Les tensions en Corse s'invitent sur l'échiquier de la présidentielle

Des manifestants tiennent des cocktails molotov devant la préfecture de Bastia à Bastia le 13 mars 2022, en soutien à la figure nationaliste corse Yvan Colonna. (AFP)
Des manifestants tiennent des cocktails molotov devant la préfecture de Bastia à Bastia le 13 mars 2022, en soutien à la figure nationaliste corse Yvan Colonna. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 15 mars 2022

Les tensions en Corse s'invitent sur l'échiquier de la présidentielle

  • En raison d'une actualité écrasée par la crise ukrainienne, les oppositions et les rivaux d'Emmanuel Macron dans la course à l'Elysée ont tardé à rebondir sur la situation corse
  • La mission de Darmanin? Ramener l'ordre public mais aussi renouer le dialogue avec les élus locaux, avec en toile de fond l'évolution du statut institutionnel de la Corse. Un sujet explosif

PARIS: La question corse a fait brutalement irruption dans la campagne présidentielle avec la flambée de violences dans l'Ile de Beauté à la suite de la tentative d'assassinat en prison d'Yvan Colonna, condamné pour l'assassinat du préfet Erignac.


En raison d'une actualité écrasée par la crise ukrainienne, les oppositions et les rivaux d'Emmanuel Macron dans la course à l'Elysée ont tardé à rebondir sur la situation corse mais les critiques commencent à abonder.


"On ne laisse pas pourrir une situation pendant une semaine", tance Anne Hidalgo.


Le député LFI Eric Coquerel met lui en garde contre les fausses promesses à propos du "cycle sans précédent de discussions" promis par Gérald Darmanin: "à quatre semaines d'un premier tour, ce ne peut être que des engagements fermes, sinon c'est de la démagogie", dit l'insoumis.


Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui a hérité du dossier "Corse" après le départ de Jacqueline Gourault du gouvernement, doit en effet se rendre sur l'île mercredi pour une visite de deux jours.


Sa mission? Ramener l'ordre public mais aussi renouer le dialogue avec les élus locaux, avec en toile de fond l'évolution du statut institutionnel de la Corse. Un sujet explosif.


«Etincelle allumée»

Depuis la violente agression par un co-détenu radicalisé le 2 mars d'Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998 et incarcéré à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône), les manifestations violentes se sont succédées avec en point d'orgue celle de dimanche à Bastia, faisant 67 blessés dont 44 membres des forces de l'ordre.


Pour le politologue Jérôme Fourquet, le sujet peut toutefois difficilement prétendre à une place de choix dans la campagne présidentielle, compte tenu du contexte international.


"Si l'actualité continue d'être polarisée sur l'Ukraine, les Corses auront du mal à passer le mur du son, même avec ce degré de mobilisation", commente-t-il auprès de l'AFP.


Pour apaiser les protestations, le Premier ministre Jean Castex a déjà levé vendredi le statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS) d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, deux autres membres du "commando Erignac" détenus sur le continent.


"Une fois que l'étincelle est allumée, on peut avoir du mal à l'éteindre", alerte François Kraus, directeur du pôle politique à l'Ifop. Selon lui, la situation pourrait s'envenimer si "le gouvernement ne cède pas aussi sur l'institutionnel".


Pour la candidate LR Valérie Pécresse, le gouvernement a "joué la montre sur le retour des prisonniers corses".


Marine Le Pen en faveur du rapprochement des détenus en Corse, a renvoyé le drame survenu à la prison d'Arles et ses conséquences sur le dos de l'exécutif en dénonçant les conditions de détention "absolument inouïes, de nonchalance, de laxisme" d'Yvan Colonna et "la responsabilité du ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti" dans les violences.


La candidate RN envisage de se rendre sur l'Ile de Beauté d'ici fin mars.


Plus globalement, Eric Zemmour estime que le nationalisme corse est "le symptôme d'une France qui n'est plus à la hauteur des attentes", pointant une fois encore comme cause "l'immigration de masse". 


Au-delà des vieilles revendications nationalistes, cette crise est aussi "identitaire" et témoigne d'une "très forte sensibilité des Corses à la question de l'immigration", estime Jérôme Fourquet.


Selon François Kraus, la colère actuelle pourrait engendrer des "votes contestataires" à l'élection d'avril, en faveur de candidats ruralistes comme Jean Lassalle, ou de l'extrême droite, radicale sur la question de l'immigration.


La question corse, qui concerne plus de 300 000 insulaires, aura cependant un poids "limité" dans cette présidentielle, nuance M. Kraus.


En 2017, les Corses avaient placé Marine Le Pen en tête du premier tour, avant de choisir Emmanuel Macron à 51,48% au second tour de la présidentielle. 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Short Url
  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

Short Url
  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Short Url
  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.