Migrants syriens en Russie: quand le refuge devient menace

La Russie paye le prix fort de son invasion de l'Ukraine, se trouvant mise au ban de la communanuté internationale (Photo, AFP).
La Russie paye le prix fort de son invasion de l'Ukraine, se trouvant mise au ban de la communanuté internationale (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 22 mars 2022

Migrants syriens en Russie: quand le refuge devient menace

  • Des sanctions mondiales sans précédent ont paralysé l’économie russe, bloquant les exportations de pétrole, de blé et de matières premières
  • Le salaire moyen en Syrie est de 70 000 livres syriennes par mois, soit l’équivalent de vingt dollars

DUBAÏ: Lorsque Samy s’envole pour la Russie en 2018, il est persuadé qu’un avenir plus prometteur l’attend. Sa ville natale, Damas, est à bout de souffle, paralysée par une guerre longue d’une décennie environ. Son pays est au bord de la pire crise économique depuis plus d’un siècle. Peu de possibilités s’offrent à lui et aux autres jeunes Syriens. Émigrer semble être la meilleure option. 

Il est attiré par le charme de Moscou. Samy, qui n’a voulu nous donner que son prénom, avait déjà été témoin de la dégaine des soldats russes en Syrie. Il avait entendu maintes histoires au sujet de leur vie. 

Il avait également vu de ses propres yeux comment les soldats du président russe, Vladimir Poutine, avaient contribué à renforcer la position de Bachar al-Assad, le dirigeant syrien auquel sa famille avait prêté allégeance. Moscou était une ville sûre – du moins en était-il fermement convaincu – et, pendant un certain temps, la capitale lui a servi de refuge. En plus de faire des économies, il pouvait aussi envoyer de l’argent à sa famille. 

C’était sans compter la guerre en Ukraine. Au cours des quinze derniers jours, le monde de Samy et la vie d’autres Syriens qui, comme lui, pensaient avoir trouvé un endroit sûr pour tout recommencer, se sont écroulés. Lorsque le rouble s’est effondré, les économies de Samy ont été anéanties et, vu que tous les secteurs de l’économie sont sous pression, son emploi a rapidement été mis en péril. 

Des sanctions mondiales sans précédent ont paralysé l’économie russe, bloquant les exportations de pétrole, de blé et de matières premières. Les entreprises occidentales ont été contraintes de se retirer et le pays, dont la monnaie est en chute libre, a été mis à l’écart du système financier mondial. 

Selon les économistes, la Russie serait en défaut de paiement d’ici à deux mois, à mesure que les marges de crédit et l’économie elle-même sont paralysées. Les actifs financiers du Kremlin sont la cible énoncée des sanctions. Les yachts des oligarques qui fuient à travers la Méditerranée pour tenter d’échapper aux griffes des États européens est une source de divertissement pour de nombreuses personnes à travers le continent. 

Cependant, le sort des Russes ordinaires et de la grande communauté de migrants en provenance du Moyen-Orient a été largement ignoré. Alors que l'économie se désintègre, Samy et d’autres Syriens qui vivent en Russie font face au deuxième effondrement économique majeur de leur vie. Celui-ci risque par ailleurs d’être bien pire que le premier. 

Depuis son appartement à Moscou, Samy déclare à Arab News: «Je fais actuellement face à un dilemme financier. J’envisage de retirer tout mon argent de la banque, ce qui, en soi, n’est pas grand-chose, et de le cacher à l’intérieur de mon appartement. Mais si je me faisais voler?» 

Depuis le début du conflit ukrainien, les Syriens ayant migré en Russie en quête d'une vie meilleure ont vu leur monde s'effondrer à nouveau (Photo, AFP).

Samy n’est pas le seul à avoir besoin de cet argent pour survivre. «J’ai une famille qui dépend de moi à Damas. Mes parents sont vieux. Ils font partie des quelques chanceux qui n’ont pas eu besoin de trop rationner leur carburant pour se réchauffer. J’étais tellement fier d’avoir réussi à les garder au chaud. J’ai fui une guerre pour me retrouver face à une autre.» 

Pendant la guerre froide, l’Union soviétique a projeté une puissance douce à travers le Moyen-Orient et, à différentes périodes, a entretenu des relations étroites avec l’Égypte, la Syrie, le Yémen du Sud et l’Algérie, entre autres États arabes laïcs. 

Dans l’ère postsoviétique, la Russie a visiblement étendu son empreinte politique, diplomatique, militaire et économique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord depuis le début des années 2000. 

Sous la direction de Poutine, l’engagement de la Russie auprès du monde arabe s’est traduit par une diplomatie énergétique intense, la croissance des exportations de blé, l’entrée sur le marché régional des armes et le déploiement de forces en 2015 en Syrie pour soutenir le régime d’Al-Assad, son client régional principal. Cependant, l’issue de la guerre en Ukraine pourrait porter un coup dur à l’influence et à la position de la Russie au Moyen-Orient. 

Des images publiées sur les réseaux sociaux la semaine dernière montrent de longues files de citoyens russes faisant la queue aux guichets automatiques pour retirer leurs économies ou convertir ce qu’ils ont en dollars avant que la monnaie ne se déprécie davantage. Des millions de personnes se sont également retrouvées soudain incapables d’utiliser Apple Pay ou Google Pay pour effectuer des achats. Les services de paiement ont tous deux été bloqués par les géants américains de la technologie, au moment où de plus en plus d’entreprises rompent leurs liens avec la Russie. 

La Banque centrale russe a réagi au krach monétaire en relevant son taux directeur de 9,5% à 20% pour éviter une spirale inflationniste. Mais le système bancaire et financier ne peut tout simplement pas faire face à ce qui équivaut à un gel des deux tiers de ses réserves. La gouverneure de la banque, Elvira Nabiullina, explique dans une vidéo que les employés sont confrontés à une «situation extrême», selon Reuters. Comme l’écrit l’économiste et écrivain Anders Aslund dans un tweet: «Poutine a détruit le rouble.» 

Et pourtant, les sanctions s’enchaînent. Le président américain Joe Biden a décidé de rompre les liens avec un grand nombre de grandes institutions financières russes, disant que la mesure «dépasse tout ce que nous avons déjà fait». La plus grande banque de Russie, la Sberbank, ainsi que vingt-cinq de ses filiales, qui représentent un tiers des actifs financiers de la Russie, figurent sur la liste. Joe Biden a également interdit aux entreprises américaines de mener des échanges commerciaux avec la Russie et a gelé les avoirs des oligarques russes proches du Kremlin. 

Les sanctions ont fait fuir les marques occidentales du pays (Photo, AFP).

Le Royaume-Uni a imposé des limites au montant que les Russes peuvent déposer dans les banques britanniques. Il a également exclu les banques russes de son système financier et a gelé leurs avoirs. L’Union européenne a l’intention de cibler 70% du secteur bancaire et des entreprises publiques russes et de réduire ses importations de gaz russe de 66% avant 2030. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, soutient que le continent ne comptera plus sur un «fournisseur qui nous a explicitement menacés». 

Une longue liste de détaillants occidentaux qui sont, en grande partie, motivés par les menaces de boycott des consommateurs, ont choisi de mettre fin à leurs activités et de fermer certains de leurs magasins en Russie. Il s’agit notamment d’enseignes comme H&M, Levis et Ikea. 

Les sanctions commencent déjà à toucher les chaînes d’approvisionnement. Les Russes affirment sur Twitter que certaines épiceries de Moscou ont limité le nombre d’articles qu’il est possible d’acheter à la fois. 

En Syrie, plus de la moitié de la population d’avant-guerre est déplacée, que ce soit à l’intérieur du pays ou à l'étranger. Les personnes installées en Russie sont contrôlées par les deux régimes. Selon les estimations du ministère russe de l’Intérieur, 9 100 citoyens syriens résidaient en Russie fin octobre 2018. 

Moscou est resté un allié fidèle d’Al-Assad depuis l'intervention militaire de 2015, malgré les sanctions paralysantes et la condamnation de son régime à l’échelle internationale. 

Ces derniers jours, des informations signalent que des mercenaires syriens se seraient rendus en Russie pour combattre en Ukraine. Cela intervient au moment où les problèmes économiques déjà extrêmes de la Syrie se sont beaucoup aggravés. 

Ces dernières années, de nombreux Syriens aisés ont transféré leur argent en Russie, considérant le pays comme un lieu plus sûr. Bachar al-Assad lui-même aurait perdu environ dix milliards de dollars (1 dollar = 0,91 euro) lorsque la monnaie s’est effondrée au Liban. On pense que ses pertes en Syrie sont d’une valeur similaire. Le temps nous dira ce que lui coûtera l’effondrement du rouble. 

Le salaire moyen en Syrie est de 70 000 livres syriennes par mois, soit l’équivalent de vingt dollars. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies estime qu’environ 12,4 millions de Syriens sont en situation d’insécurité alimentaire, tandis que 1,4 million sont en situation d’insécurité alimentaire grave. L’électricité et le carburant sont également rares. 

Au début de l’année, Al-Assad a annoncé cinq jours fériés dans le but de réduire la consommation de carburant et d’énergie. Les deux sont désormais extrêmement rares, alors que la flambée des prix du pétrole, provoquée par l’invasion de l’Ukraine et les sanctions contre la Russie, pourrait mettre fin aux déplacements dans une grande partie de la Syrie. Faire le plein d’essence coûte plus que ce que la plupart des habitants touchent à la fin du mois. 

Pour ceux qui, comme Samy, pensaient que leur vie allait s’améliorer dans un pays allié, c'est presque la même chose. «Je commence à penser que les Syriens sont maudits», conclut-il. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'armée israélienne annonce mener une offensive sur le sud du Liban

Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Short Url
  • "Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant
  • Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, où elle affirme que son aviation et son artillerie ont frappé 40 cibles du Hezbollah libanais et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur.

"Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant dans un communiqué.

"La moitié des commandants du Hezbollah dans le sud du Liban ont été éliminés, l'autre moitié se cache et laisse le champ libre aux opérations" militaires israéliennes.

Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi.

Le mouvement libanais pro-iranien n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations israéliennes.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah mène des attaques quasi-quotidiennes contre Israël pour soutenir le mouvement islamiste palestinien, son allié.

L'armée israélienne riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais et en menant des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah.

"Il y a peu de temps, les avions de combat et l'artillerie israélienne ont frappé environ 40 cibles terroristes du Hezbollah" autour d'Aïta el-Chaab dans le sud du Liban, y compris des sites de stockage d'armes, a affirmé plus tôt l'armée israélienne dans un communiqué.

Le Hezbollah "a mis en place des dizaines de moyens et d'infrastructures terroristes dans la région" pour attaquer Israël, a-t-elle ajouté.

L'agence officielle libanaise ANI a fait état de son côté de 13 frappes israéliennes près d'Aïta el-Chaab.

"Des avions militaires israéliens ont effectué plus de 13 frappes aériennes ciblant la périphérie des villes d'Aïta el-Chaab, Ramya, Jabal Balat et Khallet Warda", a déclaré l'agence.

Le Hezbollah avait annoncé mardi avoir tiré des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël, en représailles à la mort de deux civils dans le sud du Liban dans une frappe imputée à Israël.

Ces violences entre Hezbollah et Israël ont fait depuis le 7 octobre 380 morts du côté libanais, en majorité des combattants du mouvement libanais ainsi que 72 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée.

 

 


L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Short Url
  • Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains
  • L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah

LE CAIRE: L’Égypte nie avoir tenu des discussions avec Israël au sujet d’une offensive dans la ville palestinienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains, selon lequel l’Égypte a discuté avec Israël de ses projets d’offensive à Rafah.

M. Rashwan a réaffirmé l’opposition totale de l’Égypte à cette opération, position annoncée à plusieurs reprises par les responsables politiques du pays, qui estiment que cette opération conduira à de nouveaux massacres, à des pertes humaines massives et à une destruction généralisée.

Il a ajouté que les avertissements répétés de l’Égypte sont parvenus à la partie israélienne par tous les moyens depuis qu’Israël a proposé de mener une opération militaire à Rafah. Ces avertissements mentionnent les pertes attendues et les répercussions négatives sur la stabilité de l’ensemble de la région.

Alors qu’Israël envisage de mener cette opération à laquelle l’Égypte, la plupart des pays du monde et leurs institutions internationales s’opposent, les efforts de l’Égypte depuis le début de l’agression israélienne se focalisent sur la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers et de détenus, a précisé M. Rashwan.

Ce dernier a indiqué que l’Égypte cherchait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord et dans la ville de Gaza, ainsi que l’évacuation des blessés et des malades pour qu’ils soient soignés en dehors de cette région.

L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le roi Salmane d’Arabie saoudite admis à l’hôpital pour un contrôle de routine

Le roi Salmane admis dans un hôpital de Djeddah pour un contrôle de routine. (Photo, SPA)
Le roi Salmane admis dans un hôpital de Djeddah pour un contrôle de routine. (Photo, SPA)
Short Url
  • Les tests devraient durer «quelques heures», a déclaré la Cour royale, citée par SPA
  • Le roi Salmane a assisté mardi à la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres

DJEDDAH: Le roi Salmane d’Arabie saoudite a été admis au King Faisal Specialist Hospital and Research Centre à Djeddah pour un contrôle de routine, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Les tests devraient durer «quelques heures», a déclaré la Cour royale, citée par SPA.

Le roi Salmane a assisté mardi à la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com