En difficulté, Zemmour franchit un pas de plus dans la radicalité

Eric Zemmour, président du parti d'extrême droite français Reconquete ! et candidat à la présidence, s'exprime lors de l'assemblée générale de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) à Paris, le 22 mars 2022 (Photo, AFP).
Eric Zemmour, président du parti d'extrême droite français Reconquete ! et candidat à la présidence, s'exprime lors de l'assemblée générale de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) à Paris, le 22 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 23 mars 2022

En difficulté, Zemmour franchit un pas de plus dans la radicalité

  • S'il est élu, le candidat Reconquête! promet de «faire repartir un million» d'étrangers
  • Il vise les «clandestins, délinquants et criminels étrangers et fichés S étrangers»

PARIS : En chute dans les sondages, le candidat d'extrême droite Eric Zemmour a opté pour une radicalité encore plus exacerbée en proposant lundi soir un ministère de la "remigration", concept sulfureux emprunté aux identitaires, dont certains sont présents dans son entourage.

S'il est élu, le candidat Reconquête! promet de "faire repartir un million" d'étrangers en cinq ans, grâce à des "charters", et de voir "avec les dirigeants de l'Algérie, du Maroc et de Tunisie comment on peut organiser cela" .

Il vise les "clandestins, délinquants et criminels étrangers et fichés S étrangers", et revendique une "mesure de cohérence et de fermeté".

Seul candidat à la présidentielle à reprendre la théorie complotiste du "grand remplacement" supposé des populations européennes par les immigrés non européens, il endosse avec la "remigration" une nouvelle revendication de l'extrême droite radicale et de l'écrivain Renaud Camus. L'expression ne figurait pas dans son programme initial.

«Aucun tabou»

"Il ne faut pas avoir peur des mots qui fâchent un petit milieu (journalistique). Il n'y a pas de radicalisation", mais "une détermination",  a-t-il revendiqué mardi matin lors d'un déplacement à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Selon deux piliers de la campagne, la proposition a été soufflée par l'ancien LR Guillaume Peltier, également passé par le mouvement de jeunesse du Front National, puis les partis de Bruno Mégret et de Philippe de Villiers.

Et elle provoque des tiraillements internes. "Des cadres de premier plan n'ont pas été avertis avant l'annonce. Ils n'ont pas vraiment apprécié", glisse un membre de Reconquête!, tandis qu'Eric Zemmour assure que sa ralliée Marion Maréchal était bien associée à cette décision.

La chercheuse Marion Jacquet-Vaillant (Paris II) explique dans sa thèse que le terme "remigration apparaît dès 2011 dans les réseaux identitaires, et de manière plus régulière à partir de 2014".

Ces groupuscules d'extrême droite l'utilisent dans une acception plus large qu'Eric Zemmour, puisqu'ils prônent "le retour dans leurs pays d'origine d'une majorité des immigrés extra-européens", et pas seulement des étrangers.

Pécresse en terrain pro-Zemmour pour défendre son projet

Huées et ambiance de stade : Valérie Pécresse a défendu son programme mardi soir lors d'un débat organisé par Valeurs actuelles, face à un auditoire largement acquis à son rival Eric Zemmour et qui l'a plusieurs fois sifflée.

Des sifflets ont fusé lorsqu'elle a défendu son "programme totalement de rupture avec Emmanuel Macron", alors que Reconquête! l'accuse régulièrement de proximité idéologique avec le chef de l'État.  Autres remous lorsqu'elle a assuré que "la droite et l'extrême droite, c'est pas exactement la même chose, on a des solutions efficaces et pas brutales", ou qu'elle a évoqué son projet de"quotas migratoires".

"Je suis la femme à abattre depuis janvier, contre laquelle se concentrent toutes les attaques, c'est ça la réalité de mon rapport avec Emmanuel Macron", a-t-elle affirmé. Quant à Eric Zemmour "je ne crois pas qu'il soit en mesure de gagner", a-t-elle assuré, suscitant une nouvelle salve de protestations.

"En mars 2014, les Identitaires défilent derrière une banderole « Immigration-Islamisation, Demain la Remigration »; (...) le 15 novembre, ils organisent les Assises de la Remigration, une journée sous-titrée « Du grand remplacement au grand retour », décrit Marion Jacquet-Vaillant.

Participent à ce rendez-vous certains cadres de la campagne d'Eric Zemmour aujourd'hui, comme l'ancien du Bloc identitaire Damien Rieu, qui anime la cellule riposte numérique du candidat à la présidentielle, ou son conseiller, énarque et ancien mégrétiste, Jean-Yves Le Gallou.

«Ils partiront»

Plusieurs identitaires figurent dans son entourage. Thais d'Escufon, l'ancienne porte-parole de Génération Identitaire, groupuscule dissout en mars 2021 en raison de son activisme xénophobe, lui a manifesté son soutien.

Grégoire Tingaud, ancien mégrétiste proche des identitaires, est chargé de coordonner les référents régionaux de Reconquête!.

Auprès d'Eric Zemmour aujourd'hui, le transfuge du RN Stéphane Ravier avait proposé la création d'un "Haut commissariat à la remigration", sans se faire taper sur les doigts par Marine Le Pen à l'époque.

Et l'idée, sans le mot lui-même, était présente au Front national quand le parti de Jean-Marie Le Pen réclamait "l'inversion des flux migratoires" ou lançait des slogans tels que "quand nous arriverons, ils partiront".

L'ancien polémiste de CNews reprend cette expression alors qu'il chute dans les sondages, qui le placent de la 3e à la 5e place, entre 9 et 13% des intentions de vote au premier tour, tandis que Marine Le Pen, entre 16 et 20%, reste en deuxième position derrière Emmanuel Macron.

La candidate du RN n'envisage pas un tel ministère mais entend expulser les mêmes catégories qu'Eric Zemmour: clandestins, délinquants et criminels étrangers, fichés S étrangers.

Elle a affirmé dans la soirée sur BFMTV être en "désaccord profond" avec le concept à son origine visant à "supprimer la nationalité française à ceux qui l’avaient obtenue", mais dit ne pas comprendre "le nouveau périmètre" envisagé par Eric Zemmour.

Quand Marine Le Pen parle "pouvoir d'achat", Eric Zemmour maintient sa stratégie de radicalité anti-immigration et d'ouverture de la "fenêtre d'Overton", du nom de l'inventeur de ce concept de la théorie du discours, qui rend acceptables dans l'opinion publique des théories qui ne l'étaient pas jusque-là.

Dimanche prochain au Trocadéro à Paris, il espère la venue de dizaines de milliers de personnes pour un meeting de plein air, afin de rassurer des partisans qui commencent à douter des chances de leur champion.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".