Après l'explosion dans une ville syrienne, la montée des attaques est troublante selon les États-Unis

Un soldat américain se tient à côté d'un véhicule blindé de combat lors d'une patrouille près des champs pétrolifères de Rumaylan dans la province syrienne de Hassaké, contrôlée par les Kurdes, au nord-est du pays, le 5 octobre 2020. (AFP)
Un soldat américain se tient à côté d'un véhicule blindé de combat lors d'une patrouille près des champs pétrolifères de Rumaylan dans la province syrienne de Hassaké, contrôlée par les Kurdes, au nord-est du pays, le 5 octobre 2020. (AFP)
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Publié le Jeudi 08 octobre 2020

Après l'explosion dans une ville syrienne, la montée des attaques est troublante selon les États-Unis

  • Au moins 10 fidèles du gouvernement et 13 hommes de Daech ont été tués au cours de ces dernières vingt-quatre heures
  • Pendant ce temps, le cimetière de Najha a du mal à faire face à une flambée des victimes du dernier conflit du pays – la bataille largement méconnue contre la Covid-19

WASHINGTON, BEYROUTH: Les États-Unis ont déclaré mercredi qu'ils étaient troublés par une récente augmentation des attaques en Syrie, un jour après qu'une explosion dans la ville d'Al-Bab au nord-ouest du pays a fait au moins 11 morts.

«Les États-Unis condamnent fermement l'attaque terroriste qui a eu lieu hier près d'un rond-point bondé à Al-Bab», a déclaré la porte-parole du département d'État américain Morgan Ortagus dans un communiqué, ajoutant que d'autres rapports indiquent que plus de 20 personnes ont été tuées. «Nous sommes profondément troublés par l'augmentation des attaques terroristes ces derniers mois.»

Les affrontements dans le désert syrien entre les forces progouvernementales et les résistants de Daech ont tué au moins 90 combattants ce mois-ci, a déclaré mercredi un observateur de guerre.

Des avions russes ont mené des frappes en soutien à leur allié, le régime syrien, a déclaré de son côté l'Observatoire syrien des droits de l'homme. 

Les affrontements ont éclaté dans deux zones distinctes du vaste désert qui sépare la vallée de l'Oronte à l'ouest de la vallée de l'Euphrate à l'est.

Selon un observateur de guerre basé en Grande-Bretagne, le gouvernement déplore 41 morts et les rebelles, de leur côté, en dénombrent 49. 

Au moins 10 fidèles du gouvernement et 13 hommes de Daech ont été tués au cours de ces dernières vingt-quatre heures, a déclaré le chef de l'Observatoire Rami Abdel Rahman. Daech «essaie de prouver qu'il est toujours fort», ajoute-t-il.

Les unités mobiles de Daech demeurent actives dans le désert syrien, connu en arabe sous le nom de «Badia», depuis que les militants ont perdu la dernière trace de leur califat autoproclamé en mars de l'année dernière.

Les affrontements de septembre ont tué 13 combattants prorégime et 15 rebelles, tandis que, au début du mois de juillet, 20 combattants prorégime et 31 rebelles ont été tués en deux jours.

En août, Daech a revendiqué une attaque, vraisemblablement organisée depuis le désert, qui a tué un général russe près de la ville de Deir Ezzor dans la vallée de l'Euphrate.

Décès dus au coronavirus

Pendant ce temps, le cimetière tentaculaire de Najha à l'extérieur de Damas, lieu de repos de milliers de morts des guerres en Syrie, a du mal à faire face à une flambée des victimes du dernier conflit du pays – la bataille contre la Covid-19.

Selon les données officielles, le bilan national des décès dus à la pandémie est de 209, mais tout au long de l'été, des avis d'inhumation ont été affichés sur les murs de la ville et sur les réseaux sociaux presque quotidiennement alors que des groupes professionnels pleuraient les médecins, universitaires, avocats et politiciens décédés.

Le cimetière de Najha, le site désigné pour les victimes de la Covid-19 dans la capitale syrienne, gère habituellement environ 40 enterrements par jour. Ce nombre a plus que triplé pendant le mois de juillet, et il y a eu un pic en août. Les chiffres demeurent bien au-dessus de la moyenne, a déclaré Abdel Rahim Badir, qui délivre des certificats d'inhumation à Najha.

Bien qu’il n’y ait pas de chiffres indépendants sur le nombre de nouveaux cas de coronavirus et de décès en Syrie, le décompte de M. Badir correspond aux rapports de certaines ONG et travailleurs humanitaires selon lesquels les données officielles reflètent une petite fraction du bilan réel.

Les hauts responsables gouvernementaux de la santé contactés par Reuters ont refusé de commenter ces écarts. Le ministère de l'Information syrien n'a pas répondu à une demande de commentaire envoyée par courrier électronique.

Abdel Rahim Badir déclare qu'en trente ans de travail il n’a jamais vu une telle augmentation du nombre d’enterrements. Certaines cérémonies ont eu lieu la nuit pour éviter que les corps ne s'entassent. «Nous creusons déjà une fosse commune qui pourrait enterrer des milliers de personnes», ajoute-t-il.

La guerre qui dure depuis neuf ans, le manque d’équipements pour détecter le virus et les millions de personnes rendues vulnérables par l’appauvrissement et les déplacements rendent le système de santé de la Syrie vulnérable face à la pandémie.

Pourtant, le pays n'a signalé qu'une fraction des cas enregistrés par ses voisins, certains d'entre eux souffrant d'un pic d'infections.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui n’a pas contesté les statistiques gouvernementales au cours des premiers mois de la pandémie, a déclaré récemment que les capacités limitées de dépistage de la Syrie cachaient l’ampleur de la crise – en particulier autour de la capitale.

«De nombreux cas ne sont toujours pas signalés et le nombre réel de cas de Covid-19 est beaucoup plus élevé… Damas et Damas-Campagne sont les plus durement touchées», explique à Reuters le représentant de l'OMS en Syrie, Akjemal Magtymova, citant des données de surveillance, une analyse épidémiologique et des rapports du ministère de la Santé.»

Selon un coordinateur principal d'une grande ONG occidentale, sous couvert d'anonymat, il y a eu «un pic majeur et sans précédent en juillet et pendant la majeure partie du mois d'août» pour atteindre une moyenne de 120 décès par jour. Ce nombre est passé à environ 60 décès par jour le mois dernier.

En août, les membres de l'Association médicale syrienne ont pris la décision inhabituelle de dévoiler la liste de leurs collègues décédés de la Covid-19. «Il s'agit d'une liste de 61 des meilleurs médecins syriens, que le pays a perdus ces derniers jours», ont-ils écrit dans un message publié sur Facebook le 16 août. Depuis, il y a eu au moins 87 autres décès confirmés de travailleurs médicaux, poursuit une source de l'association.

D'autres professions ont également souffert. Le 9 août, le chef de l'Union des avocats syriens, Al Firas Faris, a mis en garde ses collègues dans une lettre au sujet d'une «grande propagation de la pandémie dans les tribunaux d'État et de la mort d'un grand nombre d'avocats».

En pleine crise, les pénuries médicales dans les hôpitaux de Damas ont fait de certaines maisons de la classe moyenne des centres de traitement, des entreprises privées fournissant de l'oxygène. Dans l’urgence, des responsables de la santé sont apparus dans les médias d'État pour encourager cette tendance.

Depuis, le soutien des Nations unies et des ONG a aidé les autorités à s'approvisionner en équipements, allégeant ainsi la pression qui a incité certains hôpitaux à demander aux patients de se procurer leurs propres lits et leurs bidons d'oxygène pour obtenir un espace, expliquent deux sources médicales et un employé d'une ONG.

Mais les marchés publics encombrés et les rues des quartiers les plus pauvres offrent au virus la possibilité de réapparaître.

«Les conditions sont réunies pour qu'il se propage rapidement, et c'est ce qui se passe. Damas et Damas-Campagne sont les zones les plus sensibles», déclare Matt Hemsley, conseiller politique d'Oxfam basé à Damas.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 

 


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.
 


L'Arabie saoudite et la France renforcent leur partenariat stratégique dans le domaine de la santé

Le ministre saoudien de la santé, Fahd ben Abdulrahman Al-Jalajel, a rencontré vendredi à Paris des responsables français de la santé afin de réaffirmer et d'approfondir la coopération entre les deux pays dans le domaine de la santé. (SPA)
Le ministre saoudien de la santé, Fahd ben Abdulrahman Al-Jalajel, a rencontré vendredi à Paris des responsables français de la santé afin de réaffirmer et d'approfondir la coopération entre les deux pays dans le domaine de la santé. (SPA)
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  • Fahd ben Abdulrahmane Al-Jalajel en visite en France

PARIS : Le ministre saoudien de la Santé, Fahd ben Abdulrahmane Al-Jalajel, a rencontré vendredi à Paris des responsables français dans le domaine de la santé pour réaffirmer et approfondir la coopération entre les deux pays dans ce secteur, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Les entretiens entre M. Al-Jalajel, Catherine Vautrin et Yannick Nodder ont porté sur la construction d'un partenariat stratégique mettant l'accent sur la politique de santé publique, le développement des systèmes de santé, la prévention des maladies et la réponse aux situations d'urgence, selon l’agence.

Les deux parties ont fait l'éloge des réformes ambitieuses du secteur de la santé de l'Arabie saoudite dans le cadre de Vision 2030, notamment en matière de santé numérique, de biotechnologie et d'innovation.

Les ministres se sont félicités de la quasi-finalisation d'un accord majeur visant à formaliser la collaboration en matière de soins de santé et ont assisté à la signature de plusieurs protocoles d'accord entre l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris et l'Autorité saoudienne du Croissant-Rouge.

Ces accords visent à stimuler la recherche scientifique, l'innovation et les services d'urgence préhospitaliers.

Ils se sont également engagés à renforcer la coopération sur les questions de santé mondiale, notamment la résistance aux antimicrobiens, et ont souligné l'importance de collaborer avec des institutions internationales telles que l'Académie de l'Organisation mondiale de la santé et le Centre international de recherche sur le cancer.

Au cours de sa visite, M. Al-Jalajel a également rencontré des responsables français de haut niveau, notamment Clara Chappaz, ministre de l'Intelligence artificielle et du Numérique, et Laurent Saint-Martin, ministre du Commerce extérieur et de la diaspora française.

Il a également assisté au forum du Conseil d'affaires franco-saoudien, au cours duquel des accords stratégiques ont été signés dans les domaines de la santé numérique, de l'oncologie, de la médecine d'urgence et de la biotechnologie, à l'appui des objectifs de la Vision 2030.

Les deux pays se sont engagés à maintenir un dialogue régulier et à activer des canaux d'action conjoints pour assurer la mise en œuvre efficace de leur partenariat en matière de santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tunisie: entre 13 et 66 ans de prison pour des opposants jugés pour "complot"

Dalila Ben Mbarek (C), avocate et membre du comité de défense des détenus accusés de « complot contre la sécurité de l'État », brandit le signe de la victoire devant le palais de justice de Tunis. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Dalila Ben Mbarek (C), avocate et membre du comité de défense des détenus accusés de « complot contre la sécurité de l'État », brandit le signe de la victoire devant le palais de justice de Tunis. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Vendredi soir, lors de la troisième et dernière audience, plusieurs avocats de la défense ont dénoncé une « mascarade » quand le juge a mis sa décision en délibéré sans réquisitoire ni plaidoiries. 
  • Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs, défenseurs des droits et opposants dénoncent une régression des libertés en Tunisie, pays qui avait lancé le Printemps arabe en 2011.

TUNIS, TINISIE : Le tribunal de première instance de Tunis a prononcé des peines de prison allant de 13 à 66 ans à l'issue d'un procès pour « complot » contre le président Kais Saied. Les prévenus ont été jugés coupables de « complot contre la sûreté de l'État » et d' « adhésion à un groupe terroriste ».

Parmi les condamnés, des personnalités de l'opposition, des avocats et des hommes d'affaires. Certains étaient déjà emprisonnés, d'autres en liberté ou en exil.

Vendredi soir, lors de la troisième et dernière audience, plusieurs avocats de la défense ont dénoncé une « mascarade » quand le juge a mis sa décision en délibéré sans réquisitoire ni plaidoiries. 

Contrairement aux deux précédentes, l'audience, à laquelle les journalistes internationaux et les diplomates étrangers n'étaient pas conviés, a été particulièrement houleuse et surveillée par la police. Plusieurs accusés étaient accusés de contacts suspects avec certaines ambassades.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs, défenseurs des droits et opposants dénoncent une régression des libertés en Tunisie, pays qui avait lancé le Printemps arabe en 2011.

À partir du printemps 2023, des dizaines de responsables politiques, avocats, militants des droits, notamment des migrants, et chroniqueurs connus ont été arrêtés en vertu d'un décret réprimant la diffusion de fausses nouvelles, contesté comme prêtant à une interprétation trop large.

Le procès dit « du complot » a commencé le 4 mars. Les accusés sont en détention et doivent s'exprimer en visioconférence. Leurs avocats ont exigé leur présence au tribunal, sans succès. Au moins six d'entre eux ont observé une grève de la faim pour faire valoir ce « droit élémentaire ».

La défense a critiqué le dossier, tandis que l'ONG Human Rights Watch a affirmé que le procès se tenait dans « un contexte répressif ».

En février, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme avait dénoncé la « persécution des opposants » en Tunisie.

Le gouvernement a répondu en exprimant sa « profonde stupéfaction ».