ZURICH: La maison de joaillerie Cartier, propriété du groupe suisse Richemont, a déposé une plainte aux Etats-Unis contre Tiffany & Co, qui appartient au français LVMH, pour "concurrence déloyale", indique-t-elle mardi.
Des hauts dirigeants de la marque américaine auraient tenté d'obtenir de manière "inappropriée" des informations sur les activités de Cartier aux Etats-Unis par le biais d'une ancienne employée, motivant sa plainte, indique la maison de joaillerie dans un courriel à l'AFP.
L'ancienne employée, qui avait quitté Cartier pour rejoindre Tiffany, est également nommée dans cette plainte déposée auprès d'une Cour à New York.
"Cartier respecte pleinement le droit de ses concurrents de poursuivre leurs objectifs commerciaux", a indiqué la marque à la panthère.
"Dans ce cas, toutefois, les ambitions commerciales de Tiffany ont franchi la ligne entre la marche ordinaire des affaires et la concurrence déloyale", a-t-elle affirmé.
La maison de joaillerie, connue pour ses motifs en forme de panthère et ses diadèmes qui coiffent les têtes couronnées, est la plus importante marque du groupe Richemont dans la joaillerie en termes de chiffre d'affaires.
"Tiffany dément formellement ces allégations sans fondement et compte se défendre vigoureusement", a de son côté répondu la marque américaine rachetée l'an passé par le géant français du luxe LVMH.
Déjà propriétaire de la maison parisienne Chaumet et du joailler italien Bulgari, le numéro un mondial du luxe avait déboursé 15,8 milliards de dollars (14,2 milliards d'euros aux taux actuels) pour racheter Tiffany & Co afin de renforcer ses activités dans la joaillerie avec cette célèbre marque américaine, immortalisée dans le film "Breakfast at Tiffany's" avec Audrey Hepburn.
Secrets de fabrication
Selon la plainte, des cadres de la marque américaine ont tenté d'obtenir "des informations confidentielles et secrets de fabrication" par le biais d'une jeune employée.
Confontrée à une vague de départs, la marque américaine aurait recouru "à l'argent facile" et promesses d'avancement pour attirer cette jeune employée tout "en sachant qu'elle n'avait pas l'expérience et les connaissances pour occuper un poste de manager en haute joaillerie", selon la plainte. Elle s'était notamment vu offrir une hausse de salaire de 30% par rapport à ce qu'elle percevait chez Cartier.
D'après la plainte, elle aurait téléchargé des documents avant son départ avec l'idée se préparer à son futur poste.
Cartier avait par la suite contacté à trois reprises la marque américaine qui l'avait finalement licenciée, cinq semaines et demi après son recrutement, sans toutefois prendre de mesures à l'encontre ses cadres qui avaient fait pression sur elle, selon la plainte.
La haute joaillerie englobe des pièces exceptionnelles dont les prix peuvent grimper de 50 000 à 10 millions de dollars et est gérée séparement des autres activités de bijouterie de Cartier.
Le groupe Richemont, également propriétaire de la marque française Van Cleef & Arpels et du joailler italien Buccellati, réalise plus de la moitié de son chiffre d'affaires dans la joaillerie.
Lors de l'exercice 2020/2021 (clos fin mars), le chiffre d'affaires du groupe, à la tête également de la marque de mode Chloé et de montres de luxe telles que Piaget et IWC, s'était élevé à 13,4 milliards d'euros.
La joaillerie avait à elle seule généré 7,5 milliards d'euros de ventes, ce segment ayant mieux résisté au choc de la pandémie, avait précisé le groupe qui publie ses comptes sur une base décalée.