DOHA: Ravagé par plus de sept ans de guerre, le Yémen fait face à des "perspectives extrêmement inquiétantes", avec une aide internationale en baisse malgré la poursuite des violences, a prévenu dimanche un responsable de l'ONU dans une interview à l'AFP.
"La réalité est que le désespoir, la pauvreté, la destruction, ont atteint un niveau tel au Yémen que la majorité de la population n'est plus en mesure, d'une manière ou d'une autre, de subvenir à ses besoins", a déclaré Achim Steiner, le chef du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Déclenchée en 2014, la guerre au Yémen entre rebelles soutenus par l'Iran et pouvoir appuyé par l'Arabie saoudite a provoqué l'une des pires catastrophes humanitaires au monde.
Elle a tué des centaines de milliers de personnes selon des ONG et forcé des millions d'autres à fuir les zones de combats. Plus des trois quarts de la population dépendent de l'aide internationale, des millions étant au bord de la famine.
En représailles à des attaques des rebelles Houthis cette semaine contre des installations économiques en Arabie saoudite, la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite et intervenue au Yémen en 2015, a multiplié les raids contre les secteurs rebelles.
"C'est une perspective extrêmement inquiétante en ce moment pour le peuple du Yémen", a dit le chef du PNUD, présent au Forum de Doha au Qatar.
«Tragédie»
Alors que les financements de l'aide internationale diminuent, les organisations humanitaires craignent que la situation ne s'aggrave encore plus avec l'invasion russe de l'Ukraine. Le Yémen dépend de ces deux pays pour son approvisionnement en blé.
"Le risque est que le Yémen soit en partie oublié et ce sera évidemment une tragédie", a déploré M. Steiner. Le conflit en Europe a des "répercussions sur l'économie mondiale", ce qui "réduira l'ampleur de la solidarité internationale".
"En ce moment, le monde est monopolisé par la guerre en Ukraine, mais le conflit au Yémen, la situation désespérée en Afghanistan, ce sont des réalités qui vont perdurer", a-t-il souligné.
M. Steiner a dit craindre de nouvelles réductions des financements par les donateurs internationaux pour le Yémen. "Cela devrait être une préoccupation pour nous tous."
Lors d'une conférence des donateurs début mars, l'ONU n'a réussi à récolter que 1,3 milliard de dollars sur les 4,27 milliards escomptés.
Samedi, les Houthis ont annoncé une trêve unilatérale de trois jours, mais la coalition a toutefois continué ses raids aériens au Yémen.