L'aide a évité la famine au Yémen, mais elle n'est pas suffisante selon l'ONU

Les quelques 14 milliards de dollars d'aide versés au Yémen ont aidé à stabiliser les taux de mortalité dans le pays, selon Martin Griffiths (Photo, AFP).
Les quelques 14 milliards de dollars d'aide versés au Yémen ont aidé à stabiliser les taux de mortalité dans le pays, selon Martin Griffiths (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 16 mars 2022

L'aide a évité la famine au Yémen, mais elle n'est pas suffisante selon l'ONU

  • Sans l’aide apportée jusqu’à présent, «beaucoup plus de personnes au Yémen seraient tombées malades et seraient même mortes» selon Griffiths
  • L'envoyé spécial de l'ONU au Yémen a appelé les États membres à se rallier à ses efforts afin d’apporter espoir et secours aux Yéménites avant le Ramadan

NEW YORK: Près de 14 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,91 euro) d'aide internationale versés au Yémen au cours des sept dernières années ont fait une «énorme différence» pour la population du pays, a signalé Martin Griffiths, responsable de l’aide humanitaire des Nations unies.
Cette aide a permis d’éviter une famine généralisée et de stabiliser les taux de morbidité et de mortalité dans le pays ravagé par la guerre, a-t-il ajouté.
Toutefois, Griffiths a annoncé mardi au Conseil de sécurité que 75% de cette somme «exceptionnelle, extraordinaire et généreuse» provenaient de six donateurs seulement : les États-Unis, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'UE. Il a remercié tous les donateurs, en soulignant l'importance de mettre l’accent sur les contributions et les bénéfices humanitaires au Yémen qu’elles ont permis d’obtenir.
«Tout d’abord, il n'y a pas eu de famine de masse au Yémen, comme on nous l'a si souvent rappelé», a expliqué Griffiths. Il a aussi appelé à la poursuite des efforts dans le but de prévenir la famine et la malnutrition dans un contexte d'insécurité alimentaire croissante.
«Le Yémen s'est engagé à plusieurs reprises sur cette voie sombre, notamment au début de l'année dernière, pour être sauvé de cette  situation par une action humanitaire opportune et bien financée. C’est un succès considérable.»
Griffiths a de plus signalé que l'aide a contribué à maintenir les taux de morbidité et de mortalité stables pendant le conflit.
«Autrement dit, sans le niveau de la réponse, beaucoup plus de personnes au Yémen seraient tombées malades et beaucoup seraient même mortes», a-t-il avisé. «C'est un autre résultat essentiel. Ces réalisations et d'autres sont le résultat d'une action collective, et non l'action d'un seul pays.»
Il s'exprimait lors d'une réunion du Conseil de sécurité afin de discuter de la situation au Yémen, avant un événement d’annonce de contributions de haut niveau des donateurs qui se tiendra mercredi, et qui sera co-organisé par la Suède et la Suisse. Les organisations humanitaires recherchent près de 4,3 milliards de dollars de financement pour continuer à aider plus de 17 millions de Yéménites à travers tout le pays.
«L'événement de demain n'est seulement une question d'argent, même si ceci reste extrêmement important», a affirmé Griffiths. «C'est aussi l’occasion pour la communauté internationale de montrer que nous n’abandonnons pas le Yémen, même après toutes ces années et avec l'émergence de nouvelles crises. Cela est un message très important.»
Selon lui, la situation au Yémen continue de représenter une situation d’«urgence chronique», car la faim, la maladie et «d'autres misères» augmentent plus rapidement que les agences d'aide humanitaire ne sont en mesure de les satisfaire.
«23,4 millions de personnes ont maintenant besoin d'une quelconque forme d'assistance», a dévoilé Griffiths. «Cela représente trois personnes sur quatre et c'est un chiffre étonnant qui est si profondément troublant.»
«Parmi elles, 19 millions souffriront de la faim, ce qui représente une augmentation de près de 20% par rapport à l'année dernière. Nous pensons, et j'utilise ces mots avec précaution, que plus de 160 000 de ces personnes seront confrontées à des conditions proches de la famine.»
Malgré les nombreux appels internationaux à un cessez-le-feu et à des pourparlers de paix pour résoudre le conflit au Yémen, les hostilités persistent encore dans environ 50 lignes de front, en particulier à Marib, où une offensive houthie se poursuit depuis deux ans, a avisé Griffiths.
 «L'année dernière, les hostilités ont tué ou blessé plus de 2 500 civils et forcé près de 300 000 personnes à fuir leurs maisons», a-t-il expliqué. Il a ajouté que 4,3 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Yémen depuis 2015.
Le Yémen importe un tiers de son approvisionnement en blé d'Ukraine. La guerre qui fait rage dans ce pays après l'invasion russe le mois dernier pourra restreindre les importations et faire grimper le coût des denrées alimentaires, qui a déjà presque doublé au Yémen l'année dernière, a indiqué Griffiths. Les pénuries de carburant contribuent également à la hausse des prix des produits alimentaires, a-t-il ajouté.
Hans Grundberg, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour le Yémen, a déclaré au Conseil de sécurité que le peuple yéménite s'est vu refuser la possibilité de vivre en paix pendant plusieurs années. Pour cette raison, un effort conjoint et concerté de la communauté internationale est nécessaire afin de briser «ce cycle sans fin de violence et jeter les bases d'une paix durable».
Pendant son briefing devant les membres du Conseil concernant les derniers développements de la situation sécuritaire au Yémen, Grundberg a déclaré que les hostilités sont toujours aussi intenses sur plusieurs fronts. Entre autres exemples, il a souligné que les Houthis continuent leur l'offensive contre Marib, qui «a fait beaucoup de dommages aux civils» depuis deux ans.
«La violence continue également de se propager dans la région», a-t-il affirmé. «Le 21 février, les éclats d'un drone interceptés au-dessus de l'aéroport Roi Abdallah de la ville de Jazan ont blessé 16 civils.»
Le fait est qu'il ne peut y avoir de solution militaire durable au conflit, a estimé Grundberg. «Comme toujours, nous voyons des civils payer un prix inacceptable pour des choix sur lesquels ils n'ont aucune influence.»
Selon, l'UNICEF, l’Organisation des Nations unies pour l'enfance, au moins 47 enfants ont été tués ou mutilés au Yémen au cours des deux premiers mois de cette année seulement. Plus de 10 200 enfants ont été confirmés tués ou blessés au cours des sept dernières années. Toutefois, le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé, a indiqué l'organisation.
Grundberg a en outre averti que la crise économique continue de s'intensifier et risque de s'aggraver.  La valeur de la monnaie yéménite a chuté de 20% par rapport au dollar à Aden et dans les gouvernorats environnants. Cela fait craindre une nouvelle baisse brutale du taux de change, une hausse des prix et une aggravation des divisions dans l'économie nationale. Il a appelé à des mesures tangibles de manière à aider à stabiliser la monnaie locale.
Les pénuries de carburant sont particulièrement graves dans les zones contrôlées par les Houthis, a révélé Grundberg. Ces pénuries, combinées à la dépréciation de la monnaie, affecteront encore plus les civils alors que les ménages se préparent au Ramadan. Les Yéménites continuent également de vivre avec de sévères restrictions à la liberté de mouvement, a-t-il ajouté.
«La fermeture de l'aéroport de Sanaa empêche de nombreux Yéménites du nord de voyager à l'étranger», a-t-il expliqué. «La poursuite des combats, la multiplication des postes de contrôle et la fermeture des points d'accès, notamment à Taïz, entravent également la circulation des Yéménites à l'intérieur du pays.»
Grundberg a ainsi confié qu'il s’efforce d’explorer avec les différentes factions yéménites les options de mesures de désescalade immédiates qui pourraient réduire la violence, atténuer la crise du carburant et améliorer la liberté de mouvement.
«À l'approche du Ramadan, j’espère que les parties s'engageront rapidement et de façon constructive dans mes propositions afin d’apporter au peuple yéménite l'espoir et le soulagement dont il a tant besoin», a-t-il ajouté.
«À cet égard, je me réjouis de pouvoir m’entretenir avec les dirigeants d'Ansar Allah (le nom officiel du mouvement Houthi) à Sanaa sur cette question, ainsi que sur la manière dont nous pouvons faire avancer le processus politique.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Hezbollah dit recourir à de nouvelles armes dans ses attaques contre Israël

Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien Iron Dome au-dessus du plateau du Golan annexé par Israël, le 17 mai 2024, alors que des affrontements transfrontaliers se poursuivent entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo Jalaa Marey AFP)
Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien Iron Dome au-dessus du plateau du Golan annexé par Israël, le 17 mai 2024, alors que des affrontements transfrontaliers se poursuivent entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo Jalaa Marey AFP)
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  • Le Hezbollah, selon l'analyste militaire Khalil Helou, est capable d'envoyer «des drones qu'il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars»
  • Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l'aide d'un drone équipé de deux missiles «S5», généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d'Israël

BEYROUTH, Liban : Le puissant Hezbollah libanais a eu recours ces dernières semaines à de nouvelles armes dans son conflit avec Israël, dont un drone capable de lancer des missiles avant d'exploser en attaquant ses cibles.

Depuis le début de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah armé et financé par l'Iran affirme attaquer des objectifs militaires principalement dans le nord d'Israël à partir du sud du Liban, où il est fortement implanté, pour soutenir le mouvement islamiste palestinien.

- Drones et missiles -

Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l'aide d'un drone équipé de deux missiles «S5», généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d'Israël.

Il a publié une vidéo montrant le drone volant vers un site où se trouvent des chars, avant de lancer deux missiles puis d'exploser contre sa cible.

C'est la première fois que le mouvement annonce l'utilisation d'une telle arme depuis le début des échanges de tirs transfrontaliers.

L'armée israélienne a déclaré que trois soldats avaient été blessés dans l’explosion d'un drone à Metoulla.

Selon le Hezbollah, la charge explosive du drone pèse entre 25 et 30 kilos.

L'importance de cette arme, explique à l'AFP l'analyste militaire Khalil Helou, un général de brigade à la retraite, réside dans sa capacité à lancer l'attaque depuis l'intérieur du territoire israélien.

Le Hezbollah, selon lui, est capable d'envoyer «des drones qu'il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars».

- Missiles iraniens -

Mercredi, le mouvement libanais a annoncé avoir lancé des «drones d'attaque» contre une base militaire proche de Tibériade dans le nord d'Israël, à environ 30 kilomètres de la frontière avec le Liban.

C'est la première fois selon des experts qu'il cible un objectif en profondeur du territoire israélien.

Ces dernières semaines, le Hezbollah a aussi annoncé avoir utilisé simultanément dans une seule attaque contre des sites ou des convois militaires israéliens, des drones explosifs et des missiles guidés.

Il a aussi eu recours à des «missiles guidés» et à des missiles iraniens de type Burkan, Almas et Jihad Moughniyé, du nom d'un commandant du Hezbollah tué par Israël en 2015 en Syrie.

Mais, dit M. Helou, le Hezbollah continue d'utiliser en premier lieu dans ses attaques, des missiles antichars Kornet, qui ont une portée entre 5 et 8 kilomètres.

Le missile antichars russe Konkurs fait également partie de son arsenal et peut échapper au système de défense antimissiles israélien Dôme de fer.

- «Guerre d'usure» -

Le Hezbollah, qui possède un énorme arsenal, a maintes fois annoncé disposer de plusieurs armes et missiles avancés capables d'atteindre Israël en profondeur.

Le 5 avril, son secrétaire général Hassan Nasrallah avait affirmé que le mouvement n'avait «pas encore employé ses principales armes» dans la bataille.

Depuis octobre 2023, le Hezbollah et Israël testent leurs méthodes d'attaque et leurs tactiques militaires, estiment des analystes.

Mais selon M. Helou, le mouvement libanais «ne veut pas élargir le cercle de la guerre. Il s'agit d'une guerre d'usure» dans laquelle il tente de pousser l'armée israélienne à mobiliser davantage de soldats à sa frontière nord et de la dissuader de «lancer une attaque d'envergure au Liban».

 


Israël: tiraillements au sommet de l'Etat sur fond de «bataille décisive» à Rafah

Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avec des soldats près d'un obusier d'artillerie automoteur lors d'une visite à une position le long de la frontière avec la bande de Gaza près de Rafah. (Photo de l'armée israélienne / AFP)
Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avec des soldats près d'un obusier d'artillerie automoteur lors d'une visite à une position le long de la frontière avec la bande de Gaza près de Rafah. (Photo de l'armée israélienne / AFP)
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  • La bataille de Rafah à peine lancée, le ministre de la Défense Yoav Gallant a le 15 mai pressé Benjamin Netanyahu de préparer l'après-Hamas, soulignant que «la fin de la campagne militaire doit s'accompagner d'une action politique»
  • Faute de trouver un remplaçant au Hamas qu'Israël considère comme terroriste, celui-ci ne pourra être vaincu, avertissent les experts

JÉRUSALEM : Des dissensions sont apparues au sommet de l'Etat israélien autour du scénario de l'après-guerre dans la bande de Gaza, au moment où le gouvernement affirme y mener la «bataille décisive» pour anéantir le mouvement palestinien Hamas.

En entrant dans le 8e mois de guerre, l'armée israélienne a lancé le 7 mai des opérations au sol à Rafah, localité adossée à la frontière égyptienne à la lisière sud de la bande de Gaza, où se cachent, selon elle, les derniers bataillons du Hamas.

Mais, la bataille à peine lancée, le ministre de la Défense Yoav Gallant a le 15 mai pressé Benjamin Netanyahu de préparer l'après-Hamas, soulignant que «la fin de la campagne militaire doit s'accompagner d'une action politique», s'opposant publiquement au Premier ministre qui peu avant avait écarté «toute discussion sur l'avenir de la bande de Gaza» avant que «le Hamas soit anéanti».

«Une alternative gouvernementale au Hamas va être préparée immédiatement», a martelé M. Gallant, indiquant clairement qu'il s'opposerait à ce que la bande de Gaza soit placée sous administration civile ou militaire israélienne et sommant M. Netanyahu de déclarer que ce ne sera pas le cas.

Ces propos ont suscité la colère de ministres du gouvernement, parmi lesquels les ministres des Finances Bezalel Smotrich et de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, chefs de deux petits partis d'extrême-droite, acteurs-clé de la coalition gouvernementale, qui ont appelé au départ de Gallant.

- «Prix à payer» -

«Avec les critiques de Gallant (...) des réelles fissures sont apparues au sein du cabinet de guerre israélien», estime sur X Colin P. Clarke, directeur de recherche au centre de réflexion Soufan Group.

Et, avertissent les experts, faute de trouver un remplaçant au Hamas qu'Israël considère comme terroriste, celui-ci ne pourra être vaincu.

«Sans alternative pour remplir le vide, le Hamas continuera de prospérer», indique à l'AFP Mairav Zonszein, analyste de l'International Crisis Group (ICG).

«Si le Hamas est laissé seul dans Gaza, bien sûr, il apparaîtra ici et là et l'armée israélienne sera contrainte de courir partout», abonde Emmanuel Navon, professeur à l'université de Tel-Aviv.

Les Etats-Unis, principal soutien militaire d'Israël, pressent aussi M. Netanyahu d'éviter d'être englué, après le conflit, dans une interminable campagne de contre-insurrection. Washington a estimé fin mars qu'une «Autorité palestinienne redynamisée» pouvait jouer un rôle pour «créer les conditions d'une stabilité à la fois en Cisjordanie et dans Gaza», territoires palestiniens toujours considérés comme occupés au regard du droit international.

Une idée balayée par M. Netanyahu, pour qui l'Autorité palestinienne (AP), chassée de Gaza en 2007 par le Hamas et qu'il accuse de «soutenir» et «financer le terrorisme», n'est «certainement pas» une option pour diriger la bande de Gaza.

Pour Yoav Gallant, «le +jour d'après le Hamas+ n'existera qu'avec des entités palestiniennes prenant le contrôle de Gaza, accompagnées par des acteurs internationaux».

«C'est, par dessus tout, dans l'intérêt de l'Etat d'Israël» car «l'administration militaire de Gaza deviendrait le principal effort militaire et sécuritaire» d'Israël ces prochaines années et «le prix à payer serait un bain de sang (...) ainsi qu'un lourd coût économique», a-t-il estimé.

- Combats «acharnés» -

La guerre a été déclenchée par l'attaque sanglante menée par le Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort, côté israélien, de plus de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a lancé une offensive tous azimuts sur la bande de Gaza, qui a déjà fait plus de 35.000 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Et alors qu'Israël dit avoir entamé la «bataille décisive» de Rafah, les soldats israéliens affrontent à nouveau depuis le 12 mai des combattants du Hamas dans le nord du territoire.

L'armée avait pourtant proclamé en janvier avoir «achevé le démantèlement de la structure militaire» du Hamas dans le nord. Elle admet désormais mener, à Jabaliya, ses combats «peut-être les plus acharnées» dans cette zone depuis le début de son offensive terrestre le 27 octobre.

Un signe que «l'anéantissement» du Hamas, un des objectifs de la guerre, n'est peut-être pas si proche. Quant aux espoirs caressés d'une trêve négociée au Caire avec le Hamas, ils se sont évanouis avec le début des opérations dans Rafah.

L'accord de trêve «est dans une impasse totale» et «Israël fait semblant qu'il y a des progrès», explique Mme Zonszein. Les tiraillements au sommet de l'Etat, «plus les désaccords avec les Etats-Unis et le refus de l'Egypte de laisser passer de l'aide» depuis l'offensive israélienne à Rafah, «tout cela commence à faire beaucoup», ajoute-t-elle.

 


Des enfants parmi les victimes alors que les forces israéliennes intensifient leurs attaques contre le Hezbollah

Des soldats de l'armée libanaise et des badauds se rassemblent autour de la carcasse d'une voiture touchée par une frappe israélienne, qui aurait tué un responsable local du Hamas, à Majd al-Jabal dans la vallée de la Bekaa au Liban, le 17 mai 2024. (AFP)
Des soldats de l'armée libanaise et des badauds se rassemblent autour de la carcasse d'une voiture touchée par une frappe israélienne, qui aurait tué un responsable local du Hamas, à Majd al-Jabal dans la vallée de la Bekaa au Liban, le 17 mai 2024. (AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent lors du bombardement israélien du village libanais d'Al-Najjariyeh, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent lors du bombardement israélien du village libanais d'Al-Najjariyeh, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)
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  • Le Sud-Liban est confronté à une « escalade de la violence », déclare un vétéran de l'armée à Arab News
  • L'ambassade des Etats-Unis se joint aux appels à élire un nouveau président libanais pour « unir la nation »

BEYROUTH : Deux enfants d'une famille de réfugiés syriens ainsi qu’un combattant du Hezbollah ont été tués lors de frappes aériennes israéliennes ayant touché une zone située à plus de 30 km à l'intérieur de la frontière sud du Liban.

Les frappes israéliennes ont ciblé les villages de Najjariyeh et Addousiyeh, tous deux situés au sud de la ville côtière de Saïda, tuant des enfants et un combattant du Hezbollah qui conduisait un camion pick-up au moment de la frappe.

En riposte à ces raids, le Hezbollah a lancé des dizaines de roquettes en direction de la Haute Galilée, la Galilée occidentale, du bassin de la Galilée et du Golan.

Les médias israéliens ont rapporté que 140 roquettes avaient été tirées vers le nord du pays.

CONTEXTE

Le Hezbollah a échangé des tirs transfrontaliers avec les forces israéliennes presque quotidiennement depuis l'attaque du Hamas au sud d'Israël, le 7 octobre,ce qui a déclenché la guerre à Gaza,depuis déjà  huit mois.

Les tensions entre les forces israéliennes et le Hezbollah ont atteint un niveau critique avec des attaques de drones menées en profondeur dans le territoire libanais et le nord d'Israël.

Le général à la retraite Khaled Hamadé de l'armée libanaise a mis en garde contre une « escalade vers des violences plus graves dans le sud du Liban ».

Le Hezbollah insiste pour conditionner un cessez-le-feu dans le sud du Liban à la fin des hostilités dans la bande de Gaza.

Contrairement à la situation dans la bande de Gaza, aucune initiative n'est prise pour arrêter les affrontements entre Israël et le Hezbollah, selon Hamadé.

Dans un communiqué, le Hezbollah a revendiqué avoir visé la base logistique Tsnobar d'Israël dans le Golan avec 50 roquettes Katyusha en réponse à la frappe sur Najjarieh.

Selon les médias israéliens, des salves de roquettes ont visé des bases militaires à Katzrin et des zones au nord du lac de Tibériade.

Deux personnes ont été blessées dans des explosions de roquettes à Karam bin Zamra dans la Haute Galilée, ont ajouté les médias.

Les caméras de surveillance à Najjarieh ont capturé un drone israélien suivant un camion pick-up alors que le conducteur, nommé Hussein Khodor Mehdi, tentait de s’enfuir.

Le premier missile lancé par le drone a raté sa cible, mais un second a frappé le camion, le mettant en feu et tuant son conducteur. Trois passants ont également été blessés.

Le Hezbollah a déclaré que Mehdi, 62 ans, était un « martyr sur la route de Jérusalem ».

La radio de l'armée israélienne a affirmé que la victime était un commandant de haut rang dans l'armée de l'air du Hezbollah et que les chasseurs de l'armée avaient visé des infrastructures du Hezbollah à Najjarieh.

La deuxième frappe aérienne a touché une salle de congrès et une usine de ciment, blessant plusieurs membres d'une famille de réfugiés syriens. Deux enfants, Osama et Hani Al-Khaled, sont décédés des suites de leurs blessures.

Le Hezbollah a revendiqué avoir visé le site militaire d'Al-Raheb avec l'artillerie et les positions israéliennes à Al-Zaoura avec une salve de roquettes Katioucha.

Selon une source sécuritaire, les dernières cibles du Hezbollah comprenaient des ballons de surveillance près de Tibériade et à Adamit en Galilée.

Tôt vendredi, le Hezbollah a attaqué le nouveau quartier général du 411e Bataillon d'Artillerie au Kibboutz Jaatoun, à l'est de Nahariyya, à l’aide de drones en réponse à la mort de deux combattants du Hezbollah, Ali Fawzi Ayoub, 26 ans, et Mohammed Hassan Ali Fares, 34 ans, la veille.

Dans son sermon du vendredi, cheikh Mohammed Yazbek, chef du Conseil de la charia du Hezbollah, a déclaré que le groupe menait « sa guerre féroce dans le nord de la Palestine, pourchassant l'ennemi, aveuglant ses opérations d'espionnage et franchissant les lignes rouges, tout en traquant ses soldats dans leurs cachettes jusqu'à ce que la guerre à Gaza prenne fin ».

L'ambassade des États-Unis au Liban a lancé une mise en garde concernant le conflit à la frontière sud et la vacance présidentielle dans le pays.

L'élection d'un président est cruciale pour garantir la participation du Liban aux discussions régionales et aux futurs accords diplomatiques concernant sa frontière méridionale, a souligné l'ambassade.

Le Liban « a besoin et mérite un président capable d’unir la nation, de donner la priorité au bien-être de ses citoyens et de former une coalition large et inclusive pour restaurer la stabilité politique et mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires », a ajouté le communiqué.

Les ambassadeurs d'Égypte, de France, du Qatar, d'Arabie saoudite et des États-Unis au Liban ont publié cette semaine une déclaration mettant en garde contre « la situation critique à laquelle est confronté le peuple libanais et les répercussions difficiles à gérer sur l'économie et la stabilité sociale du Liban en raison du retard pris dans la mise en œuvre des réformes nécessaires ».