Pakistan: Shehbaz Sharif élu Premier ministre, lors d'une séance boycottée par l'opposition

Shehbaz Sharif prend la parole après avoir remporté un vote parlementaire pour élire un nouveau Premier ministre, à l'Assemblée nationale, à Islamabad, le 11 avril 2022. (Reuters)
Shehbaz Sharif prend la parole après avoir remporté un vote parlementaire pour élire un nouveau Premier ministre, à l'Assemblée nationale, à Islamabad, le 11 avril 2022. (Reuters)
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Publié le Lundi 11 avril 2022

Pakistan: Shehbaz Sharif élu Premier ministre, lors d'une séance boycottée par l'opposition

Shehbaz Sharif prend la parole après avoir remporté un vote parlementaire pour élire un nouveau Premier ministre, à l'Assemblée nationale, à Islamabad, le 11 avril 2022. (Reuters)
  • Shehbaz Sharif a été élu lundi Premier ministre du Pakistan lors d'une séance à l'Assemblée nationale boycottée par l'opposition
  • Le Premier ministre indien Narendra Modi l'a en retour félicité pour son élection, et a appelé à «la paix et la stabilité dans une région libérée de la terreur»

ISLAMABAD: Shehbaz Sharif a été élu lundi Premier ministre du Pakistan lors d'une séance à l'Assemblée nationale boycottée par l'opposition, mais le pays n'en a sans doute pas fini avec les soubresauts politiques tant son prédécesseur Imran Khan entend lui mener la vie dure. 

Chef de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), M. Sharif, âgé de 70 ans et frère cadet de Nawaz Sharif, qui fut trois fois Premier ministre, a recueilli 174 voix dans une Assemblée qui compte 342 sièges. 

Il succède à la tête de cette république islamique de 220 millions d'habitants dotée de l'arme nucléaire à M. Khan, 69 ans, qui a été renversé dimanche par une motion de censure, une première dans l'histoire du pays. 

La séance a été boycottée par la grande majorité des députés du parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), qui ont aussi annoncé leur démission de l’Assemblée, à l’instar de l'ex-Premier ministre. 

"C'est la victoire de la rectitude et le mal a été vaincu", a salué le nouveau chef du gouvernement, qui a immédiatement annoncé plusieurs mesures destinées à satisfaire la population, comme le relèvement du salaire minimal à 25 000 roupies (125 euros) par mois, des hausses de salaires pour les fonctionnaires et des projets de développement en zone rurale. 

M. Sharif a reçu le soutien d'une coalition hétérogène, qui comprend notamment aussi le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Bilawal Bhutto Zardari, fils de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007, et le petit parti religieux conservateur Jamiat Ulema-e-Islam (JUI-F) de Maulana Fazlur Rehman. 

La PML-N et le PPP, deux partis fondés sur des dynasties familiales, ont dominé la vie politique nationale pendant des décennies, se partageant le pouvoir dans les périodes où le pays, indépendant depuis 1947, n'était pas soumis à un régime militaire. 

Affaires de corruption

Il reste donc à voir comment ces deux formations longtemps rivales, qui s'étaient associées dans le seul but de faire chuter Imran Khan, parviendront à gouverner ensemble. 

"L'histoire montre qu'il n'y a pas de convergence idéologique entre eux", a prévenu l'ex-ministre des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, qui était le candidat du PTI au poste de Premier ministre mais n'a obtenu aucune voix. Il a dénoncé un "processus illégitime", avant de quitter la salle avec ses camarades avant le vote. 

Shehbaz Sharif est considéré comme moins charismatique que son frère Nawaz, mais aussi moins rigide et plus susceptible de faire les compromis nécessaires pour rester au pouvoir.  

Il était le leader de l'opposition le plus acceptable aux yeux de l'armée, qui reste la clé du pouvoir politique dans ce pays ayant passé plus de trois décennies sous sa direction. 

Comme Nawaz, destitué en 2017 pour corruption présumée et emprisonné, puis libéré deux ans plus tard pour raisons médicales et qui vit depuis en exil au Royaume-Uni, Shehbaz Sharif a été lié à des affaires de corruption. Il a été arrêté et emprisonné en septembre 2020, mais libéré sous caution près de six mois plus tard. Son procès est toujours en attente. 

La PML-N accuse l'armée d'avoir fait tomber le gouvernement de Nawaz en faisant pression sur le système judiciaire, et Imran Khan, qui aurait été porté au pouvoir en 2018 avec le soutien des militaires, d'avoir poursuivi cette vendetta à l'encontre de Shehbaz. 

Le futur Premier ministre devra maintenir la cohésion de son camp, mais aussi composer avec la difficile situation économique du pays, avec une inflation élevée, une roupie en dépréciation constante - même si elle s'est ressaisie lundi, comme la Bourse qui a connu un plus haut historique sur une journée - et une dette qui se creuse. 

Polarisation de la société 

La dégradation de la sécurité, avec la multiplication des attaques menées par le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, sera également l'une de ses principales préoccupations. 

Imran Khan, qui a tout fait pour s'accrocher au pouvoir, quitte à accentuer la polarisation de la société pakistanaise, devrait rester une épine dans le pied du nouveau gouvernement.  

Il n'a cessé de se dire la victime d'un "changement de régime" orchestré par les Etats-Unis en raison de ses critiques à l'égard de la politique américaine en Irak ou en Afghanistan, avec la complicité de l'opposition.  

M. Khan, qui entend mobiliser la rue pour obtenir des élections anticipées, a promis la semaine dernière de ne jamais accepter "ce gouvernement importé".   

Nombre de Pakistanais, qui avaient donné en 2018 leurs voix à M. Khan pour sa dénonciation de la corruption des élites symbolisée par la PML-N et le PPP, restent sensibles à ce discours et s'inquiètent du retour en grâce de ces deux partis. 

Shehbaz Sharif a par ailleurs assuré qu'il voulait améliorer les relations avec le voisin indien, notamment sur le Cachemire. 

Le Premier ministre indien Narendra Modi l'a en retour félicité pour son élection, et a appelé à "la paix et la stabilité dans une région libérée de la terreur". 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.