PARIS: Jusqu'ici accaparé par ses fonctions de président, Emmanuel Macron accélère sa campagne en présentant son programme jeudi avec l'objectif d'imposer ses thèmes à ses adversaires à trois semaines du premier tour de la présidentielle.
Depuis qu'il s'est déclaré début mars, le président-candidat n'a fait qu'une seule rencontre publique avec des Français, le 7 mars à Poissy, alors que ses adversaires multiplient les meetings, à l'image de la candidate LR Valérie Pécresse, à Nîmes jeudi soir.
Dans une campagne complètement à part, percutée d'abord par la crise du Covid, puis la guerre en Ukraine, le chef de l'Etat donne la priorité à ses efforts diplomatiques. Au point que son camp doit mener "presque une campagne sans candidat", alors que les oppositions l'accusent d'esquiver le débat.
Marion Maréchal assure ne pas être la «bouée de sauvetage» d'Eric Zemmour
Marion Maréchal a affirmé mercredi ne pas être "la bouée de sauvetage" d'un Éric Zemmour qui stagne dans les intentions de vote au premier tour de la présidentielle, lors d'un meeting à Saint-Jean-le-Blanc (Loiret).
"Je ne suis ni une caution, ni une bouée de sauvetage", a lancé la nièce de Marine Le Pen, quelques jours après son ralliement à Reconquête!, devant un public de près de mille personnes, selon les organisateurs.
Dans un meeting dont elle partageait l'affiche avec le transfuge de LR Guillaume Peltier, elle a fustigé les choix stratégiques internationaux d'Emmanuel Macron.
"Il joue au chef de guerre bombardé avec sa barbe de trois jours", a-t-elle raillé, égratignant un Président qui "n'a pas réussi à convaincre ses partenaires de la pertinence d'une puissance européenne autonome et indépendante, (...) portée par la France".
Jeudi à partir de 15h00, Emmanuel Macron, largement en tête dans tous les sondages, entame son sprint final vers le premier tour lors d'une conférence de presse aux Docks de Paris, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
Par un propos liminaire d'une heure, il va exposer une trentaine de mesures phare, avant de répondre aux questions des 320 journalistes accrédités, dont plusieurs dizaines de médias internationaux.
Le corps de son programme, soit une centaine de mesures, sera ensuite détaillé dans un fascicule de 24 pages qui sera envoyé par courrier à quelque 6 millions de foyers ce week-end.
"Emmanuel Macron aura à cœur de montrer que l'ADN du macronisme est toujours là. Il y aura donc des surprises à la fois sur le ton et sur les mesures", promet un cadre de la majorité.
Ces derniers jours, par ses déclarations ou des fuites dans la presse, une vingtaine de ses propositions ont déjà filtré, comme le report de l'âge du départ en retraite à 65 ans, mais aussi, comme l'a révélé Le Figaro mercredi soir, une baisse des droits de succession.
Emmanuel Macron propose ainsi, précise le quotidien, d'augmenter l'abattement sur les successions en ligne directe à 150 000 euros contre 100 000 euros actuellement, tout en élargissant le régime des héritiers en ligne directe aux enfants des conjoints. Et pour les successions en lignes indirectes, il suggère de porter l'abattement à 100 000 euros sur les petites et moyennes successions.
«Un grand chamboule-tout»
Le président-candidat avait dévoilé la semaine dernière d'autres propositions comme l'instauration de 30 minutes de sport quotidiennes à l'école primaire, la suppression de la redevance télé ou la possibilité pour les foyers modestes d'acquérir en leasing une voiture électrique.
Jeudi, il devrait également présenter des mesures de lutte contre les déserts médicaux, des initiatives pour la transition écologique mais aussi pour renforcer la souveraineté française et européenne en matière de recherche ou d'industrialisation.
Sans oublier des expérimentations pour l'autonomie des établissements scolaires, déjà esquissées à Marseille en février.
"Sur l'éducation ce sera un grand chamboule-tout qui va surprendre. Il y a par exemple l'idée que le projet pédagogique soit pas le même à Paris et dans les quartiers nord de Marseille", assure un proche.
«Aucun obstacle ne me détournera de cette campagne», assure Pécresse
"Aucun obstacle ne me détournera de cette campagne", a assuré mercredi soir la candidate LR Valérie Pécresse, en appelant ses sympathisants à la mobilisation à 25 jour du premier tour de la présidentielle.
"N'écoutez aucun sondage, ceux qui disent qu'une élection est pliée. C'est vous qui allez la faire, car vous avez dans la poche un outil précieux" qu'est "le bulletin de vote" a ajouté la candidate, donnée 4e voire 5e dans les sondages, lors d'une réunion publique à Meaux.
"Allez convaincre les indécis, a-t-elle ajouté en conclusion de son discours.
Le président LREM de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a aussi affirmé lundi qu'un versement automatique des prestations sociales sur le modèle du prélèvement à la source "sera mis en oeuvre" en cas de deuxième mandat.
"L'idée est d'aller vers un versement unique à travers un revenu universel d'activité, accompagné de devoirs", précise un proche, par exemple en le conditionnant à des heures d'activité ou de formation.
Son camp espère que ces propositions vont s'imposer dans le débat, même si le candidat continuera à se faire rare, avec pour l'instant un seul meeting en vue, le 2 avril à Paris.
Il effectuera vendredi un déplacement de campagne à Pau. En revanche, un meeting à Nice la semaine prochaine se déroulera sans lui.
Mais campagne ou pas, il continuera à privilégier son action internationale, selon un proche, avec un nouveau sommet européen à Bruxelles la semaine prochaine, en présence exceptionnellement du président américain Joe Biden.
Et ce week-end, c'est en président qu'il organisera une réception pour les 60 ans des accords d'Evian et une commémoration des attentats de Toulouse et Montauban de 2012.
Après Rennes, des locaux du PCF vandalisés à Aubervilliers
Les façades de deux locaux du Parti communiste, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, et dans le 12e arrondissement de Paris, ont été dégradées après des faits similaires lundi à Rennes, a dénoncé mercredi le directeur de campagne du candidat Fabien Roussel.
La façade du local du PCF à Aubervilliers a été la cible d'un tag "PCF traître", a dénoncé dans l'après-midi Ian Brossat sur Twitter, photo à l'appui.
Mercredi soir, c'est la section du 12e arrondissement de Paris qui a à son tour été vandalisée, avec notamment des vitres brisées, selon un tweet du secrétaire de la fédération de Paris, Adrien Tiberti, relayé par M. Brossat.