Pakistan: Imran Khan, défait par une motion de censure, quitte le pouvoir

Dimanche, Imran Khan est devenu le premier Premier ministre pakistanais à perdre un vote de censure (Photo, AFP/Reuters)
Dimanche, Imran Khan est devenu le premier Premier ministre pakistanais à perdre un vote de censure (Photo, AFP/Reuters)
Short Url
Publié le Dimanche 10 avril 2022

Pakistan: Imran Khan, défait par une motion de censure, quitte le pouvoir

  • Aucun Premier ministre n’est jamais allé au bout de son mandat au Pakistan
  • Imran Khan, 69 ans, a tout tenté jusqu'à la dernière minute pour se maintenir au pouvoir

ISLAMABAD : Le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, a été renversé dimanche par une motion de censure votée à son encontre par l'Assemblée nationale, à l'issue de plusieurs semaines de crise politique et d'une dernière journée sous très haute tension.

Aucun Premier ministre n’est jamais allé au bout de son mandat au Pakistan, depuis l’indépendance du pays en 1947, mais Imran Khan, au pouvoir depuis 2018, est le premier à tomber sur un vote de défiance.

La motion a été "approuvée" par 174 des 342 députés, a annoncé le président par intérim de la chambre, Sardar Ayaz Sadiq.

Shehbaz Sharif, le leader de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) et frère cadet de Nawaz Sharif, qui fut trois fois Premier ministre, lui succédera selon toute vraisemblance à la tête de cette république islamique de 220 millions d'habitants dotée de l'arme nucléaire. Il devrait être confirmé lundi à ce poste par l'Assemblée.

Imran Khan, 69 ans, célèbre pour avoir mené l'équipe nationale de cricket, sport roi dans le pays, à sa seule victoire en Coupe du monde en 1992, a tout tenté jusqu'à la dernière minute pour se maintenir au pouvoir.

Toute la journée de samedi, ses soutiens ont cherché à retarder l'inéluctable, même s'ils savaient déjà ne plus avoir la majorité, certains des alliés dans la coalition au pouvoir du parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), ayant fait défection depuis plusieurs jours.

Pakistan: les défis qui attendent le prochain Premier ministre

Quel que soit le nom du Premier ministre pakistanais amené à succéder à Imran Khan, tombé dimanche sur une motion de censure, d'immenses défis attendent le prochain gouvernement.

Les difficultés économiques, une recrudescence des attentats et une relation orageuse avec les Etats-Unis figureront en haut de la liste de ses priorités.Le creusement de la dette, une inflation galopante et la forte dépréciation de la roupie ont coïncidé avec une croissance économique atone ces trois dernières années.

Le Pakistan est également confronté depuis quelques semaines au retour en force du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, galvanisés par l'arrivée au pouvoir des talibans en août 2021 en Afghanistan.

Les deux camps n'ont cessé de s'invectiver, le ministre des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, passant notamment une bonne partie de l'après-midi au pupitre pour défendre la position du gouvernement, dans un bel exercice d'obstruction parlementaire.

Déjà ajournée en fin de matinée, la séance l'a été une nouvelle fois en fin d'après-midi, le président de l'Assemblée demandant aux députés de revenir après l'"iftar", le repas du soir rompant le jeûne du ramadan.

De folles rumeurs 

Les échanges houleux ont continué en soirée, alors que les rumeurs les plus folles agitaient la capitale Islamabad, placée sous très forte surveillance sécuritaire.

Dans un énième rebondissement, le président de l'Assemblée et son adjoint, alliés indéfectibles de M. Khan depuis le début de la crise, ont démissionné sous la pression, après avoir fait tout leur possible pour empêcher la tenue du vote.

Un autre parlementaire a pris leur place et la motion a dès lors pu être soumise au vote peu après minuit, non sans que les députés PTI aient décidé de quitter la chambre.

"Nous mettrons du baume sur les plaies de la Nation", a immédiatement promis Shehbaz Sharif, devant le reste de l'opposition extatique.

Ces blessures sont béantes tant les événements des dernières semaines et cette ultime journée irrationnelle ont exacerbé les divisions de la société pakistanaise.

Vendredi soir, M. Khan avait assuré dans une adresse à la Nation avoir "accepté le jugement de la Cour suprême" exigeant la tenue de ce vote sur la motion de censure.

La Cour avait considéré que ses alliés avaient agi illégalement en refusant dimanche dernier de soumettre cette motion au vote, au motif qu'elle résultait d'une "ingérence étrangère", et en décidant de dissoudre l'Assemblée, ce qui ouvrait la voie à des élections anticipées sous trois mois.

Conspiration américaine 

La plus haute instance judiciaire du pays avait ordonné que l'Assemblée soit restaurée et que le vote sur la motion de censure ait lieu.

Dans son discours de vendredi, Imran Khan avait répété ses accusations des derniers jours, encore ressassées samedi par M. Qureshi, selon lesquelles il avait été la victime d'une conspiration ourdie par les Etats-Unis.

Il a accusé de trahison la PML-N et le Parti du peuple pakistanais (PPP), les deux partis qui ont dominé avec l'armée la vie politique nationale pendant des décennies, pour avoir selon lui intrigué avec les Etats-Unis afin d'obtenir son départ. Washington a nié toute implication.

A l'en croire, les Etats-Unis, déjà offusqués de ses critiques répétées à l'encontre de la politique américaine en Irak ou en Afghanistan, ont été ulcérés par sa visite à Moscou le jour même du déclenchement de la guerre en Ukraine.

Quel que soit le nom du successeur d'Imran Khan, une lourde tâche l'attend. Les défis sont nombreux, à commencer par une économie en berne et la multiplication des attaques menées par le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais. 

Et son gouvernement pourrait n'avoir qu'une courte durée de vie. L'opposition s'était par le passé dite favorable à des législatives anticipées, mais seulement après avoir obtenu le départ de M. Khan. Ces élections doivent impérativement être convoquées d'ici octobre 2023, mais une fois au pouvoir elle sera en mesure de fixer le calendrier électoral lui convenant le mieux.

L'armée, clé du pouvoir politique dans ce pays qui a passé plus de trois décennies sous un régime militaire, et qui avait été accusée de soutenir M. Khan en 2018, n'est pas publiquement intervenue ces derniers jours.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.