Ukraine: deux bombes «superpuissantes» sur Marioupol, Kiev sous couvre-feu

Au 27e jour du conflit en Ukraine, deux "bombes superpuissantes" ont frappé mardi Marioupol (Photo, AFP).
Au 27e jour du conflit en Ukraine, deux "bombes superpuissantes" ont frappé mardi Marioupol (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 23 mars 2022

Ukraine: deux bombes «superpuissantes» sur Marioupol, Kiev sous couvre-feu

  • «Dans le pire des cas nous mourrons, mais jamais nous ne nous rendrons»
  • Sur le terrain, les bombardements de l'armée russe se sont poursuivis sur nombre de villes ukrainiennes

KIEV : Au 27e jour du conflit en Ukraine, deux "bombes superpuissantes" ont frappé mardi Marioupol, selon les autorités de la grande ville portuaire ravagée par les bombardements russes où 100.000 civils sont coincés, tandis que les habitants de Kiev, sous couvre-feu, se terraient chez eux.

Face à la poursuite de cette offensive russe, les Occidentaux, qui vont réunir jeudi des sommets de l'Otan, du G7 et de l'Union européenne à Bruxelles, vont annoncer "de nouvelles sanctions contre la Russie" et renforcer celles qui existent déjà, a annoncé Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est invité à s'adresser directement jeudi par visioconférence aux dirigeants des pays de l'Otan. Les Alliés, qui fournissent "une quantité importante d'équipements militaires essentiels" à l'Ukraine, examineront ce qu'ils "peuvent faire de plus pour renforcer" leur soutien, a indiqué un responsable de l'Otan.

Sur le terrain, les bombardements de l'armée russe se sont poursuivis sur nombre de villes ukrainiennes: Kiev, Kharkiv, Marioupol, Odessa, Mykolaïv, Tcherniguiv...

"Dans le pire des cas nous mourrons, mais jamais nous ne nous rendrons", a lancé le maire de Kiev, l'ex-champion du monde de boxe Vitali Klitschko, en visioconférence devant le Conseil de l'Europe, alors que la capitale ukrainienne craint un assaut et de nouveaux bombardements des forces russes.

Celles-ci n'ont cependant jusqu'à présent réussi ni à encercler ni à pénétrer la ville, farouchement défendue et où s'est retranché M. Zelensky.

Le Pentagone a d'ailleurs estimé mardi que l'armée russe souffrait de problèmes de coordination et de ravitaillement, et que les Ukrainiens, en dépit des bombardements et des frappes aériennes, étaient par endroits "à l'offensive", en particulier dans le Sud.

Le président Zelensky, qui propose à son homologue russe Vladimir Poutine de négocier directement, s'est dit prêt à "essayer d'aborder tout ce qui contrarie et mécontente la Russie" pour "arrêter la guerre".

«C'est un génocide»

Dans le sud, la municipalité de Marioupol a indiqué que la ville avait été bombardée mardi par deux "bombes superpuissantes", sans pouvoir donner de bilan. "Les occupants ne s'intéressent pas à la ville (...), ils veulent la raser", selon la mairie.

Un haut responsable du Pentagone a affirmé mardi soir que la stratégie russe s'appuyait désormais sur "des tirs à longue portée en centre-ville", observée par les Américains "depuis les dernières 24 heures". 

Des habitants ayant fui la ville assiégée ont décrit à l'ONG Human Rights Watch "un enfer glacial, avec des rues jonchées de cadavres et de décombres d’immeubles détruits", et "des milliers de personnes coupées du monde", terrées dans des sous-sols sans eau, nourriture, électricité ni communications.

Trois couloirs humanitaires devaient être ouverts mardi entre trois localités proches de Marioupol et la ville de Zaporojie, à 250 km au nord-ouest, selon la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.

Le président ukrainien invite le pape à devenir médiateur entre Kiev et Moscou

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a invité mardi le pape François à jouer le rôle de médiateur dans les négociations entre Kiev et Moscou, qui a lancé fin février une guerre contre l'Ukraine.

"On apprécierait le rôle médiateur du Saint-Siège pour mettre fin à la souffrance humaine" en Ukraine, a écrit M. Zelensky sur Twitter à l'issue d'un entretien téléphonique avec le pape, alors que le Kremlin a jugé peu avant que les pourparlers en cours avec Kiev n'étaient pas assez "substantiels".

Le président ukrainien a encore déclaré avoir informé "sa Sainteté de la situation humanitaire difficile et du blocage des couloirs humanitaires par les troupes russes", tout en le remerciant pour ses "prières pour l'Ukraine et la paix".

M. Zelensky lui a "demandé de venir dans notre pays dans ce moment très important", a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée dans la nuit de mardi à mercredi. 

Mais le président Zelensky a affirmé en soirée que "toutes nos tentatives, malheureusement, sont réduites à néant par les occupants russes. Avec des bombardements ou une terreur évidente".

"Aujourd'hui (mardi), l'un des convois humanitaires a été capturé par les occupants et sur l'itinéraire convenu, d'ailleurs, près de Mangush. Des membres du Service national des situations d'urgence (SESU) et des chauffeurs sont désormais retenus en captivité. Nous faisons tout pour les libérer et débloquer le mouvement du convoi humanitaire", précisé le chef d'Etat dans sa vidéo quotidienne.

Il a également assuré que "près de 100.000 personnes" étaient toujours à Marioupol, "dans des conditions inhumaines", et que 7.026 habitants en ont été évacuées ce mardi.

Le siège par les forces russes de ce port ukrainien "ce n'est pas la guerre, c'est un génocide", a déclaré mardi à l'AFP la procureure générale d'Ukraine, Iryna Venediktova. "Les théâtres de guerre ont des règles, des principes. Ce que nous voyons à Marioupol, (c'est) l'absence totale de règles".

Majoritairement russophone, Marioupol, stratégiquement située entre la Crimée (sud) et le territoire séparatiste de Donetsk (est), est pilonnée depuis des semaines par les Russes. Des chars russes y sont entrés et les combats se poursuivent.

Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias a proposé d'y acheminer personnellement de l'aide humanitaire, en coordination avec la Croix-Rouge, si les belligérants le permettaient. Le président Zelensky l'a remercié et a dit attendre "la réalisation de son plan dans les jours qui viennent".

Drones «kamikazes» russes

A Kiev, soumise à un nouveau couvre-feu jusqu'à mercredi, sirènes de bombardements et détonations dans le lointain ont résonné à intervalles réguliers toute la journée dans la capitale presque déserte, baignée d'un soleil printanier.

Au moins une personne a péri mardi dans une attaque contre un immeuble de l'Académie nationale des sciences, dans le nord-ouest de la ville, a constaté l'AFP. Sur place, un officier du renseignement militaire ukrainien a annoncé trois victimes, tuées par des drones "kamikazes" russes.

"Comme une pause, avec la température qui se réchauffe", sourit Maxim Kostetskyi, avocat de 29 ans engagé volontaire. "On ne sait pas si les Russes vont continuer leurs efforts pour encercler la ville, mais nous sommes beaucoup plus confiants, le moral est haut".

Dans l'ouest, le nord et l'est de la capitale, pas un carrefour qui ne soit coupé par une muraille de sacs de sable ou des obstacles anti-chars. Tranchées et postes de combats ont été aménagés au hasard du moindre axe de tir potentiel, au pied des barres d'immeubles ou dans des terrains vagues. "Armée russe, allez vous faire foutre!", clame un tag sur un bloc de béton.

Les bombardements étaient particulièrement intenses mardi dans plusieurs localités autour de la capitale et des combats étaient en cours à Irpin et Gostomel, en périphérie de Kiev, selon le gouverneur de la région, Oleksandre Pavliouk.

La capitale a été secouée dimanche soir par une frappe russe - la plus puissante jusque-là, selon habitants et secouristes - qui a détruit un centre commercial, tuant au moins huit personnes. Selon Moscou, le centre commercial servait de dépôt d'armements. L'AFP a vu, sous leur linceul de plastique, six cadavres en vêtements militaires.

Face à de lourdes pertes et une défense acharnée, notamment autour de Kiev, l'armée russe a "renforcé sa présence dans l'espace aérien de l'Ukraine" depuis lundi et regroupait ses forces terrestres mardi dans le nord "dans l'objectif de reprendre son offensive", a indiqué l'armée ukrainienne sur Facebook.

Un haut responsable du Pentagone a avancé mardi soir que, "pour la première fois", les Russes étaient passés "un peu en dessous de 90% de leur puissance de combat disponible" massée au Bélarus et à la frontière russo-ukrainienne.

L'opposition bélarusse appelle à des sanctions contre Loukachenko

Pavel Latouchko, figure de l'opposition bélarusse, a appelé mercredi à des sanctions contre le Bélarus aussi dures que celle visant la Russie et à des poursuites judiciaires contre son président Alexandre Loukachenko, "complice" de Vladimir Poutine dans l'invasion de l'Ukraine. 

Le président russe "Poutine a été condamné à juste titre partout dans le monde. Mais Loukachenko mérite un opprobre bien plus généralisé qu'il n'a eu jusqu'à présent", écrit M. Latouchko dans l'hebdomadaire britannique The New European.

Cet ancien ministre de la Culture, qui vit en exil à Varsovie après son limogeage pour avoir appelé publiquement à de nouvelles élections au Bélarus en 2020, a estimé que le président bélarusse était "complice" dans la guerre en Ukraine, en ayant permis à la Russie d'utiliser son territoire pour l'invasion. 

Il a beau être le pion de Poutine, un dirigeant fantoche dans un Etat fantoche, c'est aussi un acteur majeur dans cette situation horrible, et il est temps que l'Occident s'en rende compte et agisse en conséquence", poursuit-il.

Des sources du renseignement américain, citées par le New York Times, avancent que plus de 7.000 soldats russes ont été tués depuis le début de la guerre. Le même quotidien américain, s'appuyant sur des sources du Pentagone, explique que la perte de 10% d'effectifs militaires d'une armée (morts ou blessés) entrave fortement sa capacité à combattre.

Les Russes "ne conduisent pas leurs opérations avec la coordination qu'on aurait pu attendre d'une armée moderne", a expliqué sur CNN le porte-parole de la défense américaine, John Kirby.

Dans ce contexte, les députés russes ont validé mardi une loi prévoyant de lourdes sanctions pour punir les "informations mensongères" sur l'action de Moscou à l'étranger. Ce texte vient compléter une loi adoptée début mars prévoyant jusqu'à 15 ans de prison pour la publication d'"informations mensongères" sur l'armée russe.

C'est dans le cadre de cette loi que le Comité d'enquête russe a indiqué mardi avoir ouvert une enquête pénale contre Alexandre Nevzorov, ancien journaliste vedette de la télévision et ancien député, pour une publication sur le bombardement d'une maternité la semaine dernière à Marioupol, dont le ministère russe de la Défense a "déjà annoncé officiellement (qu'elle) était fausse".

Combats dans le Donbass

Dans le Donbass (est), en proie à un mouvement séparatiste prorusse depuis 2014, au moins 124 civils ont été tués dans la région de Lougansk depuis le début de l'invasion, a indiqué l'administration régionale sur Facebook.

Le ministère russe de la Défense a fait état mardi de la prise d'une dizaine de villages du Donbass par les séparatistes prorusses.

La ville d'Avdiivka, en périphérie de Donetsk, a été la cible d'une attaque russe dans la soirée de lundi, faisant au moins cinq morts et 19 blessés, a indiqué mardi Lioudmila Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien.

A Lissitchansk (150 km au nord-est de Donetsk), deux autres personnes ont été tuées, trois blessées et huit sauvées des décombres à la suite d'une autre frappe russe, tandis que trois personnes - une fillette de 9 ans et ses parents - ont péri lorsqu'un char russe a tiré sur leur voiture près de Kharkiv (est), selon la même source.

Dans une interview à plusieurs médias, le président ukrainien s'est dit prêt à discuter de la Crimée et du Donbass, tout en prévenant que l'Ukraine choisirait d'être "détruite" plutôt que de se rendre.

Il faut "des garanties de sécurité" et la fin des hostilités, et "une fois que ce blocage sera levé, parlons", a-t-il à propos de la presqu'île annexée par la Russie en 2014 et de la région de l'Est ukrainien.

"L'arrêt de la guerre maintenant, c'est ça la question", a dit M. Zelensky.

Près de 3,5 millions de personnes, essentiellement des femmes et des enfants, ont fui l'Ukraine depuis le 24 février, selon l'ONU.

Le président américain Joe Biden a estimé lundi soir que Vladimir Poutine, qui est "dos au mur", "envisage d'utiliser" en Ukraine des armes chimiques et biologiques.

Mardi, c'est sur la question de l'arme nucléaire que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s'est exprimé.

"Nous avons une doctrine de sécurité intérieure, cela est public, vous pouvez y lire toutes les raisons pour l'utilisation des armes nucléaires et il s'agit d'une menace existentielle pour notre pays", a-t-il dit, sur CNN.

Après les sommets à Bruxelles jeudi, Joe Biden sera vendredi et samedi en Pologne, principal pays d'arrivée des réfugiés ukrainiens.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

Short Url
  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
Short Url
  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url
  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.