PARIS: Sursaut ou baroud d'honneur ? Distancé dans les sondages, Éric Zemmour compte réunir plusieurs dizaines de milliers de personnes au Trocadéro, dimanche à Paris, pour une "démonstration de force" aux allures de dernière cartouche.
Le candidat d'extrême droite a donné rendez-vous à ses militants à 14H place du Trocadéro, où il interviendra vers 16H pour un message de mobilisation, alors que les perspectives d'accéder au second tour s'éloignent.
"Toute la France est invitée, sauf les provocateurs d'extrême-droite, d'extrême-gauche et d'extrême-bêtise. D'avance, merci à eux d'aller voir ailleurs", a-t-il lancé sur Twitter jeudi soir.
Le lieu est un énième clin d'œil à la droite: Nicolas Sarkozy y avait tenu meeting en 2012, puis François Fillon en 2017 en pleine tourmente judiciaire, avec deux défaites à la présidentielle au final.
"Je vois plutôt leurs meetings comme des sursauts, Sarkozy n'aurait pas atteint 48% (au second tour) sans cela et Fillon n'aurait pas été à quelques centaines de milliers de voix de se qualifier" pour la deuxième manche, réplique Stanislas Rigault, le chef de file des jeunes militants d'Éric Zemmour.
Sécurité
A deux semaines du premier tour, "ce sera l'événement de la campagne, le plus grand rassemblement", a affirmé Éric Zemmour vendredi matin sur Sud Radio.
Quelque 50.000 personnes sont inscrites à ce stade. Pour la première fois, le parti Reconquête! a affrété des cars, entre 200 ou 300, venus de toute la France.
Ce n'est "pas pour le nombre, c'est davantage une récompense pour nos militants qui n'avaient pas forcément les moyens pour venir de loin", assure Stanislas Rigault.
Jusqu'ici, le plus gros meeting d'Éric Zemmour s'était tenu le 5 décembre à Villepinte (Seine-Saint Denis), avec plus de 10.000 personnes et des incidents à la clé.
La sécurité sera donc observée de près dimanche. "Plusieurs centaines de personnes" - sécurité privée et bénévoles - ont été mobilisées, selon un pilier de la campagne, outre les forces de l'ordre déployées.
Place du Trocadéro, le Théâtre de Chaillot, le Musée de l'Homme et la Cité de l'architecture seront fermés en raison du meeting.
La fédération CGT du spectacle se dit "consternée" que ce rassemblement soit autorisé "au détriment de la sécurité et de l'activité des salariés, et de l'accueil des publics".
Éric Zemmour, donné entre 9 et 13% au premier tour, est à la lutte avec Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Valérie Pécresse (LR) dans les sondages, derrière Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Un million d'euros
Le candidat se dit pourtant "sûr d'être au second tour" et "s'interroge beaucoup" sur les sondages.
Lundi soir, il a fait une nouvelle annonce radicale en promettant un ministère de la "remigration", terminologie issue des milieux identitaires, afin d'expulser un million d'étrangers en cinq ans: clandestins, délinquants, criminels et fichés S.
Et vendredi, il s'est rendu dans un camp de fortune de toxicomanes aux portes de Paris, en direct sur CNews, pour fustiger "l'immigration folle", sous des huées et des projectiles.
Côté finances, l'événement du Trocadéro est évalué autour "d'un million d'euros", contre 550.000 euros à Villepinte. Jusqu'ici, l'équipe d'Éric Zemmour assure ne pas avoir eu besoin de prêt bancaire grâce à "plus de 10 millions d'euros" de dons et adhésions, selon un cadre.
La question pourrait toutefois se poser en cas d'accès au second tour, puisque de "sept à huit millions" d'euros ont déjà été dépensés.
En guise de contrepoint au meeting d'Éric Zemmour, sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen se rend samedi et dimanche en Guadeloupe, pour la première fois depuis qu'elle préside le RN, et là où son père n'avait jamais pu aller.
La candidate, qui consolide sa deuxième place dans les sondages, continue à jouer la carte de la proximité samedi et dimanche, avec la visite d'une usine d'eau potable, d'un marché ou une rencontre avec des pompiers, mais pas de meeting.
Elle y défendra ses mesures en faveur du pouvoir d'achat, au cœur de sa campagne, alors que la Guadeloupe, comme la Martinique, sortent tout juste d'une crise sanitaire et sociale, née du refus de l'obligation vaccinale pour les soignants et les pompiers. Marine Le Pen défend comme Éric Zemmour la "liberté" vaccinale et est opposée au pass sanitaire.