PARIS: Les douze candidats à la présidentielle française jettent leurs dernières forces dans la bataille pour convaincre les électeurs avant le premier tour dimanche, alors que l'écart s'est resserré entre les deux favoris, le président sortant Emmanuel Macron et son adversaire d'extrême droite Marine Le Pen.
Deux grands défis s'imposent avant la fin officielle, vendredi à minuit, de cette première partie de campagne - qui sera suivie d'un second tour le 24 avril - : mobiliser leurs partisans alors que l'abstention pourrait flirter ou dépasser le record de 2002 (28,4%) et aller chercher les indécis, qui représentent un tiers des personnes certaines d'aller voter.
Pour y parvenir, ils se démultiplient dans les réunions publiques ou dans les médias.
D'après les différents sondages, les deux candidats qui devraient se hisser au second tour sont Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui a mené une campagne de terrain, sans grand-messe électorale, axée sur le pouvoir d'achat, principale préoccupation des Français.
L'écart entre ces deux candidats au second tour dans les sondages va en se réduisant.
« On voit la dynamique de Marine Le Pen, il faudra mettre le turbo au 2e tour », a reconnu à l'AFP un conseiller de la campagne Macron.
Emmanuel Macron est lui entré en campagne tardivement, d'abord par calcul politique, puis accaparé par la guerre en Ukraine. Son objectif est de ne pas trop s'impliquer dans la bagarre du premier tour pour se concentrer sur le second.
Il prend garde à ne pas avoir de débats directs avec les autres candidats, ce qui a fait dire jeudi au candidat communiste Fabien Roussel que la campagne était »sous morphine » et que le refus de débattre du président était « grave ».
55% de « mécontents »
Marine Le Pen tenait elle jeudi soir un meeting à Perpignan, dans le sud de la France, une ville acquise à son parti.
« Pour changer de politique, il faut changer les politiques ! », a-t-elle lancé en « conjurant » avec « solennité » les électeurs à se rendre aux urnes.
Selon un sondage Rolling Ifop Fiducial publié jeudi soir, le président sortant ne l'emporterait qu'avec 52% contre 48% pour Marine Le Pen, l'écart le plus faible depuis le 10 janvier pour cet institut, qui se situe dans la marge d'erreur.
Depuis plusieurs années, Marine Le Pen polit l'image autrefois abrasive de son parti, et profite de son choix de faire campagne sur le pouvoir d'achat, tout comme d'autres candidats.
« Elle a mûri, rien avoir avec son papa », a déclaré Alain, un retraité de Perpignan.
« Elle est prête », jugeait au meeting Brent van Pelt, un agent immobilier de 23 ans.
« Son énergie me plaît » déclarait Carole David, une retraitée. « Elle est plus modérée (...) sereine », fait elle valoir, ajoutant que le plus important pour elle était « le pouvoir d'achat ».
C'est en effet le principal enjeu pour les électeurs, d'après différentes études.
La guerre en Ukraine, elle, « n'a pas véritablement le même statut que les questions de pouvoir d'achat, d'environnement, et même les questions d'immigration et de sécurité », a souligné Martial Foucault, directeur du Cevipof, sur la chaîne Public Sénat.
« Le vote est un moment où on révèle un certain nombre de crispations, de mécontentements, la colère peut se manifester dans le vote ou dans le non-vote, en privilégiant les formes d'abstention », selon M. Foucault.
Sur le pouvoir d'achat, le président-candidat a promis mercredi soir d'indexer les retraites sur l'inflation « dès cet été », sans attendre l'indexation annuelle en janvier, tout en réaffirmant qu'il faudrait mener la réforme des retraites « à l'automne ».
« Notre objectif est d'abord de conforter notre avance, éviter qu'elle (Marine Le Pen) soit devant au premier tour », a confié un membre de la majorité présidentielle.
Derrière Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon est aussi en progression régulière dans les sondages, sans pour autant parvenir à accrocher la deuxième place.
Mais il met les bouchées double et son parti La France insoumise (LFI) multiplie les réunions publiques, au moins une dans chaque département.
L'autre candidat d'extrême droite Eric Zemmour, celle de droite Valérie Pécresse et l'écologiste Yannick Jadot ont eux décroché, selon les sondages. Ils tiennent tous des meetings dans différentes villes.
Au final, « on a une configuration qui est extrêmement difficile à analyser » estime M. Foucault, tout en relevant que « la marche est très très haute entre les candidats » qui occupent les trois premières places d'après les sondages. Celui de Cevipof donne M. Macron à 26,5%, Mme Le Pen à 21,5% et M. Mélenchon à 16%.