Ukraine: prise de Kherson par l'armée russe, discussions sur un cessez-le-feu

L'avancée militaire de la Russie intervient à quelques heures seulement de pourparlers autour d'un cessez-le-feu auxquels elle a consenti. (Photo, AFP)
L'avancée militaire de la Russie intervient à quelques heures seulement de pourparlers autour d'un cessez-le-feu auxquels elle a consenti. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 mars 2022

Ukraine: prise de Kherson par l'armée russe, discussions sur un cessez-le-feu

  • Le maire Igor Kolykhaïev a annoncé avoir discuté avec des «invités armés» dans un bâtiment de l'administration de Kherson
  • «Nous n'avions pas d'armes et n'étions pas agressifs. Nous avons montré que nous travaillons à sécuriser la ville et essayons de parer aux conséquences de l'invasion», a-t-il dit

KIEV : Une semaine après le lancement de leur opération en Ukraine, les forces russes se sont emparé de leur première grande ville, Kherson, peu avant une deuxième session de discussions jeudi matin sur un cessez-le-feu entre négociateurs russes et ukrainiens.

Il s'agit d'une grande ville du sud, prise dans un conflit qui, en sept jours, a fait fuir un million de personnes à destination des pays voisins, selon le haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés Filippo Grandi.

Le maire de cette cité de 290 000 habitants, Igor Kolykhaïev, a annoncé avoir discuté avec des "invités armés" dans un bâtiment de l'administration de Kherson, sous-entendant, sans les nommer, des troupes russes.

"Nous n'avions pas d'armes et n'étions pas agressifs. Nous avons montré que nous travaillons à sécuriser la ville et essayons de parer aux conséquences de l'invasion", a-t-il dit dans un message sur Facebook.

«Très dangereux»

Le chef de l'administration régionale, Guennadi Lakhouta, a appelé sur Telegram les habitants à rester chez eux, indiquant que "les occupants (russes) sont dans tous les quartiers de la ville et sont très dangereux". 

Les actes commis par la Russie sur le territoire ukrainien seront désormais d'autant plus scrutés que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, a annoncé mercredi soir "l'ouverture immédiate" d'une enquête pour crimes de guerre.

L'armée russe avait annoncé dans la matinée de mercredi s'être emparé de Kherson, située non loin de la péninsule de Crimée annexée en 2014 par Moscou. Cette ville portuaire et sa périphérie ont subi d'intenses bombardements.

Plus à l'est, à Marioupol, le principal port ukrainien de la mer d'Azov, "ça se dégrade d'heure en heure", a témoigné une de ses habitantes, Maryna, 28 ans, selon laquelle le centre-ville a été pilonné. 

Si elle en prenait le contrôle, l'armée russe pourrait assurer une continuité territoriale entre ses forces en provenance de Crimée et celles arrivées des territoires séparatistes plus au nord-est.

L'avancée militaire de la Russie intervient à quelques heures seulement de pourparlers autour d'un cessez-le-feu auxquels elle a consenti. 

Ces négociations commenceront jeudi matin dans un lieu au Bélarus situé "non loin de la frontière avec la Pologne", a précisé le négociateur russe Vladimir Medinski. 

De premières discussions lundi, également au Bélarus, n'avaient donné aucun résultat tangible, Kiev ayant réclamé l'arrêt immédiat de l'invasion, tandis que Moscou avait semblé attendre une reddition.

Les Etats-Unis vont "soutenir des efforts diplomatiques" de l'Ukraine pour obtenir un cessez-le-feu avec la Russie, même si "c'est beaucoup plus difficile d'y parvenir quand les tirs résonnent et les chars avancent", a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

Le secrétaire d'Etat a aussi alerté sur un "coût humain" d'ores et déjà "ahurissant". "Des centaines sinon des milliers de civils ont été tués et blessés", a déploré M. Blinken lors d'une conférence de presse, et "le nombre de civils tués et blessés, les conséquences humanitaires, ne feront que s'aggraver dans les jours qui viennent".

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui affiché sa volonté de "rester en contact" avec son homologue russe Vladimir Poutine afin de "le convaincre de renoncer aux armes", lançant dans une allocution télévisée un vibrant "nous ne sommes pas en guerre contre la Russie".

«Le pire de la guerre» possiblement à venir

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Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. (AFP).


"Il est possible que le pire soit devant nous" dans la guerre menée par la Russie en Ukraine, s'est inquiété jeudi le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, alors que l'armée russe a encerclé plusieurs villes ukrainiennes qu'elle pilonne.


"On peut craindre une logique de siège", à laquelle "les Russes sont habitués", a mis en garde le chef de la diplomatie française à la télévision publique France 2. "Rappelez-vous Alep, Grozny", a-t-il lancé, en référence à ces deux villes en Syrie et en Tchétchénie anéanties par les bombes russes ces dernières décennies.


"La guerre fait des centaines de morts, aussi du côté russe", a commenté M. Le Drian, alors que son homologue américaine Antony Blinken qualifiait déjà mercredi d'"ahurissant" le bilan humain de l'invasion russe, dans laquelle les cibles détruites "ne sont pas des cibles militaires".


Le président russe Vladimir Poutine veut "la négation de l’Ukraine et la négation à ses portes d’un pays démocratique", a affirmé le ministre des Affaires étrangères français. 


"C’est ça la logique. L’histoire du Donbass et des deux républiques de Donetsk et de Lougansk dont on parlait il y a encore quelques jours, c’était un alibi, c’était un prétexte, a-t-il expliqué. La volonté de Poutine, c’est d’éviter qu’il y ait à ses portes des modèles démocratiques qui peuvent éventuellement influer sur l’évolution de la Russie."


Le chef de la diplomatie française a encore appelé à un cessez-le-feu russe, préalable à toute négociation, alors qu'un deuxième round de discussions entre Russie et Ukraine doit se tenir jeudi au Bélarus, à la frontière de ce pays avec la Pologne.


"Ils appellent ça des pourparlers. Ce ne sont pas des négociations. On ne négocie pas avec un pistolet sur la tempe. Donc il faut impérativement imposer un cessez-le-feu", a-t-il insisté.

1 million de réfugiés

Dans le même temps, l'Assemblée générale des Nations unies votait une résolution qui "exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine", seuls cinq pays s'y opposant et 35 s'abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte cette organisation.

Sur le terrain, des unités aéroportées russes ont débarqué mercredi à Kharkiv, la deuxième ville du pays, située dans l'est à 50 km de la frontière avec la Russie, a affirmé l'armée ukrainienne.

Après plusieurs bombardements dans le centre-ville la veille, qui ont fait au moins 21 morts selon le gouverneur régional, des bâtiments abritant des forces de sécurité et l'université ont été touchés. Au moins quatre personnes ont été tuées et neuf blessées.

Et l'OSCE a annoncé mercredi soir la mort la veille d'une membre ukrainienne de sa mission locale lors du "bombardement" de Kharkiv.

Des bombardements dans le centre de cette ville ont par ailleurs endommagé une église orthodoxe sans faire de victimes, rapportent les autorités écclésiastiques, citées par l'agence Interfax-Ukraine.

D'autres pilonnages russes à Izioum, près de Kharkiv, ont fait huit morts dont deux enfants, selon les autorités locales.

A Kiev, quelques fortes explosions ont été entendues pendant la nuit de mercredi à jeudi selon des messages sur les réseaux sociaux.

Dans la station Dorohozhychi, à l'intérieur du métro de Kiev transformé en abri antiaérien, l'AFP a vu des dizaines de familles. Beaucoup ont passé les six dernières nuits par terre, allongées sur des draps et des serviettes.  

Les frappes sur Kiev et Kharkiv ont suscité une vive émotion dans le monde, où manifestations contre la guerre, gestes de solidarité avec l'Ukraine et sanctions tous azimuts se sont multipliés ces derniers jours.

Parmi les mesures économiques, l'UE a confirmé que sept banques russes seraient, à compter du 12 mars, exclues du système de messagerie Swift, un rouage-clé de la finance internationale, tandis que la Banque mondiale a coupé tous ses programmes d'aide en Russie et au Bélarus. 

Conséquence de l'isolement économique croissant de la Russie, les prix des hydrocarbures et de l'aluminium, dont la Russie est une grosse exportatrice, flambaient, avec des cours du pétrole au plus haut depuis près d'une décennie. 

Le rouble a perdu en quelques jours plus d'un tiers de sa valeur en devises étrangères. Emplois, salaires et prêts bancaires sont potentiellement menacés.

La Russie est aussi de plus en plus isolée dans les domaines sportifs et culturels. Le géant de la musique en streaming Spotify a annoncé mercredi soir la fermeture de ses bureaux en Russie et le retrait des contenus sponsorisés par l'Etat russe de son site.

L’Allemagne va livrer 2 700 missiles antiaériens supplémentaires à l'Ukraine

L'Allemagne a décidé d'accroître ses livraisons d'armes à l'Ukraine en guerre en lui dépêchant 2 700 missiles antiaériens supplémentaires, a indiqué jeudi à l'AFP une source gouvernementale.

Le gouvernement "a approuvé un soutien supplémentaire à l'Ukraine", a souligné cette source, en parlant de missiles de type STRELA, de fabrication soviétique et qui proviennent des stocks de l'armée de l'ancienne Allemagne de l'Est communiste, intégrés dans l'armée nationale suite à la réunification allemande en 1990.

La radio russe Ekho Moskvy se saborde après avoir été interdite d'antenne

La radio indépendante russe Ekho Moskvy (Echo de Moscou), figure historique du paysage médiatique russe, a annoncé jeudi son auto-dissolution, après son interdiction d'antenne par les autorités du fait de sa couverture de l'invasion de l'Ukraine.

"La majorité du conseil d'administration d'Ekho Moskvy a pris la décision de dissoudre la radio et le site internet d'Ekho Moskvy", a écrit sur son compte Telegram son rédacteur en chef, Alexeï Venediktov.

Les autorités avaient bloqué mardi l'accès à Ekho Moskvy et à la chaîne de télévision indépendante en ligne Dojd, leur reprochant leur façon de couvrir l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Les médias russes ont reçu l'interdiction d'utiliser des informations autres que celles fournies par les autorités, qui présentent l'invasion de l'Ukraine comme une simple "opération spéciale".

Parallèlement, le pouvoir prépare un durcissement de son arsenal répressif. Un projet de loi, qui prévoit jusqu'à 15 ans de prison pour toute publication de "fake news" concernant l'armée russe, sera examiné vendredi à la Douma.

Ekho Moskvy, majoritairement détenue par le géant gazier Gazprom, est née en 1990 lors des dernières convulsions de l'Union soviétique, s'imposant comme l'un des médias les plus respectés du pays.

Elle était jusqu'à cette semaine l'un des rares endroits où des opposants pouvaient s'exprimer.

Son rédacteur-en-chef, M. Venediktov, cultivait aussi des relations avec le Kremlin.

Twitter bloque à son tour les médias russes RT et Sputnik en Europe

PARIS: Le réseau social Twitter a à son tour bloqué les comptes des médias russes RT et Sputnik dans l'Union européenne, conséquence d'une interdiction décidée par les Etats membres et entrée en vigueur mercredi.

Ces deux médias sont accusés d'être des instruments de "désinformation" de Moscou dans sa guerre contre l'Ukraine, selon la décision des Etats membres de l'UE.

Il est désormais impossible de consulter les différents comptes Twitter de RT et Sputnik. Quand on essaie, la mention "Compte à accès restreint" s'affiche.

Elle est suivie du message: ce compte "a été suspendu au Portugal, en Finlande, en Suède, en Irlande, en Slovénie, en République tchèque, en Pologne, en Slovaquie, en Hongrie, en Italie, à Malte, en Allemagne, en Grèce, en Roumanie, aux Pays-Bas, en Bulgarie, en Autriche, au Luxembourg, en Lettonie, au Danemark, en Lituanie, en Croatie, en Estonie, à Chypre, en France, en Espagne, en Belgique, en réponse à une exigence légale".

Selon la décision parue mercredi au Journal officiel de l'UE, les contenus de Sputnik et des chaînes de RT (ex-Russia Today) en anglais, allemand, français et espagnol ne peuvent plus être diffusés sur les réseaux de télévision et sur internet.

Avant même son entrée en vigueur officielle, des géants d'internet avaient pris les devants: Facebook et Instagram (groupe Meta) avaient annoncé lundi qu'ils bloquaient dans les pays de l'UE les contenus publiés par RT et Sputnik, suivis mardi par YouTube.

Par ailleurs, Twitter a ajouté la mention "Média affilié à un Etat, Russie" sur le compte Twitter personnel des journalistes de RT.

En France, pays qui a la spécificité d'être le seul Etat membre de l'UE à héberger une filiale de RT sur son sol, cette mention a également été apposée sur les comptes d'anciens journalistes de RT France.

Cette mention revient "à marquer au fer rouge les comptes personnels de certains collègues journalistes", s'est inquiétée dans un communiqué la section du SNJ (Syndicat national des journalistes) à RT France. 

Elle a dénoncé une "chasse aux sorcières" et a fait état de "menaces physiques reçues par plusieurs membres de la rédaction".


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.