BEYROUTH: La Galerie Nathalie Obadia, à Paris, consacre une exposition à l'artiste égyptien Youssef Nabil jusqu’au 7 mai prochain. Sous le titre Memory of a Happy Place, l’artiste explore les thèmes du destin et de la mémoire, à travers un accrochage largement composé d'autoportraits et de paysages.
Tel un journal intime, Memory of a Happy Place nous dévoile une série de vingt photographies révolutionnaires, ainsi qu'un nouveau film intitulé The Beautiful Voyage.
Aux couleurs délavées par le temps, ces photographies présentent ainsi une version du monde où se mêlent la fiction et la réalité. De son itinérance à travers les quatre coins du monde, et à la faveur de ses résidences ou de ses expositions, Nabil fait de nous des spectateurs de sa vie.
The Beautiful Voyage est le quatrième court-métrage réalisé par l'artiste photographe après You Never Left, (2010), I Saved My Belly Dancer, (2015) et Arabian Happy Ending, (2016), il revêt une importance tout aussi fondamentale dans la pratique de l’artiste, et ouvre un nouveau chapitre de son œuvre.
Youssef Nabil nous livre le portrait d'une vie construite au gré de voyages, la narration d'une existence façonnée par l'exil, sans appel au retour vers un pays dont le plus beau cadeau aura été l'incitation au départ.
Cette visite dans l'âme de Youssef Nabil nous livre la part de rêve liée à ces aventures que la mémoire dénature, pour en donner une image utopique. Cette réflexion sur la tromperie de la mémoire se lit notamment par la production de certaines photographies décalquées. Ainsi dans Memory of a Happy Place, le dédoublement de la ligne d'horizon se manifeste au biais poétique de la mémoire, qui présente des souvenirs fantasmés.
La question de l’exil hante l’artiste qui a quitté l’Égypte définitivement en 2003. Celui-ci se représente presque systématiquement de dos, tourné vers l'avenir incertain, et empruntant les codes de la grande peinture romantique. C'est cette part de nostalgie que l'on retrouve dans l'esthétique de ses photographies.
Depuis les années 90, Nabil construit une œuvre singulière dont la démarche n’a jamais varié. Il emprunte sa technique à la colorisation du cinéma des années 40. Se liant d’amitié avec Van Leo, Van Leo, photographe des stars de l’âge d’or égyptien. Amoureux du vieux cinéma, lui qui souhaite au départ se consacrer uniquement à la photographie en noir et blanc, ressent le besoin d’introduire de la couleur sans utiliser de pellicule couleur. Il part donc à la recherche de vieux retoucheurs dans les studios de portraits du Caire et d’Alexandrie et apprend leur technique.
Youssef Nabil s'adonne notamment à l’exploration du portrait et de l’autoportrait. Ses autoportraits, réalisés aux quatre coins du monde, sont dès lors de véritables métaphores du sentiment d'exil ressenti par l'artiste.