Liban: Le gouverneur de la BDL manque une audience, la justice persévère

Le Gouverneur de la Banque centrale libanaise, Riad Salamé. (Photo, Reuters).
Le Gouverneur de la Banque centrale libanaise, Riad Salamé. (Photo, Reuters).
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Publié le Mercredi 16 février 2022

Liban: Le gouverneur de la BDL manque une audience, la justice persévère

  • La juge Ghada Aoun cherche à interroger Salamé comme témoin dans plusieurs affaires évoquant des irrégularités financières
  • La période d’environ trois décennies de Salameh à la tête de la banque centrale est sous surveillance accrue depuis la débâcle financière du pays en 2019

BEYROUTH: La juge Ghada Aoun, procureure du Mont-Liban, a prolongé indéfiniment mardi la citation à comparaître émise en début de mois à l’encontre du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Celui-ci ne s'est pas présenté à une audience fixée par la justice.
Aoun souhaite interroger Salamé, comme témoin, dans plusieurs affaires d’irrégularités financières.
L'assignation à comparaître est liée à un procès pénal intenté contre Salamé par un groupe de réformateurs auto-proclamés qui accusent le gouverneur d’«enrichissement illégal», de «blanchiment d'argent» et de «gaspillage de fonds publics».
Le personnel de la Sûreté de l'État libanais, envoyé au siège de la banque centrale à Ras Beyrouth et au domicile de Salamé à Rabieh, s'est vu refuser l'entrée par des membres des Forces de sécurité intérieure.
Il s'agit de la quatrième audience fixée par Aoun, qui est affiliée au Courant patriotique libre, pour interroger Salamé. Ce dernier demande à ce que la juge soit retirée de l'affaire.
La période d’environ trois décennies de Salameh à la tête de la banque centrale est sous surveillance accrue depuis la débâcle financière du pays en 2019.
Le mandat de Salamé, à la tête de la banque centrale du pays depuis près de trente ans, est scruté de près depuis le déclenchement la débâcle financière du Liban en 2019.
Il fait l'objet d'une enquête intérieure, mais aussi dans plusieurs pays européens, dont la Suisse, pour des allégations de blanchiment d'argent et de détournement de centaines de millions de dollars à la Banque du Liban (BDL), accusations qu'il a maintes fois démenties.
Dans une déclaration télévisée, la juge Aoun a déclaré qu'elle «continuera à poursuivre le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, jusqu'à ce qu'il soit traduit en justice».
Le groupe à l’origine de la plainte contre Salamé a accusé le général Imad Othman, directeur général des Forces de sécurité intérieure, de «violer la loi en protégeant le gouverneur et en s'insurgeant contre l'ordre judiciaire émis à son encontre».
 «Les agents de la sécurité de l'État sont responsables de l'exécution de l’assignation à comparaître. Cependant, le général Othman, ses officiers et ses généraux ont commis un crime de sang-froid qui les prive automatiquement de toute immunité fonctionnelle», a-t-il ajouté.
Le groupe, qui comprend plusieurs avocats actifs dans le mouvement civil, a déclaré avoir décidé «d'intenter une action personnelle en justice contre Othman et ses agents, qui ont défié la sécurité de l'État».
D'après une source judiciaire anonyme, «c’est la juge Aoun qui viole la loi. Le procureur de la République près la Cour de cassation, le juge Ghassan Oueidat, l'avait déjà écartée des affaires liées à d'importants délits financiers, les renvoyant à l'inspection judiciaire en avril dernier. Toutefois, aucune décision n'a encore été prise en raison de la difficulté de voter au sein de cette instance à cause des ingérences politiques.»
La même source judiciaire a précisé que «la juge Aoun viole la loi en délivrant une citation à comparaître contre le gouverneur de la BDL, parce qu’il n'est pas un accusé mais un témoin. Comment se donne-t-elle le droit d’émettre une assignation contre lui? Les représentants de Salamé avaient précédemment soumis une requête pour que Aoun soit retirée de l'affaire, mais elle a refusé de recevoir la demande».
D'après cette source, Aoun ne peut émettre d'assignation par contumace contre Salamé et ne peut que reporter l'audience.
L’envoi de la Sûreté de l'État dans des lieux où Salamé pourrait se trouver a provoqué un choc général au Palais de justice de Beyrouth.
Le conflit interne au sujet du gouverneur de la BDL est intense entre le parti politique du président, Michel Aoun, qui tente de renverser Salamé, et les partisans de ce dernier.
Le camp de Salamé est d'avis que «la démarche de la juge… reflète une décision politique de remplacer le gouverneur par une personne affiliée au président».
Le Premier ministre, Najib Mikati, souhaite quant à lui que le chef vétéran de la banque centrale garde son poste alors que le Liban lutte contre sa crise économique.
La juge Aoun a rendu une décision de geler toutes les propriétés et voitures du gouverneur le 18 janvier et lui a imposé une interdiction de voyager.
Salamé est la cible d'une campagne politique et populaire à son encontre depuis que des manifestations ont éclaté en 2019 après le début de l'effondrement économique du Liban, le tenant pour responsable de la saisie des dépôts des gens dans les banques en les prêtant à l'État.
Le gouverneur insiste cependant sur le fait qu'il travaille à «protéger la sécurité sociale des Libanais et à assurer leurs besoins minimaux malgré la situation financière».
Il a affirmé que «le problème sera résolu lorsque les parties concernées assumeront leurs responsabilités au lieu de tenir la banque centrale responsable des crises».
Pendant ce temps, alors que les tensions politiques augmentent, le Hezbollah a contesté lundi la décision du ministère de l'Intérieur d'interdire un événement d'un groupe bahreïni banni.
Après avoir consulté Mikati, le ministre de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, a envoyé le week-end dernier deux avis à la Direction générale des Forces de sécurité intérieure et à la Direction générale de la Sécurité publique pour empêcher deux activités les 14 et 15 février, organisées par la «Société nationale islamique Al-Wefaq» et la «Coalition des jeunes du 14 février».
Les avis ont été envoyés pour «défaut d'obtention d'une autorisation légale» et demandaient de «prendre toutes les mesures d'enquête nécessaires afin de recueillir des informations sur les organisateurs, les défenseurs et les invités».
Aucun des deux organismes de sécurité n'a cependant exécuté l'ordre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".