de sanctions. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies ont appelé à l'unanimité tous les pays à geler les avoirs financiers des entités iraniennes liées au programme nucléaire, à interdire l'importation et l'exportation par l'Iran de «matières et équipements nucléaires sensibles», et à sanctionner la fourniture ou la vente d’équipements et de technologies qui y sont liés. Ils ont également imposé des restrictions sur les transactions bancaires iraniennes et ont appelé les pays à inspecter les navires et les avions-cargos iraniens lorsqu'il y avait des motifs raisonnables de croire que le régime faisait passer clandestinement des produits interdits.
Cependant, après que le régime iranien a réussi à faire lever ces sanctions économiques majeures imposées par les puissances mondiales, il a s’est remis à poursuivre secrètement ses ambitions nucléaires, même dans le cadre de l'accord sur le nucléaire. À titre d’exemple, la détection de particules radioactives à Turquzabad, la réticence de l'Iran à répondre à des questions simples sur cette installation secrète et des preuves non partisanes sur les activités nucléaires de l'Iran sur ce lieu indiquent que Téhéran a très probablement violé l'accord nucléaire de 2015 depuis son entrée en vigueur.
«On estime que Téhéran n'est qu'à quelques semaines d'obtenir les matériaux de qualité militaire nécessaires à une arme nucléaire.»
Dr Majid Rafizadeh
La deuxième raison pour laquelle le régime iranien a peut-être réduit la réalisation de ses ambitions nucléaires est la crainte d'opérations militaires contre lui. Par exemple, après l'invasion de l'Irak par les États-Unis en 2003, les dirigeants iraniens se sont précipités pour proposer à l'administration Bush un accord qui aurait mis un frein à leur programme nucléaire. C'était probablement parce que le régime craignait que les États-Unis n'attaquent ensuite l'Iran ou ses installations nucléaires. En fait, le président américain de l'époque, George Bush, avait considéré la possibilité du bombardement de l'Iran, comme il l'a souligné dans ses mémoires: «J'ai demandé au Pentagone d'étudier ce qui serait nécessaire pour une frappe. Ce serait pour arrêter le processus de la bombe, au moins temporairement.»
En conclusion, ne vous attendez pas à ce que le régime iranien renonce à ses ambitions nucléaires. De plus, il est fort peu réaliste de s'attendre à ce qu'un quelconque accord entre les puissances mondiales et l'Iran force le régime à arrêter son programme nucléaire, dans lequel il investit depuis plus de trois décennies.
Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique sont personnelles et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com