A Kiev, un jeune Français formé en Syrie se prépare au combat

Des soldats ukrainiens marchent sur la ligne de front, près de Kiev, le 20 mars 2022. (AFP)
Des soldats ukrainiens marchent sur la ligne de front, près de Kiev, le 20 mars 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 21 mars 2022

A Kiev, un jeune Français formé en Syrie se prépare au combat

  • Pierre espère atterrir là où il sera «le plus utile»: «sur le front», pour pouvoir utiliser contre les Russes les compétences qu’il a acquises ces dernières années en Syrie
  • Entre 2014 et 2020, en Syrie, il dit avoir affronté d’autres «oppresseurs»: les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et la Turquie, ennemis des Kurdes

KIEB: Après avoir affronté les djihadistes, cette fois, ce sera l'armée russe : à Kiev, un jeune combattant français aguerri en Syrie se prépare à repartir au front pour "aider les Ukrainiens à garder leur liberté".

Il est arrivé dans la capitale, qu’il ne connaissait pas, il y a cinq jours, et attend de savoir où il sera bientôt déployé. Sans doute autour de la ville, dit-il, où les Ukrainiens craignent d’être à terme encerclés par les troupes russes.

Ce Français de 28 ans dit s'appeler Pierre et venir de Normandie (nord-ouest), sans plus de détails.

Il espère atterrir là où il sera "le plus utile" : "sur le front", pour pouvoir utiliser contre les Russes les compétences qu’il a acquises ces dernières années en Syrie, comme "tirer avec des (mitrailleuses) 12,7 et 14,5 mm, des kalachnikov, des lance-roquettes..."

Brun, taille moyenne, silhouette fine et affutée, il arrive d’un pas tranquille dans le parc discret de Kiev où il a donné rendez-vous à l’AFP. Rangers de toile beige aux pieds et vêtu d’un survêtement militaire kaki, comme le foulard qui cache le bas de son visage. 

Le 24 février, Pierre, ancien apprenti peintre en bâtiment qui travaille régulièrement sur les chantiers de construction, est chez lui lorsque la Russie envahit l’Ukraine. En voyant ces images, il est "révolté". Le lendemain, au réveil, il est toujours "énervé".

"Dans l'après-midi, je me suis dit : c'est bon, je me casse. Je ne pouvais pas rester dans mon canapé à regarder ça."

«Jusqu’à la fin»
Dix jours de trains et voitures plus tard, il est en Ukraine, où le président Volodymyr Zelensky a appelé les volontaires étrangers à rejoindre la résistance à l'invasion russe. Quelque 20 000 sont déjà arrivés selon le gouvernement ukrainien, un chiffre impossible à vérifier de source indépendante.


Des soldats ukrainiens orientent Pierre vers la légion étrangère géorgienne, une unité militaire créée en 2014 par d’anciens soldats de ce pays du Caucase pour aider l’Ukraine à lutter contre Moscou.


Aujourd'hui, Pierre sait que la bataille sera longue. Il prévoit de rester "jusqu'à la fin de la guerre s'il le faut", par "engagement" et "solidarité" avec les Ukrainiens qui "se battent pour garder leur liberté" menacée par l’"oppresseur" russe.


Entre 2014 et 2020, en Syrie, il dit avoir affronté d’autres "oppresseurs" : les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et la Turquie, ennemis des Kurdes. Et, dans le désert du nord syrien, avoir survécu aux féroces batailles de "Manbij", "Raqa", "Deir Ezzor.."


Il y passera quatre ans au total, en trois séjours, frôlant la mort plusieurs fois, notamment à Raqa, l'ex-capitale de l'EI, que les Kurdes, soutenus par les avions de l'Otan, ont reprise en 2017 aux jihadistes. Ces derniers, avant de fuir, y avaient truffé de mines des quartiers entiers.


Alors qu'il fouillait un bâtiment avec son unité, un de ses camarades a déclenché une mine enfouie sous les débris, dans une cage d'escalier. Pierre, qui par chance se trouvait à ce moment-là dans un recoin de l’escalier, n'a rien eu. Mais devant lui, quatre sont morts, un autre a été grièvement blessé. 


"Ça traumatise un peu", dit-il.

«Le ballon dans le match»

Comme en Syrie, Pierre croise en Ukraine des volontaires d'horizons très divers, "des Italiens, des Allemands, des Norvégiens, des Espagnols, des gens d’un peu partout en Europe", "et même d'Inde".


Selon une source interne, la légion étrangères géorgienne en Ukraine compte actuellement de plusieurs dizaines à quelques centaines de volontaires étrangers, dont au moins trois Français. 


Pierre loue le courage et l'unité des Ukrainiens. "Les civils sont tous prêts à se battre", affirme-t-il, oubliant que rien qu’à Kiev, la moitié de la population a fui depuis le début de l’invasion, de l’aveu même de la mairie.


Il voit l'Ukraine comme "le ballon dans le match de foot" au sommet que se livrent Russie et Etats-Unis. "A la fin les Ukrainiens se retrouvent dans la merde", dénonce-t-il. "Quand ça pète il n'y a plus personne pour les aider, on leur livre (juste) des armes en catastrophe..."


Il range la France dans le même sac que les autres pays européens "hypocrites", qui s'indignent mais "laissent faire des massacres" en Ukraine, comme "au Kurdistan, au Yémen, en Birmanie".


Quand il était plus jeune, en France, Pierre était très intéressé par l'armée. Mais il a fait "quelques conneries", glisse-t-il, sans vouloir s’étendre, qui lui ont fermé les portes des casernes. Et il sait que ses longs séjours guerriers en Syrie, suspects aux yeux des autorités françaises, ne vont pas aider à les rouvrir.


Mais aujourd'hui, il dit "merci à ceux qui en France (l)’ont écarté de l’armée", "car mieux vaut aller seul au Kurdistan ou ici (en Ukraine), que faire le jeu hypocrite des politiques".


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.

 


Accélérer "l'électrification" de la France: des acteurs de l'énergie mobilisent les parlementaires

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées
  • Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique

PARIS: A l'approche d'un débat au Parlement sur la souveraineté énergétique, une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées et coûteuses.

"Chaque jour, ce sont 180 millions d’euros qui s’envolent pour couvrir notre consommation d'énergies fossiles – soit plus de 65 milliards d’euros par an versés à des puissances étrangères, parfois hostiles à nos intérêts", selon cette lettre ouverte aux députés et aux sénateurs.

Parmi les signataires figurent l'Union française de l'électricité, des acteurs des renouvelables (Enerplan, France Hydro Électricité, France Renouvelables, SER) et du nucléaire (Gifen, SFEN).

Ils soulignent "l'urgence" d'accélerer "les transferts d’usage vers l’électricité", dans les transports, l'industrie et les bâtiments encore très dépendants des énergies fossiles.

Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique après 4 ans d'une large concertation pour bâtir la nouvelle feuille énergétique de la France pour la période 2025-2035.

Cette programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) doit mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050 en réduisant la part des énergies fossiles dans la consommation d'environ 60% en 2023 à 30% en 2035.

Ce projet a été approuvé le 27 mars dernier par le conseil de supérieur de l'énergie, et restait à publier le décret. Or l'adoption de cette PPE a été fortement critiquée par des partis allant du centre à l'extrême droite au Parlement, ainsi que par les défenseurs de l'énergie nucléaire, dénonçant un soutien trop important aux énergies renouvelables au détriment de l'atome selon eux.

De nombreux acteurs de l'énergie pressent pour que le décret soit publié au plus vite et appellent à cesser les tergiversations politiques, craignant l'absence de visibilité pour investir et recruter.

"La question n’est pas tant de savoir si l’électricité doit sortir d’un (réacteur) EPR, d’un SMR (mini réacteur), d’un barrage (...) d’une éolienne ou d’un panneau solaire, mais surtout de savoir comment cette électricité, produite intégralement en France et décarbonée, peut se substituer aux énergies fossiles importées", soulignent les signataires.

Le décret sera publié "d'ici à l'été", à l'issue du débat sans vote au Parlement, indiquait début avril le cabinet de la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Le décret pourra faire l'objet "d'éventuelles modifications en fonction des débats parlementaires qui auront lieu lors de la discussion" d'une proposition de loi du sénateur LR Daniel Gremillet. Celle-ci déjà adoptée en première lecture par le Sénat sera discutée à l'Assemblée nationale "la deuxième quinzaine de juin", selon Mme Primas.