BEYROUTH: Le gouverneur de la Banque centrale du Liban (BDL), Riad Salamé, cible d'une série d'enquêtes judiciaires aussi bien localement qu'à l'étranger, fait l'objet de nouvelles accusations liées à l'"enrichissement illicite", a indiqué lundi une source judiciaire.
La juge Ghada Aoun a émis les dernières accusations contre M. Salamé qui comme l'ensemble de la classe politique libanaise, est accusé par une grande partie de la population de corruption et d'être responsable de la crise financière sans précédent dans le pays.
M. Salamé n'a pas comparu à cinq reprises à son audition devant la juge Aoun, a indiqué à l'AFP la source judiciaire. La juge l'avait convoqué à la suite d'une plainte déposée par un groupe de militants libanais qui accusent le gouverneur de la Bdl et son frère, Raja Salamé, d'"enrichissement illicite" et de "blanchiment d'argent".
L'enquête porte sur la propriété d'appartements résidentiels à Paris, d'après la même source.
La semaine dernière, Raja Salamé a été arrêté sur ordre de la juge dans le cadre de cette même enquête.
Riad Salamé a démenti toutes les accusations portées contre lui, les jugeant infondées et liées à des motivations politiques.
Malgré toutes les plaintes, convocations, enquêtes et une interdiction de voyager émise à son encontre en janvier, M. Salamé est toujours à son poste de gouverneur.
En 2021, le Liban a ouvert une enquête locale concernant le patrimoine de M. Salamé, après une demande d'aide du procureur général en Suisse dans le cadre d'investigations décortiquant plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds opérés par le gouverneur et son frère.
La crise économique dévastatrice au Liban a été causée par des décennies de mauvaise gestion et de corruption d'une classe dirigeante quasi-inchangée depuis des dizaines d'années.
Depuis 2019, les Libanais sont soumis à des restrictions bancaires draconiennes qui les empêchent d'avoir librement accès à leur argent, tandis que la monnaie locale a perdu plus de 90% de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir.
Par conséquent, les accrochages entre des clients en colère voulant retirer leurs économies et des employés appliquant les consignes en vigueur sont devenus fréquents.
Ces accrochages se sont transformés en actions judiciaires dans certains cas et plusieurs épargnants ont porté plainte contre des banques libanaises au Liban et à l'étranger.
Lundi, le secteur bancaire a entamé une grève de deux jours pour protester contre les récentes mesures judiciaires prises à l'encontre de certaines banques et de présidents de leurs conseils d'administration, comme l'interdiction de voyager, la saisie de biens et la fermeture de succursales.