Ludovic Pouille: «Les jeunes Saoudiens nourrissent une réelle curiosité pour le français»

L'ambassadeur de France en Arabie saoudite, M. Ludovic Pouille, à la Résidence de France à Riyad. (Capture d'écran)
L'ambassadeur de France en Arabie saoudite, M. Ludovic Pouille, à la Résidence de France à Riyad. (Capture d'écran)
Short Url

Ludovic Pouille: «Les jeunes Saoudiens nourrissent une réelle curiosité pour le français»

  • Le français bénéficie, dans le monde entier, et notamment en Arabie saoudite, d’une image positive, souvent liée à la culture, à l’art de vivre et à la mode
  • Nous dénombrons plus de 150 000 locuteurs du français en Arabie saoudite, avec un dispositif d’enseignement comprenant plus de 500 enseignants, qui entretiennent une relation étroite avec le service culturel de l’Ambassade de France

RIYAD : À l’occasion du Mois de la francophonie, Arab News en français donne à des personnalités francophones l’opportunité de s’exprimer, notamment en Arabie saoudite où la langue de Molière connaît un regain d’intérêt.

Aujourd’hui, l’Ambassadeur de France à Riyad, Ludovic Pouille. 

 

Que pourriez-vous nous dire sur le mois de la francophonie, et comment comptez-vous le célébrer en Arabie ?

Le Festival de la Francophonie s’est construit progressivement autour de la Journée Internationale de la Francophonie, célébrée chaque année le 20 mars, sous l’égide de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Lors de cette journée, des millions de personnes à travers le monde célèbrent la langue française et les cultures francophones à travers différentes activités culturelles, linguistiques et intellectuelles. 

En Arabie saoudite, grâce aux efforts conjugués de plusieurs ambassades francophones, la célébration de la Francophonie ne s’étend pas sur une journée mais sur un mois entier, lors duquel une soixantaine d’évènements sont programmés en partenariat avec ces ambassades, en lien avec une quarantaine de partenaires culturels, éducatifs, associatifs et institutionnels dans le pays. Cette année, pas moins d’une quinzaine d’ambassades se sont associées pour célébrer la langue française et les cultures francophones, parmi lesquelles la Belgique, le Cameroun, le Canada, la Côte d’Ivoire, Djibouti, l’Egypte, la Géorgie, la Grèce, le Liban, le Maroc, le Sénégal, la Suisse et la Tunisie, en coordination avec l’Ambassade de France et l’Alliance française d’Arabie saoudite. Durant tout le mois de mars, de nombreux évènements culturels, artistiques sportifs et gastronomiques  seront proposés aux publics saoudiens et expatriés dans les villes de Riyad, Djeddah, Al Khobar et Al Ula. 

Comment expliquez-vous l’intérêt croissant pour la francophonie en Arabie saoudite ?

Le français bénéficie, dans le monde entier, et notamment en Arabie saoudite, d’une image positive, souvent liée à la culture, à l’art de vivre et à la mode. C’est une langue qui est souvent perçue comme chic et symbole d’élégance. De plus, l’espace Francophone représente aujourd’hui 15% de la richesse mondiale, et rassemble plus de 300 millions de locuteurs issus de 33 pays de tous les continents. Au-delà d’une langue culturelle, le français s’impose donc comme un outil économique de premier plan, ce qui explique son importance croissante sur la scène internationale. 

Enfin, la langue française est la langue officielle de travail dans différentes organisations internationales, telles que les Nations Unies et l’Union Européenne, la plaçant ainsi au cœur du dialogue stratégique international. 

En Arabie saoudite, nous constatons un attrait toujours plus important pour la langue française, notamment à travers la demande croissante d’inscriptions dans les écoles françaises, les écoles privées saoudiennes qui enseignent la langue française, les départements universitaires et les Alliances françaises. 

L’Arabie saoudite n’est pas connue pour être un pays francophone. Quelle est à votre avis la valeur ajoutée de la francophonie dans le Royaume aujourd’hui?

Par le passé, la langue française était enseignée dans les écoles publiques saoudiennes, jusque dans les années 70. Bien que l’Arabie saoudite ne soit pas un pays francophone, c’est un pays très francophile, ouvert sur les cultures plurielles des pays francophones.  

Le dispositif francophone est très riche en Arabie saoudite, d’un point de vue culturel mais aussi éducatif. En effet, nous dénombrons plus de 150 000 locuteurs du français en Arabie saoudite, avec un dispositif d’enseignement comprenant plus de 500 enseignants, qui entretiennent une relation étroite avec le service culturel de l’Ambassade de France. Ces dernières années nous avons aussi remarqué la création de nombreux groupes francophones animés par la société civile, tels que les « cafés en français » de Riyad, Djeddah et Al Khobar, le club des saoudiennes francophones, le cercle des médecins francophones, le Groupe des Ambassadeurs Francophones … autant de regroupements destinés à renforcer le positionnement de la langue française dans un pays très francophile, mais à tradition anglophone. 

De plus, à l’heure où l’Arabie saoudite s’ouvre à l’international, à travers la mise en œuvre de la Vision 2030 et met notamment en œuvre une politique culturelle et touristique d’ampleur, la langue française sera un atout pour toucher les nombreux futurs touristes issus du monde francophone, qui rassemble aujourd’hui plus de 300 millions de personnes. Le français est un atout supplémentaire pour évoluer dans un contexte international forcément multilingue. Surtout, le français est une langue d’avenir puisqu’on estime que ceux qui le parleront seront pas moins de 715 millions en 2050, soit 8% de la population mondiale.

Vous qui venez d’un pays où être francophone est « normal », comment expliquez-vous l’engouement des jeunes saoudiens pour la culture et la langue française ?

Nous avons été témoins ces dernières années de la fierté et de l’engouement de la jeunesse saoudienne pour les initiatives développées par le Royaume dans les secteurs de la culture et du divertissement. Lors de ces évènements majeurs, de nombreux artistes français et/ou francophones sont intervenus, pour le plus grand plaisir du public local (David Guetta, Jean-Michel Jarre, Acid Arab, etc …). L’action culturelle de la communauté francophone s’élargit et se renforce chaque année en Arabie saoudite, notamment dans le cadre d’évènements qui promeuvent les talents saoudiens et l’échange interculturel. Je pense que les jeunes Saoudiens nourrissent une réelle curiosité pour le français, la diversité des cultures francophones et les représentations du monde qu’elles véhiculent.


Bethléem renoue avec l'esprit de Noël à la faveur de la trêve à Gaza

Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • À Bethléem, Noël retrouve une dimension festive après deux ans de guerre, porté par un message de paix, de solidarité et de renouveau, malgré une crise humanitaire persistante à Gaza
  • Du Vatican au Moyen-Orient, les célébrations de Noël sont marquées par des appels forts à la justice, à la trêve et à l’espérance dans un monde traversé par les conflits

BETHLÉEM: Bethléem, ville de Cisjordanie occupée et berceau du christianisme, a célébré mercredi son premier Noël festif depuis le début de la guerre à Gaza, alors qu'à des milliers de kilomètres de là, le pape Léon XIV célébrait au Vatican la première messe de Noël de son pontificat.

Sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome, devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, le pape a délivré dans son homélie un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Le chef de l'Eglise catholique devrait renouveler jeudi, en prononçant sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) ses appels à la paix. Mardi soir, il avait demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

A Bethléem, des centaines de fidèles se sont massés à l'approche de minuit dans la basilique de la Nativité, comble au point qu'ils étaient nombreux à être assis à même le sol.

Les célébrations de Noël de ces deux dernières années y avaient été ternies par la guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

Par solidarité avec les Palestiniens du territoire, les festivités avaient été annulées mais cette année, avec la trêve entrée en vigueur à Gaza en octobre, l'immense sapin de Noël s'est de nouveau illuminé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.

- "Solidarité" et "justice" -

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, arrivé mercredi, y a délivré lors de la messe une homélie pour la paix, l'espoir et le renouveau, face aux décisions politiques et équilibres de pouvoirs qui "semblent souvent déterminer le destin des peuples".

"Noël, cependant, nous invite à regarder au-delà de la logique de la domination, à redécouvrir le pouvoir de l'amour, de la solidarité et de la justice", a dit le cardinal, qui avait célébré une messe à Gaza dimanche.

Le vice-président de l'Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, était présent à la messe de Bethléem.

Dans la journée, des centaines de personnes ont envahi les rues de la ville pour assister au défilé des scouts sur l'emblématique place de la Mangeoire, égrenant les chants traditionnels.

"C'est une journée pleine de joie, parce qu'avant on ne pouvait pas célébrer à cause de la guerre", dit à l'AFP Milagros Anstas, 17 ans, dans son uniforme bleu et jaune.

Des hommes déguisés en Père Noël vendaient des pommes d'amour et des jouets, tandis que des familles se faisaient photographier devant une crèche encadrée par une étoile géante.

"Je suis venue en Terre sainte pour réaliser le rêve de toute une vie : passer Noël ici", a déclaré Ursula Whalen, venue de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.

- Crise humanitaire -

Comme ailleurs au Moyen-Orient, les chrétiens représentent une minorité en Terre sainte, avec une communauté de 185.000 personnes en Israël et 47.000 dans les Territoires palestiniens.

Malgré l'esprit de fête qui règne dans la ville, la municipalité de Bethléem a tenu à tempérer le faste des célébrations. Car en dépit du cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza restent frappés par une grave crise humanitaire.

La grande majorité des plus de 2 millions de Gazaouis ont été déplacés par le conflit et vivent dans des conditions très difficiles. Des centaines de milliers d'entre eux sont encore sous des tentes, impuissants face aux pluies hivernales.

Carmelina Piedimonte, venue d'Italie avec un groupe catholique, a estimé qu'il était essentiel que les pèlerins et les touristes reviennent dans la ville sainte afin d'aider à relancer son économie en difficulté, qui dépend quasi exclusivement du tourisme.

En Syrie, la communauté chrétienne de Damas a fêté Noël sous haute surveillance dans la vieille ville, après un attentat suicide perpétré en juin dans une église de la capitale.

En Australie, les festivités sont particulièrement assombries par l'attentat antisémite survenu le 14 décembre sur la plage de Bondi, à Sydney.

"Noël sera différent cette année", a écrit sur X le Premier ministre Anthony Albanese, évoquant "une profonde tristesse".


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Short Url
  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Short Url
  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.