L'aide a évité la famine au Yémen, mais elle n'est pas suffisante selon l'ONU

Les quelques 14 milliards de dollars d'aide versés au Yémen ont aidé à stabiliser les taux de mortalité dans le pays, selon Martin Griffiths (Photo, AFP).
Les quelques 14 milliards de dollars d'aide versés au Yémen ont aidé à stabiliser les taux de mortalité dans le pays, selon Martin Griffiths (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 16 mars 2022

L'aide a évité la famine au Yémen, mais elle n'est pas suffisante selon l'ONU

  • Sans l’aide apportée jusqu’à présent, «beaucoup plus de personnes au Yémen seraient tombées malades et seraient même mortes» selon Griffiths
  • L'envoyé spécial de l'ONU au Yémen a appelé les États membres à se rallier à ses efforts afin d’apporter espoir et secours aux Yéménites avant le Ramadan

NEW YORK: Près de 14 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,91 euro) d'aide internationale versés au Yémen au cours des sept dernières années ont fait une «énorme différence» pour la population du pays, a signalé Martin Griffiths, responsable de l’aide humanitaire des Nations unies.
Cette aide a permis d’éviter une famine généralisée et de stabiliser les taux de morbidité et de mortalité dans le pays ravagé par la guerre, a-t-il ajouté.
Toutefois, Griffiths a annoncé mardi au Conseil de sécurité que 75% de cette somme «exceptionnelle, extraordinaire et généreuse» provenaient de six donateurs seulement : les États-Unis, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'UE. Il a remercié tous les donateurs, en soulignant l'importance de mettre l’accent sur les contributions et les bénéfices humanitaires au Yémen qu’elles ont permis d’obtenir.
«Tout d’abord, il n'y a pas eu de famine de masse au Yémen, comme on nous l'a si souvent rappelé», a expliqué Griffiths. Il a aussi appelé à la poursuite des efforts dans le but de prévenir la famine et la malnutrition dans un contexte d'insécurité alimentaire croissante.
«Le Yémen s'est engagé à plusieurs reprises sur cette voie sombre, notamment au début de l'année dernière, pour être sauvé de cette  situation par une action humanitaire opportune et bien financée. C’est un succès considérable.»
Griffiths a de plus signalé que l'aide a contribué à maintenir les taux de morbidité et de mortalité stables pendant le conflit.
«Autrement dit, sans le niveau de la réponse, beaucoup plus de personnes au Yémen seraient tombées malades et beaucoup seraient même mortes», a-t-il avisé. «C'est un autre résultat essentiel. Ces réalisations et d'autres sont le résultat d'une action collective, et non l'action d'un seul pays.»
Il s'exprimait lors d'une réunion du Conseil de sécurité afin de discuter de la situation au Yémen, avant un événement d’annonce de contributions de haut niveau des donateurs qui se tiendra mercredi, et qui sera co-organisé par la Suède et la Suisse. Les organisations humanitaires recherchent près de 4,3 milliards de dollars de financement pour continuer à aider plus de 17 millions de Yéménites à travers tout le pays.
«L'événement de demain n'est seulement une question d'argent, même si ceci reste extrêmement important», a affirmé Griffiths. «C'est aussi l’occasion pour la communauté internationale de montrer que nous n’abandonnons pas le Yémen, même après toutes ces années et avec l'émergence de nouvelles crises. Cela est un message très important.»
Selon lui, la situation au Yémen continue de représenter une situation d’«urgence chronique», car la faim, la maladie et «d'autres misères» augmentent plus rapidement que les agences d'aide humanitaire ne sont en mesure de les satisfaire.
«23,4 millions de personnes ont maintenant besoin d'une quelconque forme d'assistance», a dévoilé Griffiths. «Cela représente trois personnes sur quatre et c'est un chiffre étonnant qui est si profondément troublant.»
«Parmi elles, 19 millions souffriront de la faim, ce qui représente une augmentation de près de 20% par rapport à l'année dernière. Nous pensons, et j'utilise ces mots avec précaution, que plus de 160 000 de ces personnes seront confrontées à des conditions proches de la famine.»
Malgré les nombreux appels internationaux à un cessez-le-feu et à des pourparlers de paix pour résoudre le conflit au Yémen, les hostilités persistent encore dans environ 50 lignes de front, en particulier à Marib, où une offensive houthie se poursuit depuis deux ans, a avisé Griffiths.
 «L'année dernière, les hostilités ont tué ou blessé plus de 2 500 civils et forcé près de 300 000 personnes à fuir leurs maisons», a-t-il expliqué. Il a ajouté que 4,3 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Yémen depuis 2015.
Le Yémen importe un tiers de son approvisionnement en blé d'Ukraine. La guerre qui fait rage dans ce pays après l'invasion russe le mois dernier pourra restreindre les importations et faire grimper le coût des denrées alimentaires, qui a déjà presque doublé au Yémen l'année dernière, a indiqué Griffiths. Les pénuries de carburant contribuent également à la hausse des prix des produits alimentaires, a-t-il ajouté.
Hans Grundberg, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour le Yémen, a déclaré au Conseil de sécurité que le peuple yéménite s'est vu refuser la possibilité de vivre en paix pendant plusieurs années. Pour cette raison, un effort conjoint et concerté de la communauté internationale est nécessaire afin de briser «ce cycle sans fin de violence et jeter les bases d'une paix durable».
Pendant son briefing devant les membres du Conseil concernant les derniers développements de la situation sécuritaire au Yémen, Grundberg a déclaré que les hostilités sont toujours aussi intenses sur plusieurs fronts. Entre autres exemples, il a souligné que les Houthis continuent leur l'offensive contre Marib, qui «a fait beaucoup de dommages aux civils» depuis deux ans.
«La violence continue également de se propager dans la région», a-t-il affirmé. «Le 21 février, les éclats d'un drone interceptés au-dessus de l'aéroport Roi Abdallah de la ville de Jazan ont blessé 16 civils.»
Le fait est qu'il ne peut y avoir de solution militaire durable au conflit, a estimé Grundberg. «Comme toujours, nous voyons des civils payer un prix inacceptable pour des choix sur lesquels ils n'ont aucune influence.»
Selon, l'UNICEF, l’Organisation des Nations unies pour l'enfance, au moins 47 enfants ont été tués ou mutilés au Yémen au cours des deux premiers mois de cette année seulement. Plus de 10 200 enfants ont été confirmés tués ou blessés au cours des sept dernières années. Toutefois, le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé, a indiqué l'organisation.
Grundberg a en outre averti que la crise économique continue de s'intensifier et risque de s'aggraver.  La valeur de la monnaie yéménite a chuté de 20% par rapport au dollar à Aden et dans les gouvernorats environnants. Cela fait craindre une nouvelle baisse brutale du taux de change, une hausse des prix et une aggravation des divisions dans l'économie nationale. Il a appelé à des mesures tangibles de manière à aider à stabiliser la monnaie locale.
Les pénuries de carburant sont particulièrement graves dans les zones contrôlées par les Houthis, a révélé Grundberg. Ces pénuries, combinées à la dépréciation de la monnaie, affecteront encore plus les civils alors que les ménages se préparent au Ramadan. Les Yéménites continuent également de vivre avec de sévères restrictions à la liberté de mouvement, a-t-il ajouté.
«La fermeture de l'aéroport de Sanaa empêche de nombreux Yéménites du nord de voyager à l'étranger», a-t-il expliqué. «La poursuite des combats, la multiplication des postes de contrôle et la fermeture des points d'accès, notamment à Taïz, entravent également la circulation des Yéménites à l'intérieur du pays.»
Grundberg a ainsi confié qu'il s’efforce d’explorer avec les différentes factions yéménites les options de mesures de désescalade immédiates qui pourraient réduire la violence, atténuer la crise du carburant et améliorer la liberté de mouvement.
«À l'approche du Ramadan, j’espère que les parties s'engageront rapidement et de façon constructive dans mes propositions afin d’apporter au peuple yéménite l'espoir et le soulagement dont il a tant besoin», a-t-il ajouté.
«À cet égard, je me réjouis de pouvoir m’entretenir avec les dirigeants d'Ansar Allah (le nom officiel du mouvement Houthi) à Sanaa sur cette question, ainsi que sur la manière dont nous pouvons faire avancer le processus politique.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.