L'assouplissement des restrictions imposées aux Palestiniens pendant le ramadan, une ruse israélienne?

Les forces de sécurité israéliennes arrêtent un jeune Palestinien à l’occasion d'affrontements survenus devant la Porte de Damas, qui mène à la Vieille Ville de Jérusalem, le 6 avril 2022. (Ahmad Gharabli/AFP)
Les forces de sécurité israéliennes arrêtent un jeune Palestinien à l’occasion d'affrontements survenus devant la Porte de Damas, qui mène à la Vieille Ville de Jérusalem, le 6 avril 2022. (Ahmad Gharabli/AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 07 avril 2022

L'assouplissement des restrictions imposées aux Palestiniens pendant le ramadan, une ruse israélienne?

  • Pendant le mois sacré, certains Palestiniens ont été autorisés à se rendre à Jérusalem et à prier à la mosquée Al-Aqsa le vendredi
  • Les experts en sécurité ont critiqué la tentative israélienne d'appeler l'Autorité palestinienne à apaiser les tensions et à réduire la menace de violence

RAMALLAH: La décision prise cette semaine par le gouvernement israélien qui consiste à assouplir certaines des restrictions imposées aux Palestiniens de Cisjordanie pendant le ramadan a suscité des critiques.
Ce gouvernement israélien prive les Palestiniens de leurs droits et les remplace par des «services en échange de la sécurité», a expliqué à Arab News Adnan al-Damiri, général de division à la retraite, ancien porte-parole des services de sécurité de l'Autorité palestinienne (AP) et membre du Conseil révolutionnaire du Fatah.
Pendant le mois sacré, certains Palestiniens ont été autorisés à se rendre à Jérusalem et à prier à la mosquée Al-Aqsa le vendredi. Cette décision, annoncée mardi par l'administration du Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a été prise après une évaluation de la sécurité par de hauts responsables militaires.
Les femmes de tous âges, les enfants jusqu'à 12 ans et les hommes de 50 ans et plus seront libres d'entrer dans la mosquée le vendredi pendant le ramadan. Les hommes âgés de 40 à 49 ans devront obtenir un permis valide.
L'assouplissement des restrictions est lié à la situation sécuritaire et sera réévalué la semaine prochaine, indiquent des sources israéliennes.
«La question palestinienne n'est pas une question de service; il s’agit plutôt d’une question politique basée sur le droit à l'autodétermination, que le gouvernement ne veut pas reconnaître, le cantonnant à la question des services», a déclaré Al-Damiri.
Il a ajouté que l'administration de Bennett est le pire gouvernement que les Palestiniens aient connu dans toute l'histoire du conflit israélo-palestinien. Elle «est basée sur des promesses fausses et vaines», a-t-il estimé: elle n'a rien fait – que ce soit en matière d'économie, de santé ou d'amélioration de la vie des Palestiniens – qui puisse la différencier de l'autorité précédente, dirigée par Benjamin Netanyahou.
«Alors que le gouvernement israélien a tué cinquante-sept Palestiniens en trois mois, parmi lesquels six enfants, et qu’il poursuit sa politique d'expansion des colonies et de violence des colons contre les Palestiniens, il vient nous vendre de faux slogans sur l'octroi de facilités illusoires», s’est indigné Al-Damiri.
Entre-temps, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a rencontré le président palestinien, Mahmoud Abbas. Il lui a dit qu'Israël prenait au sérieux les récents attentats au cours desquels onze personnes ont été tuées. Cette période de l'année «n'est pas le moment pour le terrorisme» et doit se passer dans le calme, a-t-il dit.
Gantz a également déclaré que les autorités continueront à agir de manière décisive pour protéger les colons en Cisjordanie. «Israël est prêt à étendre ses procédures civiles pendant et après le ramadan tant que la sécurité et la stabilité le permettent», a-t-il indiqué.
Les experts en sécurité ont critiqué la tentative israélienne d'appeler l'Autorité palestinienne à apaiser les tensions et à réduire la menace de violence; ils ont souligné le fait que les politiques du précédent et de l’actuel gouvernement avaient affaibli l'AP et ses services de sécurité.
Les forces de l'AP, ont-ils estimé, ont perdu leur statut et leur respect au sein de la population et, maintenant que les Israéliens leur demandent d'aider à contrôler la situation, elles sont dans l’incapacité de le faire, même si elles le voulaient.
La décision israélienne d'assouplir les restrictions imposées à certains Palestiniens pendant le ramadan intervient alors que certains appellent à une fermeture complète de la Cisjordanie, à une répression des manifestants, au retrait des permis d'entrée pour les proches de ceux qui commettent des attentats contre Israël et à un recours accru à la force contre ceux qui refusent de se soumettre.
«La décision a été prise avant la récente vague d'escalade. Mais, malgré ces événements, il a été décidé de maintenir les installations pour tenter de contenir l'escalade», a déclaré Eyal Alima, expert et analyste israélien de la défense, à Arab News.
Il a déclaré que le raisonnement qui était derrière cette décision représentait une tentative pour mettre le plus de distance possible entre tout affrontement violent susceptible d’éclater «et la majorité de la population qui veut mener une vie normale».
Les décisions gouvernementales qui affectent la vie des civils alimentent souvent la colère et le ressentiment des Palestiniens, a-t-il ajouté, poussant certains d'entre eux à affronter l'armée israélienne. Les autorités tentent donc d'éviter, autant que possible, d'enflammer la situation par des moyens qui ont un faible impact politique pour elles.
«Israël essaie autant qu'il le peut d'améliorer les conditions économiques, de permettre aux travailleurs de partir, et, pendant de nombreuses années, il a même ignoré la sortie de personnes non autorisées à travers des brèches dans la clôture», a précisé Alima.
«Par conséquent, l'accomplissement des prières à Al-Aqsa sert les intérêts israéliens à cet égard, car le public palestinien, en général, veut accomplir les rituels du ramadan, faire la fête et vivre sa vie normalement sans subir l'occupation israélienne.»
«Israël ne perd rien; il peut reconsidérer et annuler les services à tout moment.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".