PARIS: Le gouvernement va étudier des aides ciblées pour les Français affectés par la hausse des prix du carburant et les filières impactées par la crise ukrainienne, dans la cadre du "plan de résilience", a indiqué la ministre du Travail Elisabeth Borne mardi sur LCI.
Le Premier ministre Jean Castex réunit mardi les représentants des filières concernées et les organisations syndicales et patronales pour mettre au point un "plan de résilience" afin de faire face aux conséquences de l'invasion de l'Ukraine et des sanctions internationales contre la Russie.
Face à la nouvelle flambée des prix de l'énergie, "il faut des aides pour les Français qui ont besoin de leur voiture pour se rendre au travail", être "attentif a ceux pour lesquels c'est insupportable de payer l'essence aussi cher", a indiqué Mme Borne.
"L'objectif est que tous ceux qui veulent aller travailler ne soient pas pénalisés par le prix du baril et à la pompe très important", a-t-elle dit.
Ukraine: l'Europe doit «produire plus» pour «éviter une crise alimentaire mondiale»
L'Europe doit produire plus pour "éviter une crise alimentaire mondiale" avec l'arrêt "probable" d'une partie des exportations de céréales russes et ukrainiennes, a estimé mardi le ministre français de l'Agriculture Julien Denormandie.
Les deux pays étant de gros exportateurs de céréales, blé notamment, le ministre a affirmé qu'"en France, nous ne craignons aucune pénurie mais nous aurons des effets prix sur les coûts de production, par exemple l'alimentation animale", sur la chaîne de télévision CNews.
Au-delà de la France, M. Denormandie a dit "craindre que s'ajoute dans les 12 à 18 mois une crise alimentaire mondiale".
"La Russie et l'Ukraine c'est à peu 30% des importations (mondiales, NDLR) de blé. Sur le pourtour méditerranéen, vous avez énormément de pays qui dépendent des exportations de blé russes ou ukrainiennes. Au même moment, vous avez une terrible sécheresse qui sévit sur cette zone-là", a-t-il ajouté.
"Face à cet arrêt probable d'une partie des exportations de blé ukrainien ou russe mais aussi d'autres (céréales) comme le maïs ou le tournesol", il a estimé que l'Europe devait "assumer sa mission nourricière".
"Il faut que l'Europe produise plus, elle bénéficie des terres parmi les plus fertiles au monde, il faut que l'Europe ait une capacité à produire plus pour pouvoir également accompagner d'autres pays qui n'ont rien à voir avec le conflit mais qui se voient impacter dans leur possibilité d'accès à l'alimentation, notamment sur le continent africain et en particulier en Afrique du nord", a-t-il appelé.
Le ministre a indiqué qu'en Egypte, "cela fait plusieurs fois que le gouvernement annule des commandes de blé parce que les prix sont trop importants. On constate qu'au Maroc, avec la sécheresse, près de trois quarts de la production de blé est mise à mal".
Emmanuel Macron a annoncé lundi que les aides gouvernementales sur l'essence seraient "améliorées" autour d'une "approche indemnité kilométrique et indemnité inflation" pour faire rapidement face à la flambée des prix des carburants.
"Il faut être attentif aux filières, les industriels, les agriculteurs, les pêcheurs" qui pourraient pâtir des "ruptures d'approvisionnement" ou d'une "augmentation importante des prix", en raison des sanctions contre la Russie, a ajouté Mme Borne.
Elle a notamment évoqué l'activité partielle, mise en place pendant la crise sanitaire. "Des entreprises qui voient leur production arrêtée car un composant leur manque peuvent mobiliser de l'activité partielle de longue durée, c'est un outil qui peut protéger dans la durée les emplois", a-t-elle dit.
Relevant que pour certains matériaux, comme le titane, la France est très dépendante de la Russie, des efforts vont être faits pour réduire cette dépendance, mais dans l'intervalle il faut "protéger les emplois", a-t-elle fait valoir.
Energie russe: l'UE décidera de façon «unie» en cas d'embargo américain, dit la France
L'Union européenne entend rester "unie" sur la question d'un embargo sur le gaz et le pétrole russes et la France demande aux Etats-Unis d'agir en "coordination" avec ses partenaires, a indiqué mardi le gouvernement français.
La ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, doit rencontrer jeudi à Washington la secrétaire américaine à l'Energie, Jennifer Granholm.
"On leur demande un peu de coordination", a indiqué l'entourage de la ministre à l'AFP.
"On comprend la position américaine" mais "ils ne sont pas du tout dans la même situation énergétique que la nôtre", a souligné cette source.
L'Europe connaît une situation très différente car elle importe 40% de son gaz de Russie, souligne l'entourage de Barbara Pompili.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a ainsi souligné lundi que les importations d'énergie fossile en provenance de Russie étaient "essentielles" et jugé que l'approvisionnement européen ne pouvait être assuré autrement à ce stade.
"On décidera en temps et en heure si on suit les Etats-Unis mais ce sera de toute façon une réponse unie", a souligné l'entourage de la ministre. "L'Europe restera unie, cohérente et coordonnée pour tout type de décision", a-t-on insisté, écartant toute décision unilatérale, notamment de la France, moins dépendante du gaz russe que certains pays européens voisins.
Interrogé sur RTL, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a souhaité "des aides ciblées aux entreprises, et des aides au pouvoir d'achat pour les ménages, particulièrement les plus modestes".
Dans "les secteurs qui sont les plus impactés, l'agriculture, l'automobile, la sidérurgie, la métallurgie, sans doute bien d'autres, là il faudra des aides spécifiques aux entreprises pour qu'elles puissent tenir", a-t-il dit.