LA POMMERAYRE: Un enfant est en larmes, des mères l'implorent de fermer le ciel ukrainien aux avions russes: Emmanuel Macron a tenté mardi de rassurer des réfugiés ukrainiens accueillis en France « en état de choc » après avoir tout quitté.
« Nous protégerons celles et ceux qui arrivent sur notre sol », a affirmé le chef de l’État en visitant, comme président et non comme candidat à la présidentielle, le centre d'accueil de La Pommeraye (Maine-et-Loire), près d'Angers, géré par l'association France Horizon.
Il a assuré de « la mobilisation de la nation toute entière » face à une partie des 63 Ukrainiens, dont une vingtaine d'enfants, qui y sont arrivés vendredi soir, plusieurs jours après avoir fui les bombardements russes et pris la route de l'exil, via la Pologne et l'Allemagne.
« Nous avons essayé de rester le plus longtemps possible chez nous. On est parti lorsqu'ils ont bombardé des immeubles, sans emporter d'affaires », raconte une femme à Emmanuel Macron, qui lui tient le bras.
En larmes, un petit garçon de six ans lui raconte que son père est resté à Kiev pour « faire la guerre » et qu'il n'a pas de nouvelles de lui.
« Ton père se bat pour que ton pays soit libre et nous on va tout faire pour faire arrêter cette guerre », lui répond Emmanuel Macron avant de le serrer contre lui.
« Marioupol, c'est l'enfer », témoigne Irina, une femme arrivée avec sa fille Maya, quatre ans, en évoquant le siège subi par cette ville de l'est, désormais sans eau, ni électricité, où la nourriture manque.
D'une voix calme mais ferme, cette femme dont le mari est resté en Ukraine interpelle Emmanuel Macron: « toute l'Ukraine vous demande de faire installer une zone d'exclusion aérienne » pour éviter les bombardements des avions russes. « C’est une catastrophe, chaque jour qui passe c’est la mort des enfants ».
« C'est inutile de discuter avec Poutine », lui affirme-t-elle, alors que le chef de l’État est l'un des rares dirigeants à échanger avec le président russe.
« Poutine ne s'arrêtera pas »
A la sortie, Emmanuel Macron dit comprendre cette demande mais justifie son attitude. « Je continue de croire qu'il y a une utilité à ce travail, et donc je le poursuivrai », explique-t-il à la presse. En argumentant que ces échanges peuvent « éviter » que la situation ne s'aggrave « encore davantage » pour les civils. Et qu'ils peuvent aussi aider à « préparer », « dès que l'opportunité sera là », « la reprise d'une sortie négociée » du conflit.
Mais Irina, comme d'autres réfugiés, n'y croit pas. « Poutine ne s'arrêtera pas là », affirme-t-elle.
A l'exception d'un homme âgé qui va rejoindre sa fille habitant à Toulouse, les réfugiés accueillis à La Pommeraye n'ont pas de liens avec la France.
Comme les autres associations engagées avec les services de l’État, France Horizon travaille donc pour que, « rapidement », ils puissent se créer une nouvelle vie, même temporaire, avec un logement, des cours de français, une recherche de formation ou d'emploi, la scolarisation des enfants.
Quelque 15 000 Ukrainiens sont arrivés ces derniers jours dans le pays, selon Joseph Zimet, le préfet qui dirige la cellule de crise d'accueil des réfugiés Ukrainiens.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, présent lui aussi à La Pommeraye, a assuré lundi que la France était en capacité d'en accueillir jusqu'à 100 000, voire davantage.
La France est cependant loin d'être le pays le plus concerné, la plupart étant accueillis dans les pays limitrophes comme la Pologne, la Hongrie ou la Moldavie.
Brigitte Macron, émue aux larmes après une visite d'enfants ukrainiens dans une école d'Epinay-sur-Seine, a affirmé à la presse qu'elle allait s'entretenir avec la première dame polonaise Agata Kornhauser-Duda mardi soir en visio afin d' « accueillir plus d'enfants » en France.
Le cap des trois millions de réfugiés a été franchi mardi, dont environ 1,4 million d'enfants. Soit environ 55 par minute ou « pratiquement un enfant par seconde », s'est alarmé James Elder, un porte-parole du Fond des Nations Unies pour l'enfance (Unicef).
« Ça va aller », tente Emmanuel Macron en cherchant à rassurer un adolescent de 15 ans, qui tue le temps dans la salle commune du centre. « Je l'espère », souffle le garçon, en gardant les yeux baissés.