Processus de paix entre Palestiniens et Israéliens: l’administration Biden travaille en coulisse

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a reçu l'année dernière le secrétaire d'État adjoint américain aux Affaires israéliennes et palestiniennes, Hady Amr, à Ramallah. (Photo, AFP)
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a reçu l'année dernière le secrétaire d'État adjoint américain aux Affaires israéliennes et palestiniennes, Hady Amr, à Ramallah. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 01 avril 2022

Processus de paix entre Palestiniens et Israéliens: l’administration Biden travaille en coulisse

  • L'administration Biden rassemble des «centaines» d'Arabes américains, dont plusieurs dizaines occupant de hautes fonctions comme Hady Amr
  • «La paix ne figure pas toujours dans les gros titres. Il s'agit de développer et de répondre aux besoins qui affectent la vie des gens ordinaires», a souligné Amr

CHICAGO: L'administration Biden fait discrètement avancer les choses dans le but de rapprocher les Israéliens et les Palestiniens. Elle travaille dans les coulisses pour améliorer la vie des gens, a déclaré Hady Amr, secrétaire d'État adjoint aux Affaires israéliennes et palestiniennes, dans une interview exclusive accordée à Arab News.

En définissant ses responsabilités comme «la coordination de la politique étrangère américaine vis-à-vis d’Israël et des Palestiniens», Amr a signalé que le président américain, Joe Biden, et le secrétaire d'État, Anthony Blinken, se sont engagés à faire en sorte que les Américains d’origine arabe aient un «véritable rôle» dans ce processus.

Lors de sa première interview publique depuis sa nomination le 20 janvier 2021, Amr a déclaré que l'une de ses principales tâches était de «coordonner la politique étrangère américaine vis-à-vis d’Israël et des Palestiniens, individuellement et dans le cadre des efforts visant à combler le fossé entre les deux parties» afin de créer une atmosphère propice à la paix. Il a assuré que l'administration Biden avait fait des progrès sur ce front.

Amr a déclaré à Arab News que: «Si vous êtes une personne ordinaire vivant en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza, vous avez sans doute constaté certains changements au cours de l'année dernière. Israël a augmenté l'approvisionnement en eau dans la bande de Gaza de 40%. Cela n’est certainement pas grand-chose, mais cela fait vraiment une différence dans la vie des gens.»

«Tel Aviv a accordé plus de 10 000 permis de travail aux Palestiniens de Gaza, leur permettant de travailler en Israël. Ce n'était pas le cas il y a un an, et ce chiffre est plus élevé que jamais depuis de très nombreuses années. Et comme nous venons de l'entendre ces derniers jours, Israël a annoncé qu'il augmentera ce nombre à environ 20 000 permis. À la suite de ces mesures, le taux de chômage a diminué de manière significative au sein de la population de Gaza pour la première fois. Nous voyons donc que la situation s'améliore.»

Amr a donné un autre exemple: «Israël a délivré des cartes d'identité à des milliers de Palestiniens de Cisjordanie qui n'en possédaient pas. À notre avis, il ne s’agit pas seulement de questions administratives ou économiques. Ce sont des questions qui touchent à la liberté de mouvement. Le fait d'avoir un permis de séjour vous permet de voyager. Nous espérons et nous nous attendons à ce que ces changements fassent une vraie différence dans la vie des Palestiniens.»

Il a affirmé que de nombreux exemples montrent que les pressions exercées sur les Palestiniens s'atténuent, ce qui contribue à son tour à créer une atmosphère positive loin des gros titres des médias pour faire avancer les choses.

Mais Amr a souligné que l'administration Biden, par l'intermédiaire du secrétaire d'État Anthony Blinken, «travaille discrètement et sans relâche sur de nombreuses autres questions en coulisses» qu'il ne peut pas expliquer en détails.

Faisant référence à Blinken, Amr a précisé: «Il a aussi soutenu que nous allions travailler en coulisses par le biais d’une diplomatie discrète et rigoureuse à cette fin et c’est donc notre philosophie de base.»

«Blinken estime que c'est important en soi, mais aussi comme moyen de revenir à une solution négociée. C’est en quelque sorte les choses dans leur globalité.»

EN BREF

 Hady Amr, le secrétaire d'État américain adjoint aux affaires israéliennes et palestiniennes, a défini ses responsabilités comme étant «la coordination de la politique étrangère américaine vis-à-vis d’Israël et des Palestiniens».

  Amr a révélé ne pas vouloir discuter des efforts actuellement déployés afin de rapprocher les Israéliens et les Palestiniens dans leurs démarches pour la paix.

 Amr a estimé qu'il était honoré de faire partie de l'administration du président, Joe Biden, en particulier dans le cadre du département d'État sous la direction d’Antony Blinken.

 Lors de la campagne électorale présidentielle de 2000, Amr a aussi assumé le poste de directeur national de l'engagement ethnique pour le candidat et ancien vice-président Al Gore.

Amr a révélé ne pas vouloir discuter des efforts actuellement déployés afin de rapprocher les Israéliens et les Palestiniens dans leurs démarches pour la paix. «Je ne veux pas m’engager dans cette voie parce que je pense que plus nous parlons de ces choses à l'avance, moins elles ont de chances de se produire. Mais j'espère que nous allons continuer à travailler sur de telles mesures qui améliorent la qualité de vie des gens ordinaires. Notre objectif est que ces mesures créent une sorte de confiance qui nous ramènera dans la bonne direction.»

Amr a signalé: «Washington a repris ce que nous considérons comme une assistance vitale au peuple palestinien. Nous avons octroyé plus d'un demi-milliard de dollars (1 dollar américain = 0,90 euro) l'année dernière, dont plus de 400 millions par l'intermédiaire de l'UNRWA, l'agence des Nations unies qui fournit des services aux Palestiniens. Nous pensons que ces fonds font une réelle différence en améliorant la qualité de vie des gens ordinaires.»

Amr a confié qu'il avait été inspiré, dans son enfance, par les paroles du révérend Martin Luther King Jr, qui a dit: «Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier». La citation est gravée parmi plusieurs autres au MLK Memorial à Washington, DC.

Au cours de sa carrière, Amr a notamment travaillé à la Banque mondiale, au Forum économique mondial et auprès de plusieurs organisations des Nations unies, dont l'UNICEF, où il a déclaré: «J'ai toujours essayé d’insuffler dans ce travail le concept d’apporter aux gens la qualité de vie et la justice qu'ils méritent.»

Lors de la campagne électorale présidentielle de 2000, Amr a aussi assumé le poste de directeur national de l'engagement ethnique pour le candidat et ancien vice-président Al Gore. Il a ensuite été administrateur assistant adjoint pour le Moyen-Orient à l'Agence des États-Unis pour le développement international, «apportant son aide dans la gestion des programmes d'aide à l’étranger». En 2013, il a passé quatre ans comme envoyé spécial adjoint pour les négociations palestino-israéliennes auprès du secrétaire d'État, John Kerry.

Amr a souligné qu'il était honoré que l'administration Biden lui ait demandé de travailler sous la direction de Blinken au département d'État et de poursuivre une politique visant à traiter les Israéliens et les Palestiniens sur un pied d'égalité.

«Le président Biden l’a exprimé clairement lorsqu'il a déclaré qu'il estimait que les Israéliens et les Palestiniens méritaient tous deux de vivre en sécurité et de bénéficier des mêmes mesures de liberté, de prospérité et de démocratie», a-t-il soutenu.

Alors que les Arabo-Américains se préparent le 1er avril à commémorer le «mois du patrimoine arabo-américain», Amr a insisté sur le fait que les Arabes américains jouent un rôle important au sein de l'administration Biden.

«Les Arabes américains ont absolument un rôle à jouer. En tant que jeune, puis en tant qu'étudiant, je n'ai jamais vu de noms arabes au gouvernement. Je ne dis pas qu'ils n'étaient pas là, mais ils étaient invisibles. À un moment donné, je me suis promis que si jamais j'avais l’occasion de changer cela, je le ferais. Je veux que mes enfants grandissent dans une Amérique où il est normal que les Arabo-Américains aient un rôle visible au sein du gouvernement», a expliqué Amr.

«Même si les Américains d’origine arabe ne représentent que 1% de la population américaine, parmi les dizaines de milliers d'employés du département d'État, plusieurs centaines sont désormais des Arabes américains, qui occupent des emplois de premier échelon jusqu’au niveau supérieur. Ce n'était pas le cas quand je suis arrivé à Washington il y a des décennies. Très souvent, j'avais l'impression d'être le seul Arabo-Américain dans la pièce.»

Aujourd'hui, il y a «de nombreux Américain d’origine arabe dans le bureau du Moyen-Orient où je travaille». Il existe aussi un «groupe d'affinité des Arabo-Américains dans les affaires étrangères», qui a été créé il y a plus de dix ans et qui compte environ 400 membres, a-t-il indiqué. Le «groupe d'affinité» est l'un des nombreux groupes qui représentent les groupes ethniques américains tels que les Afro-Américains, les Hispaniques et les Asiatiques.

«Parallèlement à la diversité de l'Amérique, il y a des Arabes américains dans le Département d'État à tous les niveaux. La chef de cabinet du secrétaire d'État, Suzy George, est une Arabo-Américaine. Il y a des Arabes américains dans tout le département, y compris ici au Bureau des affaires du Proche-Orient, dans mon équipe, aux côtés d'un large éventail d'Américains de toutes origines», a soutenu Amr.

«C'est vraiment à la communauté arabe de décider si le président a tenu ses engagements ou non. Mais ce que je vois, c'est que c'est une administration qui s'est engagée à tenir ses promesses. Il y a des centaines d'Arabo-Américains dans la fonction publique, ici au département d'État et dans le service extérieur, qui gravissent les échelons.»

Amr a ainsi affirmé que la diversité et l'inclusion «contribueront à la paix entre les Israéliens et les Palestiniens».

Il est devenu un acteur clé pour aider l'administration Biden à déterminer sa politique envers les Israéliens et les Palestiniens. L’année dernière, des informations ont fait surface selon lesquelles Biden pourrait le nommer au poste de consul général américain auprès des Palestiniens. En mai 2021, Blinken avait annoncé son désir de rétablir le consulat américain auprès des Palestiniens à Jérusalem. Toutefois, l'idée reste en suspens.

«La paix, la liberté, la sécurité et la prospérité que nous recherchons tous pour tous les Israéliens et Palestiniens est quelque chose qui nécessite un travail acharné. Ce n’est pas toujours une question de gros titres. Ce sont des choses comme les permis de travail pour les Palestiniens de Gaza afin qu’ils puissent travailler en Israël qui ont contribué à faire baisser le taux de chômage à Gaza, les permis de séjour délivrés aux Palestiniens de Cisjordanie pour pouvoir mener une vie plus normale, ainsi que l’approvisionnement en eau et en électricité» a souligné Amr.

«La paix ne figure pas seulement dans les gros titres. Il s'agit de construire et de répondre aux préoccupations qui affectent la vie des gens ordinaires. Il s'agit aussi de prévenir les évènements que nous ne voulons pas voir se produire. Fondamentalement, ce que nous essayons de faire, c'est de souligner le positif, de minimiser le négatif et d'essayer d'aller de l'avant et de construire de bonnes relations qui améliorent la vie des gens ordinaires du mieux que nous pouvons.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le cessez-le-feu entre en vigueur à Gaza avec près de trois heures de retard

Des Palestiniens déplacés se dirigent le long d’une rue alors qu’ils retournent à Rafah, après l’accord de cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas.Le 19 janvier 2025. (Photo : Eyad BABA / AFP)
Des Palestiniens déplacés se dirigent le long d’une rue alors qu’ils retournent à Rafah, après l’accord de cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas.Le 19 janvier 2025. (Photo : Eyad BABA / AFP)
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  • L'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas prévoyant la libération d'otages israéliens, trois femmes en premier lieu, est entré en vigueur avec près de trois heures de retard.
  • Avant même l'entrée en vigueur effective de la trêve, des milliers de Palestiniens déplacés, chargés de leurs affaires, ont pris la route, au milieu des destructions, pour retourner chez eux, dans le nord ou le sud de la bande de Gaza dévastée.

JERUSALEM : Après 15 mois de guerre dans la bande de Gaza, un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas prévoyant la libération d'otages israéliens, trois femmes en premier lieu, est entré en vigueur avec près de trois heures de retard.

Ce retard était dû au fait que le Hamas n'avait pas fourni la liste des otages devant être libérés dans la journée avant 06 h 30 GMT, heure initiale de la mise en œuvre de l'accord, qui intervient à la veille du retour à la Maison Blanche de Donald Trump.

Cet accord, conclu mercredi, fait naître l'espoir d'une paix durable dans le territoire palestinien, même si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti que son armée pourrait reprendre les armes.

Avant même l'entrée en vigueur effective de la trêve, des milliers de Palestiniens déplacés, chargés de leurs affaires, ont pris la route, au milieu des destructions, pour retourner chez eux, dans le nord ou le sud de la bande de Gaza dévastée, selon des images de l'AFP.

À bord de camionnettes ou à pied, certains affichent un sourire radieux. D'autres partagent des friandises ou brandissent le drapeau palestinien.

À Jabalia, au nord de Gaza, théâtre d'une intense opération militaire israélienne depuis octobre, les habitants découvrent un paysage apocalyptique de décombres.

- Trêve à partir de 9 h 15 GMT.

Les armes devaient se taire à 06 h 30 GMT, mais Israël a retardé son application, invoquant le retard pris par le Hamas. Le pays a ensuite mené de nouvelles frappes à Gaza qui ont fait huit morts selon la Défense civile locale.

Le Hamas a ensuite annoncé avoir publié les noms des trois Israéliennes libérables dans la journée, après avoir justifié son retard par « des complications sur le terrain et la poursuite des bombardements ».

Dans la foulée, le bureau de M. Netanyahu a annoncé l'entrée en vigueur du cessez-le-feu à 09 h 15 GMT, ensuite confirmée par le médiateur qatari.

Selon Doha, la liste des otages libérables dimanche comprend « les noms de trois citoyennes israéliennes, dont l'une est également de nationalité roumaine et l'autre de nationalité britannique ».

- Avertissement de Netanyahu -

Arraché mercredi par les médiateurs (Qatar, États-Unis, Égypte), l'accord ambitionne, selon Doha, de déboucher à terme sur la « fin définitive » de la guerre, déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Mais Benjamin Netanyahu a prévenu samedi qu'il s'agissait « d'un cessez-le-feu provisoire » et que son pays se gardait « le droit de reprendre la guerre si besoin et avec le soutien des États-Unis ».

Hostile à la trêve, le parti du ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême droite) a annoncé qu'il quittait la coalition de M. Netanyahu, qui jouit toutefois toujours d'une majorité au Parlement.

Selon les termes de l'accord, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés dans une première phase étalée sur six semaines.

En échange, Israël a dit qu'il relâcherait 737 prisonniers palestiniens.

Trois points d'accueil des otages israéliens ont été installés à la frontière sud d'Israël avec Gaza, a précisé un responsable militaire. Les otages seront pris en charge par des médecins.

- « Respirer de nouveau » -

Selon Paris, deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages libérables. Ils ont été enlevés au kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, relâchés lors d'une première trêve d'une semaine en novembre 2023.

« Quand ils franchiront la frontière de Gaza et qu'ils seront réunis avec leurs familles, alors peut-être que nous pourrons respirer de nouveau », a déclaré à l'AFP samedi soir Shahar Mor Zahiro, neveu d'un otage décédé.

Israël a désigné 95 détenus palestiniens libérables dimanche, des femmes et des mineurs en majorité, la plupart arrêtés après le 7 octobre. Leur libération doit intervenir après 14 heures GMT.

Parmi les prisonniers appelés à être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah, arrêté en 2019 et emprisonné depuis.

- 600 camions d'aide -

D'après le président américain Joe Biden, la première phase de l'accord comprend également un retrait israélien des zones densément peuplées de la bande de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire dans ce territoire menacé par la famine selon l'ONU.

Les autorités égyptiennes ont précisé que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions d'aide par jour ».

Les modalités de la deuxième phase, qui doit permettre la libération des derniers otages, seront négociées pendant la première étape, avant la troisième et dernière consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.

Selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles, l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 210 personnes côté israélien, en majorité des civils. Sur l'ensemble des 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée israélienne.

Selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles, l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 210 personnes côté israélien, en majorité des civils. Sur l'ensemble des 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée israélienne.

L'offensive israélienne de représailles à Gaza a aussi fait au moins 46 899 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Largement affaibli, le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est toutefois encore loin d'être anéanti, contrairement à l'objectif fixé par Benjamin Netanyahu, selon des experts.


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne.