BEYROUTH: La situation au Liban s’aggrave, a dit l’ancien Premier ministre Saad Hariri dimanche, lors d’une réunion avec son bloc parlementaire.
Hariri a rencontré ses partisans après s'être recueilli sur la tombe de son père, Rafic Hariri, à l'occasion du 17e anniversaire de son assassinat à Beyrouth.
Le Premier ministre Najib Mikati et l'ancien Premier ministre Fouad Siniora ont, eux aussi, prié sur la tombe.
Hariri a déclaré que sa maison à Beyrouth resterait ouverte et que le Courant du Futur continuerait à travailler auprès du peuple, à lui fournir des services et à lui venir en aide. Il a ensuite ajouté qu'il n'abandonnerait jamais son peuple.
La commémoration survient quelques semaines après que Hariri a annoncé qu'il se retirait de la vie politique pour l'instant et qu'il ne se présenterait pas aux prochaines élections législatives.
Des milliers de personnes se sont rassemblées devant la tombe de Hariri à Beyrouth pour une minute de silence à 12h55, afin de commémorer le meurtre.
Certains partisans brandissaient les bannières bleues du Courant du Futur et des photos de Saad Hariri, l'acclamant et le saluant lors de son passage.
Une femme venue de Tariq Al-Jadida s’est écriée : «Ils ont tué le père et trahi le fils, nous sommes donc devenus orphelins, mais nous ne mettrons jamais notre destin entre leurs mains.»
L'importance de la foule sur la place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth, a surpris les organisateurs de l'événement.
Les gens ont gravi les escaliers de la mosquée Al-Amin située à côté de la tombe et ont rempli la route parallèle.
Le Courant du Futur n'a pas invité ses partisans à participer à l'événement, mais ceux-ci se sont mobilisés à travers les réseaux sociaux.
Le rassemblement annuel était différent cette année, étant donné que Hariri n'a pas prononcé son discours habituel.
Il a simplement récité la Fatiha devant la tombe de son père, accompagné de quelques membres de la famille, dont sa tante, la députée Bahia Hariri, et son mari.
«La scène qui s'est déroulée devant la tombe en dit long», a déclaré Hariri aux médias.
Des personnalités politiques, religieuses, diplomatiques, sociales et économiques ont également visité la tombe de Rafic Hariri à cette occasion. Parmi ces personnalités figurait une délégation russe, dirigée par le ministre plénipotentiaire à l'ambassade de Russie au Liban, Ivan Medvedsky.
L'ambassadeur du Japon au Liban, Takeshi Okubo, a tweeté lundi: «Nous commémorons les efforts du Premier ministre Rafic Hariri avec de nombreux pays, dont le Japon, pour la reconstruction du Liban.»
«Chaque année, nous récitons la Fatiha à Moukhtara et sur la place des Martyrs, à Beyrouth. Tel est notre destin. Nous sommes nés pour persévérer, et nous le ferons», a dit Walid Joumblatt, chef du Parti socialiste progressiste, après avoir visité la tombe.
«Voici les résultats du projet qui a commencé depuis l'assassinat de Rafic Hariri: l'invasion de toute la région qui a conduit à la destruction de la Syrie, du Liban et du Yémen.», s'est exclamé Moustapha Allouche, ancien député du Courant du Futur.
Le député Mohammed Al-Hajjar a quant à lui déploré la situation : «Dix-sept ans se sont écoulés et nous vivons dans un état de déni et de rejet de tous les appels à la réforme et à l'engagement en faveur des intérêts du Liban.»
«Certains insistent encore à dissocier le Liban de son arabisme et de sa véritable identité. Le président Michel Aoun avait bien dit que nous nous dirigions vers l’enfer et l'assassinat de Rafic Hariri en a certainement été la porte d'entrée.»
Dimanche, en s'adressant aux députés de son bloc, Hariri a réaffirmé son retrait de la vie politique, qu'il avait annoncé le 24 janvier.
Il a appelé le Courant du Futur à faire de même et à ne pas se présenter aux élections législatives ni à soumettre de candidatures au nom du parti.
Il aurait dit : «Indépendamment de ma position politique et de ma décision, je vois bien que la situation va s'aggraver, et je vous conseille, en tant que frère et non en tant que leader, de ne pas vous présenter aux élections, parce que rien ne porte à croire qu'il y aurait un changement positif; épargnez-vous les insultes.»
Hariri s'était dit persuadé cette décision était la bonne parce qu' «il n'y a plus de place pour la positivité au Liban, compte tenu de l'influence iranienne, la confusion internationale, la division nationale, la montée des tensions sectaires et la détérioration de l'État.»
Lorsque les députés lui ont demandé ce qu'ils devaient faire au cours de la prochaine étape au Parlement, Hariri a répondu: «Chacun doit se conformer à son devoir législatif: celui de ne pas boycotter le Parlement. Participez aux sessions et discutez du projet de budget.»
«Si le mandat du Parlement est prolongé, le bloc devra boycotter les sessions. Nous envisagerons alors l'option d’une démission totale.»
Hariri aurait dit aux députés qui souhaitent se présenter aux élections: «Toute personne qui veut se présenter, qui pense pouvoir gagner et qui a les ressources financières, politiques et populaires pour mener la bataille électorale, est libre de faire ce qu'elle veut, mais pas au nom de Saad Hariri ni de celui du Courant du Futur.»
«Je ne protégerai personne et je ne prendrai aucun parti», a-t-il ajouté.
«Faites les alliances qui vous serviront le mieux, mais vous savez avec qui je ne veux pas que vous vous alliez.»
L'attentat du 14 février 2005 a tué Rafic Hariri et le ministre Bassem Fleihan ainsi que des dizaines de personnes qui se trouvaient dans le quartier d'Ain Al-Mraiseh à ce moment-là.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com