NEW YORK: Un enquêteur nommé par l’Organisation des nations unies (ONU) a accusé Israël de crime d’apartheid dans les territoires palestiniens occupés. C’est la première fois qu’un responsable de l’organisation utilise ce terme pour décrire ce que d’autres organismes de surveillance internationaux ont déclaré être une lutte pour l’égalité des droits plutôt qu’un différend d’ordre foncier.
Michael Lynk, rapporteur spécial et expert indépendant nommé par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, est chargé d’enquêter sur les violations des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.
«Cinq millions de Palestiniens apatrides sont actuellement dépourvus de droits et victimes d’assujettissement aigu, sans aucune perspective d’autodétermination ou d’État indépendant viable, même si la communauté internationale le leur a promis à maintes reprises», déclare M. Lynk avant la publication d’un rapport complet sur ses enquêtes les plus récentes.
Le système judiciaire à deux vitesses qu’Israël applique en Cisjordanie a renforcé l’oppression des Palestiniens qui ne peut désormais plus être considérée comme une conséquence involontaire de l’occupation temporaire, poursuit-il.
«Les différences en matière de conditions de vie, ainsi que des droits et avantages liés à la citoyenneté, sont flagrantes, profondément discriminatoires et maintenues par une répression systématique et institutionnalisée», précise M. Lynk dans son rapport.
Il décrit une situation dans laquelle la communauté juive israélienne et les Palestiniens des territoires occupés vivent «sous un régime unique qui distribue les droits et les avantages en fonction de l’identité nationale et ethnique, en plus de garantir la suprématie d’un groupe sur l’autre et au détriment de ce dernier.»
Ce système «confère à un groupe racial, national et ethnique des droits, des avantages et des privilèges substantiels, tout en forçant un autre groupe à vivre derrière des murs, des points de contrôle et sous un régime militaire permanent. Cela répond aux critères d’existence d’apartheid.»
D’autres organismes de surveillance internationaux avaient précédemment accusé Israël de mettre en œuvre des politiques de «domination et d’oppression» semblables à l’apartheid dans les territoires occupés.
Amnesty International est le dernier défenseur des droits à accuser Israël d’appliquer un système d'apartheid en adoptant des lois et des pratiques qui visent à maintenir un «système de contrôle cruel qui divise les Palestiniens tant sur le plan géographique que politique, les appauvrit souvent et les rend prisonniers de la peur et de l’insécurité».
Bien que des organismes palestiniens et israéliens de défense des droits de l’homme aient qualifié la situation dans les territoires occupés d’«apartheid» depuis de nombreuses années, le terme est devenu de plus en plus présent dans le discours international sur le conflit israélo-palestinien ces derniers mois. Lors d’une récente réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, l’envoyé palestinien de l’ONU, Riyad Mansour, portait un masque noir sur lequel était inscrit: «Mettez fin à l’apartheid.»
«Ce Conseil n’est peut-être pas prêt à utiliser le mot, mais l’apartheid est – depuis un certain temps déjà – notre réalité», avait-il déclaré aux membres du Conseil.
Les autorités israéliennes ont accusé à plusieurs reprises l’ONU de produire des rapports biaisés. Elles ont déclaré qu’il était injuste de rejeter la faute sur Israël sans tenir compte des problèmes de sécurité auxquels le pays est confronté et des menaces quotidiennes que posent les groupes armés palestiniens pour ses citoyens.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com