CHICAGO: L'administration Biden fait discrètement avancer les choses dans le but de rapprocher les Israéliens et les Palestiniens. Elle travaille dans les coulisses pour améliorer la vie des gens, a déclaré Hady Amr, secrétaire d'État adjoint aux Affaires israéliennes et palestiniennes, dans une interview exclusive accordée à Arab News.
En définissant ses responsabilités comme «la coordination de la politique étrangère américaine vis-à-vis d’Israël et des Palestiniens», Amr a signalé que le président américain, Joe Biden, et le secrétaire d'État, Anthony Blinken, se sont engagés à faire en sorte que les Américains d’origine arabe aient un «véritable rôle» dans ce processus.
Lors de sa première interview publique depuis sa nomination le 20 janvier 2021, Amr a déclaré que l'une de ses principales tâches était de «coordonner la politique étrangère américaine vis-à-vis d’Israël et des Palestiniens, individuellement et dans le cadre des efforts visant à combler le fossé entre les deux parties» afin de créer une atmosphère propice à la paix. Il a assuré que l'administration Biden avait fait des progrès sur ce front.
Amr a déclaré à Arab News que: «Si vous êtes une personne ordinaire vivant en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza, vous avez sans doute constaté certains changements au cours de l'année dernière. Israël a augmenté l'approvisionnement en eau dans la bande de Gaza de 40%. Cela n’est certainement pas grand-chose, mais cela fait vraiment une différence dans la vie des gens.»
«Tel Aviv a accordé plus de 10 000 permis de travail aux Palestiniens de Gaza, leur permettant de travailler en Israël. Ce n'était pas le cas il y a un an, et ce chiffre est plus élevé que jamais depuis de très nombreuses années. Et comme nous venons de l'entendre ces derniers jours, Israël a annoncé qu'il augmentera ce nombre à environ 20 000 permis. À la suite de ces mesures, le taux de chômage a diminué de manière significative au sein de la population de Gaza pour la première fois. Nous voyons donc que la situation s'améliore.»
Amr a donné un autre exemple: «Israël a délivré des cartes d'identité à des milliers de Palestiniens de Cisjordanie qui n'en possédaient pas. À notre avis, il ne s’agit pas seulement de questions administratives ou économiques. Ce sont des questions qui touchent à la liberté de mouvement. Le fait d'avoir un permis de séjour vous permet de voyager. Nous espérons et nous nous attendons à ce que ces changements fassent une vraie différence dans la vie des Palestiniens.»
Il a affirmé que de nombreux exemples montrent que les pressions exercées sur les Palestiniens s'atténuent, ce qui contribue à son tour à créer une atmosphère positive loin des gros titres des médias pour faire avancer les choses.
Mais Amr a souligné que l'administration Biden, par l'intermédiaire du secrétaire d'État Anthony Blinken, «travaille discrètement et sans relâche sur de nombreuses autres questions en coulisses» qu'il ne peut pas expliquer en détails.
Faisant référence à Blinken, Amr a précisé: «Il a aussi soutenu que nous allions travailler en coulisses par le biais d’une diplomatie discrète et rigoureuse à cette fin et c’est donc notre philosophie de base.»
«Blinken estime que c'est important en soi, mais aussi comme moyen de revenir à une solution négociée. C’est en quelque sorte les choses dans leur globalité.»
EN BREF
• Hady Amr, le secrétaire d'État américain adjoint aux affaires israéliennes et palestiniennes, a défini ses responsabilités comme étant «la coordination de la politique étrangère américaine vis-à-vis d’Israël et des Palestiniens».
• Amr a révélé ne pas vouloir discuter des efforts actuellement déployés afin de rapprocher les Israéliens et les Palestiniens dans leurs démarches pour la paix.
• Amr a estimé qu'il était honoré de faire partie de l'administration du président, Joe Biden, en particulier dans le cadre du département d'État sous la direction d’Antony Blinken.
• Lors de la campagne électorale présidentielle de 2000, Amr a aussi assumé le poste de directeur national de l'engagement ethnique pour le candidat et ancien vice-président Al Gore.
Amr a révélé ne pas vouloir discuter des efforts actuellement déployés afin de rapprocher les Israéliens et les Palestiniens dans leurs démarches pour la paix. «Je ne veux pas m’engager dans cette voie parce que je pense que plus nous parlons de ces choses à l'avance, moins elles ont de chances de se produire. Mais j'espère que nous allons continuer à travailler sur de telles mesures qui améliorent la qualité de vie des gens ordinaires. Notre objectif est que ces mesures créent une sorte de confiance qui nous ramènera dans la bonne direction.»
Amr a signalé: «Washington a repris ce que nous considérons comme une assistance vitale au peuple palestinien. Nous avons octroyé plus d'un demi-milliard de dollars (1 dollar américain = 0,90 euro) l'année dernière, dont plus de 400 millions par l'intermédiaire de l'UNRWA, l'agence des Nations unies qui fournit des services aux Palestiniens. Nous pensons que ces fonds font une réelle différence en améliorant la qualité de vie des gens ordinaires.»
Amr a confié qu'il avait été inspiré, dans son enfance, par les paroles du révérend Martin Luther King Jr, qui a dit: «Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier». La citation est gravée parmi plusieurs autres au MLK Memorial à Washington, DC.
Au cours de sa carrière, Amr a notamment travaillé à la Banque mondiale, au Forum économique mondial et auprès de plusieurs organisations des Nations unies, dont l'UNICEF, où il a déclaré: «J'ai toujours essayé d’insuffler dans ce travail le concept d’apporter aux gens la qualité de vie et la justice qu'ils méritent.»
Lors de la campagne électorale présidentielle de 2000, Amr a aussi assumé le poste de directeur national de l'engagement ethnique pour le candidat et ancien vice-président Al Gore. Il a ensuite été administrateur assistant adjoint pour le Moyen-Orient à l'Agence des États-Unis pour le développement international, «apportant son aide dans la gestion des programmes d'aide à l’étranger». En 2013, il a passé quatre ans comme envoyé spécial adjoint pour les négociations palestino-israéliennes auprès du secrétaire d'État, John Kerry.
Amr a souligné qu'il était honoré que l'administration Biden lui ait demandé de travailler sous la direction de Blinken au département d'État et de poursuivre une politique visant à traiter les Israéliens et les Palestiniens sur un pied d'égalité.
«Le président Biden l’a exprimé clairement lorsqu'il a déclaré qu'il estimait que les Israéliens et les Palestiniens méritaient tous deux de vivre en sécurité et de bénéficier des mêmes mesures de liberté, de prospérité et de démocratie», a-t-il soutenu.
Alors que les Arabo-Américains se préparent le 1er avril à commémorer le «mois du patrimoine arabo-américain», Amr a insisté sur le fait que les Arabes américains jouent un rôle important au sein de l'administration Biden.
«Les Arabes américains ont absolument un rôle à jouer. En tant que jeune, puis en tant qu'étudiant, je n'ai jamais vu de noms arabes au gouvernement. Je ne dis pas qu'ils n'étaient pas là, mais ils étaient invisibles. À un moment donné, je me suis promis que si jamais j'avais l’occasion de changer cela, je le ferais. Je veux que mes enfants grandissent dans une Amérique où il est normal que les Arabo-Américains aient un rôle visible au sein du gouvernement», a expliqué Amr.
«Même si les Américains d’origine arabe ne représentent que 1% de la population américaine, parmi les dizaines de milliers d'employés du département d'État, plusieurs centaines sont désormais des Arabes américains, qui occupent des emplois de premier échelon jusqu’au niveau supérieur. Ce n'était pas le cas quand je suis arrivé à Washington il y a des décennies. Très souvent, j'avais l'impression d'être le seul Arabo-Américain dans la pièce.»
Aujourd'hui, il y a «de nombreux Américain d’origine arabe dans le bureau du Moyen-Orient où je travaille». Il existe aussi un «groupe d'affinité des Arabo-Américains dans les affaires étrangères», qui a été créé il y a plus de dix ans et qui compte environ 400 membres, a-t-il indiqué. Le «groupe d'affinité» est l'un des nombreux groupes qui représentent les groupes ethniques américains tels que les Afro-Américains, les Hispaniques et les Asiatiques.
«Parallèlement à la diversité de l'Amérique, il y a des Arabes américains dans le Département d'État à tous les niveaux. La chef de cabinet du secrétaire d'État, Suzy George, est une Arabo-Américaine. Il y a des Arabes américains dans tout le département, y compris ici au Bureau des affaires du Proche-Orient, dans mon équipe, aux côtés d'un large éventail d'Américains de toutes origines», a soutenu Amr.
«C'est vraiment à la communauté arabe de décider si le président a tenu ses engagements ou non. Mais ce que je vois, c'est que c'est une administration qui s'est engagée à tenir ses promesses. Il y a des centaines d'Arabo-Américains dans la fonction publique, ici au département d'État et dans le service extérieur, qui gravissent les échelons.»
Amr a ainsi affirmé que la diversité et l'inclusion «contribueront à la paix entre les Israéliens et les Palestiniens».
Il est devenu un acteur clé pour aider l'administration Biden à déterminer sa politique envers les Israéliens et les Palestiniens. L’année dernière, des informations ont fait surface selon lesquelles Biden pourrait le nommer au poste de consul général américain auprès des Palestiniens. En mai 2021, Blinken avait annoncé son désir de rétablir le consulat américain auprès des Palestiniens à Jérusalem. Toutefois, l'idée reste en suspens.
«La paix, la liberté, la sécurité et la prospérité que nous recherchons tous pour tous les Israéliens et Palestiniens est quelque chose qui nécessite un travail acharné. Ce n’est pas toujours une question de gros titres. Ce sont des choses comme les permis de travail pour les Palestiniens de Gaza afin qu’ils puissent travailler en Israël qui ont contribué à faire baisser le taux de chômage à Gaza, les permis de séjour délivrés aux Palestiniens de Cisjordanie pour pouvoir mener une vie plus normale, ainsi que l’approvisionnement en eau et en électricité» a souligné Amr.
«La paix ne figure pas seulement dans les gros titres. Il s'agit de construire et de répondre aux préoccupations qui affectent la vie des gens ordinaires. Il s'agit aussi de prévenir les évènements que nous ne voulons pas voir se produire. Fondamentalement, ce que nous essayons de faire, c'est de souligner le positif, de minimiser le négatif et d'essayer d'aller de l'avant et de construire de bonnes relations qui améliorent la vie des gens ordinaires du mieux que nous pouvons.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com